rofitant de ce nouveau privilège, les Ossalois réduisirent en vacant des terres qui venaient d’être ensemencée par les habitants de Sauvagnon. Plainte de la part de ces habitants : mais par acte du 14 juin 1468, y renoncent et reconnaissent que le terrain qu’ils ont cultivé, appartenait aux Ossalois comme dépendant du
Pont-Long ; ils s'engagent à le laisser libre et vacant après quatre années, sans pouvoir en aucun temps le reprendre et le posséder.
En 1474, la, princesse de Vianne, confirma et ratifia, en tant que de besoin, les lettres patentes de 1319, 1463 et 1465.
Il paraît que les Ossalois demandèrent cette ratification, pour mettre fin à des procès que leur avait suscités le procureur-général au sujet de leurs privilèges et franchises.
Rendant un, hommage éclatant à leurs droits, cette princesse leur écrit le 5 mai 1479, pour les prier de laisser faire quelque bâtisses à Jean Anthier, général de ses finances.
Transcrivons sa lettre : LA PRINCESSE DE VIANNE. LA PRINCESSE DE VIANNE.
Gentilshommes, jurats, gardes et autres gens, Jean Anthier, général de nos finances nous a représenté qu’il désire de faire construire et bâtir une grange et maison auprès du lieu de Sendets, ou autre part, le long de Lousse dans le territoire du
Pont-Long, mais avant, ainsi qu’il dit, il aurait besoin de votre congé et permission, pour ce, et comme vous savez que ladite bâtisse sera plus à votre grand profit, honneur et utilité et de la chose publique, que s’il demeurait dans l’état qu'il est d’à présent, bien affectueusement, vous prions pour l'honneur que vous nous portez, veuillez donner permission au-dit Jean Anthier de bâtir ladite maisson et grange, pour lui et ses successeurs, tant pour y renfermer ses bestiaux, que pour s'y retirer en temps de nécessité, mortalité ou autrement. Nous avons chargé Jean Poeymedou, porteur de la présente de savoir votre bonne réponse, et icelle nous rapporter, de quoi vous nous fairez plus grand plaisir, et service que nous ne pourrions vous écrire,
Dieu soit avec vous. Données à Pau le cinquième jour de mai.
Magdelaine P. de Tasla.
Gentius homes, jurats, gardes et autres gents, Johan Anthier
général de nostes finances, nos a remostrat cum eg désire far construir et bastir une borde et hostau auprès deu loc de
Sendets ô en autre part au loc de Lausse, en to tenador deu Pont-Loncq, mas que segont dits aure besonh prumeramenter vostre conget et licenci, per so et cum savets lodit bastiment sera trop plus au profieyt, honor et utilitat vostre et
de la cause publique, que si demore en la faysoo qui de présent es : vos pregam ben afectuosament que per honor de nos audit Johan Anthier vulhat donar conget de bâtir lodit haustau et borde per luy et soos successors tant abde retréges sos bestiars ceux auxiben pes si retirar en temps de nécessitat de mortathe ô autrement et nos aveu donat carque à Johanot de Poeymedou, portador de la présent de saver vostre boune resposte, et aquere nos raporta : d'eque nos farats plus grand placer et servies que nobos poyrm escriver, Diu sie ambos dader à Pau lo cinq jour de may.
Magdelaine P. de Tasta.
Cette PRINCESSE DE VIANNE leur écrivit encore le 25 octobre 1479 la lettre suivante : Jurats et bonnes gens. Maître Thomas Girone, notre bien aimé médecin, nous a dit et représenté qu'il a en gazaille le nombre de sept têtes de jumens entre les mains de quelques particuliers du lieu de Bilhère. Nous vous prions par l'honneur que vous nous portez de vouloir consentir et permettre que tant lesdites jumens, que les productions qui sortiront d’icelles puissent librement et franchement pacager, gîter et séjourner dans le Pont-Long pendant le temps et espace de dix armées, de quoi vous nous fairez un très-agréable plaisir, et chose de laquelle nous vous sentirons bon gré, Dieu soit avec vous. Données à Pau, le cinq octobre, Vous nous fairez réponse de votre bon vouloir en cette partie par le présent porteur.
Magdelaine de Tasta.
Jurats et bones gents, maeste Thomas de Girone nostre ben amatmedecy, nos adit et remostrat cum eg a entro au nombre de sept caps de egoas enter les màas de auguns sons gasathans en le loc de Bilhere, si vos pregarn que per honor de nos bullats consentir et autreyar qu'étant lasdites egoas, cum los crexs qui daqueres sailhira pusquen peyxe jaser et soyornar en lo Pont-Loncq per lo teps et espais de déts ants franquements et quitis, et nos en farats plaser très-agradable, et cause de laquoau bos sentira bon grat. Diu sie ambos.
Dades à Pau lo cinq d’octobre. Et abaquest portador que nos fasats respose de vostre bon voler en aqueste part. Magdelaine de Testa.
Inutile de dire que la princesse dut être satisfaite de la bonne réponse et du bon vouloir des Ossalois.
De nouveaux troubles, de nouvelles usurpations les forcent en 1480 de descendre de leurs montagnes, au nombre de 1500. Il vont abattre un grand nombre de fossés élevés par ces habitants de Lescar : un procès leur est intenté par ces derniers. Des arbitres sont charges de le juger.
