La vallée d’Ossau :              
                 Culture et Mémoire





Mémoire pour la Vallée d’Ossau bulleinfoMemoire-val-ossau
lettrines
st-ce à la vallée d’Ossau, ou à l’état qu’appartient une immense lande connue sous le nom de Pont-Long ?
Est-ce à la vallée qui la toujours possédée à titre de propriétaire ?
Est-ce à l’état qui la réclame, comme représentant les anciens seigneurs de Béarn et en vertu de la maxime nulle terre sans seigneur ?
    Le prince pouvait-il, en Béarn, disposer de ses domaines particuliers, les inféoder, les aliéner en tant ou en partie ?
    Les lois nouvelles n’ont telles pas mis à l’abri de toutes recherches de telles inféodations, ou aliènations ?
    Des terres que la vallée avaient accordées aux anciens Barnabites de Lescar, à condition qu’il n’y serait fait qu’une semaison par année, et en considération des soins que les pauvres et les gens d’Ossau recevaient de nuit et de jour à un hôpital administré par ces religieux, et aliéné depuis par l’état, comme domaine national, peuvent-elles être revendiquées par la vallée ?
     Ou bien l’état a-t-il pu les comprendre valablement dans l’adjudication de ce domaine ?
     Telles sont les questions importantes que présente ce procès.

Faits.

    Le Pont-Long est une vaste lande contiguë a la ville de Pau, à celles de Morlaàs, de Lescar et à plusieurs autres communes
        Les Ossalois en furent les premiers possesseurs.
    Ils s’y établirent d’abord à main armée et enseignes déployées ; ab armes ost et senhes desplegats. C’est même ainsi qu’ils continuèrent à s’y transporter long-temps après s’en être emparé.
     Des cabanes éparses où ils se tenaient de nuit et de jour, à l’exemple des anciens peuples pasteurs, pendant huit mois de l’année, y formaient leurs seules habitations.
     Chaque Ossalois avait la sienne, et répondait du dommage de ses bestiaux, bulleinfo C’est peut-être ce genre d’habitation qui semble n’indiquer qu’une demeure passagère, qui a jeté des doutes sur leurs droits. S’ils avaient construit des maisons au lieu de bâtir des cabanes, on ne leur demanderait point aujourd’hui de présenter d’une main leur généalogie, et de l’autre l’acte primitif de leur propriété. Mais des cabanes ont toujours formé les premiers abris des peuples pasteurs.
    Pau n’existait point alors, bulleinfoPauecusson
La ville de Pau est-il dit dans un ouvrage dont l’impression est fort ancienne, doit son origine à un château bâti par un des premiers princes du Béarn. Vers le milieu du 10em siècle Raymond de Moncade qui faisait sa résidence à Morlàas, était obligé à faire des fréquentes courses contre les Sarrasins d’Espagne qui pénétraient souvent dans le pays par le passage des Pyrénées.
C’est ce qui lui donna occasion de remarquer, à l’extrémité méridionale de la plaine du Pont-Long, un endroit dont la situation lui plut ; il l’obtint des habitans de la vallée d’Ossau, qui en avaient déjà la propriété, à condition qu’eux et leurs descendant auraient, dans la tenue de la cour majour, la première place en haut de la salle du château qui serait construit sur ce terrain. On planta trois pieux nommés en latin pali, pour en marquer les limites. Dans le lieu où était planté celui du milieu on bâtit le château de Pal, et dans la suite de Pau ; ou ne peut guère douter que cette dénomination ne vienne de là, si l’on fait attention aux armoiries parlantes que le souverain accorda en 1422 aux jurats et communautés de Pau, après qu’ils eurent prété leur serment de fidélité. Ces armoiries sont trois pals, sur l’un desquels est perché un paon faisant la roue pour désigner l’endroit où le château fut élevé. Ce château qui était placé où est actuellement ; la maison Gassion fut aussi appelé en Béarnais Castel-Menou. Dans la suite, en 1220, Raymond Moncade traita avec les Ossalois pour la partie du terrain où se trouve le Château, le parc et la haute Plante.
les communes qui environnent aujourd’hui le Pont-Long n’existaient pas non plus. Qui aurait pu s’opposer à leur occupation ?
    Les Ossalois avaient des privilèges dans lesquels, dit Marca, bulleinfoon remarque une certaine liberté des peuples qui se confiant en la fortification et en l’assiette naturelle que leur pays, deviennent aussi sourcilleux ; que les rochers de leurs montagnes et pensent qu’il leur est permis de ravager et butiner la campagne.

    D’après ces privilèges, que Raymond Moncade, seigneur de Béarn, avait juré en 1220 d’observer fidèlement, si l’Ossalois entrait avec son butin, dans la terre d’Ossau, il pouvait reparaître librement en Béarn, sans crainte d’être inquiété, sans être tenu de donner des otages.
    Raymond Moncade requit, en 1229, la cour majour de déclarer, qu’à l’avenir, ils seraient tenus de fournir caution pour les délits qu’ils commettraient.
    Les Ossalois s’opposèrent à cette demande ; la cour majour l’accueillit, attendu que le for général fut donné dès le commencement à toute la terre de Béarn, dans laquelle le Pont-Long est situé, et que s’ils ne fournissaient point otage, ils pourraient y commettre impunément toutes sortes d’excès, comme ils avaient fait dans le temps passé : moults excès et danmadjes, count an heyt per lou tems passat : ce sont les termes de l’acte.
     Cette innovation à leurs privilèges prouve que déjà bien antérieurement il 1229, per lou tems passat, ils étaient dans l’usage de conduire leurs troupeaux sur le Pont-Long. Ils furent soumis au droit commun parce que le Pont-Long fesait partie du Béarn. (sic)

    Vers le 13em siècle, quand la population eut augmenté, ils commencèrent à être troublés dans la jouissance de cette lande, que jusqu’alors ils avaient paisiblement occupée.
    Des titres conserves avec soin offrent le tableau des luttes, des procès, qu’ils durent soutenir depuis cette époque.
    Ici, on les voit combattre, détruire par le fer, par la flamme, tout ce qui porte obstacle à leur possession ; là, plaider devant le sénéchal, le parlement de Pau, le conseil du Roi, et faire rendre des arrêts qui consacrent leurs droits ; là, s’adresser au prince lui-même et en obtenir des lettres patentes, qui défendent à ses bayles, à ses officiers, à qui que ce soit, de porter atteinte à leur propriété ; là, alièner, transiger, se livrer à des actes qui ne sont permis qu’aux propriétaires.
    En 1821 ils prennent pour arbitre l’évêque d’Oloron, afin de mettre fin à une grande guerre qu’ils avaient avec les habitans de Lescar, à cause de ce pâturage.
     Il y a peut-être de l’exagération dans ces expressions grande guerre : le langage exagéré est assez commun dans les vieilles chroniques ; mais l’acte établit la possession de la vallée et ses premiers déméles ; on devait le citer.
    Une autre guerre, si on peut l’appeler de ce nom, eut encore lieu entr’eux et les habitons de Pau, au sujet de quelques terres que ces derniers avaient labourées, closes, ensemencées, et dont les clôtures avaient été détruites par les Ossalois.
     Des arbitres terminèrent encore ce différent. Le sang avait coulé, plusieurs des combattons avaient trouvé la mort. On promit de part et d’autre, dans un accord, intitulé traité de paix, de tout oublier et pardonner ; les habitans de Pau acquirent la faculté de labourer le Pont-Long, depuis Laherrère jusqu’à la Osserre ; on convint que te reste de la lande continuerait à être vacant et inculte, et que les Ossalois en jouiraient conformément à leur coutume bulleinfoCe traité fut signé à l’église Ste-Foi de Morlàas. Le prince Gaston figure au nombre des temoins.
Sans doute, il n’eût pas accepté cette modeste qualité, il n’eût pas souffert que les Ossalois eussent mis tout à feu et à sang sur le Pont-Long, si ce territoire lui avait appartenu. Les Ossalois même ne l’eussent pas ose.