Ils donnent gain de cause aux Ossalois.
Mais, interprétant les lettres de 1465, les arbitres décident, qu’à l'avenir, les Ossalois ne pourraient détruire, de leur autorité privée, que les fossés, ou bâtiments construits depuis moins de dix ans ; qu'ils seraient obligés d'obtenir la permission du juge pour démolir ceux qui auraient une existence plus ancienne.
Ils décident, en outre, que la vallée paiera 500 fr, à titre d'amende, à la princesse de Vianne, afin qu'elle daigne approuver
la sentence arbitrale.
Cette princesse et le prince Phœbus son fils, déclarèrent devant la cour majour, le IO octobre 1782, que cette somme leur avait
été payée.
Le procureur général poursuivit néanmoins les Ossalois, afin de les faire condamner à une amende de 3ooo fr.
Un nouvel arbitrage devient nécessaire. Le procureur général est condamné, « vu qu'il résulte des contrats et documents produits par les Ossalois, que le Pont-Long leur appartient en toute propriété, et qu ils sont en droit de le défendre, conformément aux lettres du seigneur souverain du 15 décembre 1463.
Hé ! sans doute, que le Pont-Long leur appartient propriété. Combien d’actes viennent encore proclamer cette vérité !
Les pièces du procès Voyez notamment les actes du 20 juin 1310, 28 mai 1409, 9 et 12 juillet 1451, 28 mars et 9 avril 1457, 20 avril 1479, et autres.
attestent qu'en 1310, ils permirent aux communes de Serres et de Montardon, de faire pacager leurs bestiaux dans certains cantons de la lande, sans pouvoir les conduire ailleurs sous peine de carnal. « Les Ossalois n'entendant, est-il dit dans l'acte, se départir en rien du droit attaché à leur antique possession. »
Qu'ils concédèrent des droits d'usage aux vingt-huit communautés qui entourent le Pont-Long, et qui ne les exercent même aujourd’hui que du consentement de la vallée ; Presque toutes ces communes ont abusé de la générosité de la vallée. Oubliant ce qu’elles lui devaient, elles ont clos, défriché, labouré un terrain qui, aux termes des actes de concession, devait rester toujours en nature de vacant. Heureusement elles n’ont qu’abusé !
Que plus tard ils accordèrent, pour un temps plus ou moins considérable, des droits de coupe de soutrage, de pacage, de parcourt à des habitants de Laroin, St.Faust et Lescar, au seigneur de Lons, au commandeur de l’hôpital d’Aubertin ;
Qu'ils donnèrent a Jacques de Foix, évêque de Lescar et chancelier du roi, la faculté de labourer et défricher certains champs,
à condition qu'après sa mort ils reviendraient à la vallée, libres et exempts de toute charge ;
Qu'ils transigèrent le 8 février 1424 avec le seigneur de Denguin, qui se disait seigneur territorial de toute la partie du Pont-Long, située entre Pouey, Siros, Denguin, Beyrie, Bougarber ; et qu'après l'avoir obligé à se désister de toutes ses prétentions, ils lui abandonnèrent, à titre d’affièvement, des terres dont il se disait propriétaire, à condition encore qu'elles seraient ouvertes, à fruit cueilli, pour les bestiaux de lu vallée ;
Qu’en 1487 ils transigèrent avec les habitants de Lescar, et qu'après les avoir forcés de détruire une quantité considérable de
fossés, ils consentirent, en leur faveur, à ne plus faire cabaner les bestiaux étrangers en deçà de Laygue-Longue, à condition aussi que ces bestiaux pacageraient pendant le jour où bon leur semblerait.
Il est un fait relatif à cette dernière transaction qu’on ne doit point omettre.
Afin de porter plus facilement les Ossalois à transiger, l'évêque de Lescar, Concerants chancelier de la reine, Pierre Michel son conseiller, leur promirent la remise d'une forte amende prononcée
contre eux à l’occasion de divers attroupements qu’ils avaient formés malgré l’ordre de la reine.
Aussitôt après la transaction, Catherine fait expédier des lettres patentes où il est dit : « que la transaction étant parvenue à la connaissance de S. M., et S. M. ayant été informée que son chancelier et ses conseillers avaient offert aux gens d’Ossau, pour mieux les porter à venir à accommodement, la remise de certaines peines au cas où ledit accord serait terminé, S. M. voulait et entendait que toutes les peines pécuniaires qu’ils avaient pu encourir, à raison de certains attroupements faits malgré ses ordres, ne leur fussent jamais réclamées, et que ses procureurs généraux n'exerçassent, en aucun cas, aucune poursuite contre eux.
Si les Ossalois n’avaient pas été propriétaires, est-il besoin de dire que ce n’est point par de telles promesses que les conseillers de la reine auraient taché de les amener à accommodement ? Catherine même eut-elle approuvé la conduite de ses conseillers ?
Les officiers du prince n'agissaient plus contre la vallée qu'afin de tâcher de la priver de ses privilèges. Le Pont-Long était perdu pour elle s'ils avaient réussi : chaque entreprise eut occasions un procès ; les usurpateurs hardis, nombreux, se succédaient à chaque instant : les Ossalois n'eussent retiré de cette lande que les dégoûts d'un litige perpétuel.
Mais a chaque nouveau règne, souvent sous le même prince, ils devaient faire confirmer les lettres de 1463.
Suite.
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