     Il etait de leur intérêt de conserver cette lande en nature de pacage.
     Ils prévirent qu’on pourrait la mettre facilement en culture en abusant du nom du prince.
     Afin d’empécher un tel abus, ils demandèrent et obtinrent, en 1309, des lettres patentes par lesquelles Jeanne d’Artois, tutrice de Gaston Phœbus, leur promit de ne permettre à aucun homme d’y labourer, et de respecter leurs droits.
    
        Ces lettres sont ainsi conçues :

    Sachent tous, qu’en présence de moi notaire et témoins bas écrit, la noble et puissante dame, madame Jeanne d’Artois, par la grâce de Dieu, comtesse de Foix, vicomtesse de Béarn, de Marsan et de Castelbon, dame de Moncade et de Château-vieux, comme tutrice de monseigneur En Gaston son fils, en présence du même monseigneur En Gaston, ensemble et chacun d’eux, promirent et octroyèrent aux prud-hommes, aux bonnes gens et à toute la communauté de la terre d’Ossau, pour eux et leurs successeurs, pour tout temps, et jurèrent sur les saints évangiles et sainte croix de Dieu, qu’à l’avenir, dans aucun temps, ni personne pour eux, leurs bailes, officiers ou lieutenans ne laboureront ne fairont labourer dans la terre du Pont-Long, ne donneront permission, jouissance, faveur, secours ni consentement à aucun homme d’y labourer ; ne prendront aucuns agriers, et ne fairont aucune chose contraire au droit ni contre le droit de la terre d’Ossau ; entretenant la paix d’entre Ossau et Pau, contenue dans leurs accords :
   ce fut fait à Bièle en Ossau, le lundi après la fête de St. Paul, anno domine 1319.

   Les Ossalois ne s’étaient pas trompés dans leurs prévisions.

   Les bailes de Pau, permirent, en 1327, à des particuliers, de labourer une partie de la lande, et répondirent aux Ossalois, que les gens qui labouraient le fesaient du consentement du prince. Il fallut que Gaston Phœbus par des lettres patentes expédiées le samedi, veille de la Pentecôte, même année 1327, ordonnât d’exécuter celle de la dame d’Artois sa mère.

     Quoique fort étendu, le Pont-Long ne suffisait pas aux besoins de la vallée. Elle l’augmenta de plusieurs pièces de terre qu’elle acquit du prieur de Ste-Foi de Morlàas, pour 350 florins d’or, par contrat du 20 mai 1373.

     En 1426 JEAN, seigneur de Béarn, reconnut ses droits de la manière la plus expresse.

     Les habitans de Jurançon s’étaient adressés à ce prince pour le supplier de leur accorder un droit de pacage sur le Pont-Long. JEAN transmit leur demande aux Ossalois avec la lettre suivante:
    A nos âmes, à la juranne et bonnes gens de la vallée d’Ossau.
       Bonnes gens, comme vous savez que les gens de notre lieu a de Jurançon, ont l’usage de faire paître et pacager au territoire du Pont-Long ; attendu les bons et agréables services que nous recevons journellement de ceux de Jurançon, considérant aussi que le bétail en se retirant pourrait gîter au Champ de Bataille de notre lieu de Pau, ce qui nous déplairait ; nous vous prions pour l’amour et honneur que vous nous portez, puisque lesdits de Jurançon ont ledit usage de faire paître et pacager audit Pont-Long, en tant que cela vous touche et peut vous toucher, de leur donner et octroyer droit et pouvoir de gîter avec leur bétail audit Pont-Long où en quelque part.
     Vous nous fairez plaisir et chose dont nous vous sentirons bon gré.

Donné à Pau, le 1er jour de mai.
Le comte de Foix.


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puce    Sources

  • Mémoire pour la vallée d’Ossau, Imprimerie de Veronese fils, Pau, rue de la Préfecture

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