La vallée d’Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




PASTORALE ROMANTIQUE
ET "GRANDS TRAVAUX"

La VALLéE D’OSSAU et son IMAGE bulleinfo Laruns vue de Listo
Laruns

       à la frontière de la France, mais incontestablement à l’intérieur."

lettrines
   ans les familles rattachées au milieu agropastoral d’Ossau existe habituellement une réelle fierté d’appartenir à une communauté que l’on croit autonome depuis toujours.
    De ce point de vue, l’histoire s’est transmise par une tradition constante. Un prêtre né à Laruns à la fin du XIXe siècle et que j’ai bien connu, le chanoine Pierre Badiolle, a relevé ce type de transmission orale pour expliquer les origines des droits de propriété de la vallée d’Ossau sur les Landes du Pont-Long près de Pau. bulleinfo P. Badiolle, "Le Pont-Long, l’histoire des droits d’Ossau", Pau, Marrimpouey, 1936
    Quand les princes de la plaine veulent intégrer les communautés montagnardes dans la vicomté de Béarn, ils prennent soin de reconnaître solennellement les droits et usages "les Fors" de ces groupes sociaux.
    Le serment d’investiture des rois d’Aragon ne concerne pas les montagnards d’Ossau mais il a été reconnu typique pour l’ensemble de la chaîne, les jurats des vallées y disaient avec emphase : "Nous qui valons autant que vous et qui, réunis, valons plus que vous, nous vous faisons notre roi à condition que vous respectiez nos fors et privilèges. Sinon, non !" bulleinfo cf. B. Callebat, Genèse et histoire des frontières pyrénéennes, Chronique de l’Institut catholique de Toulouse, 1998, n°l, p. 13.
    Le cas d’Ossau paraît cependant le plus significatif. Du XIIIe au XVIe siècle, nos ancêtres ne cessent de lutter pour préserver et élargir leurs droits vis-à-vis du vicomte d’Orthez.
    Le For d’Ossau (1221) permet aux villageois de s’administrer directement par l’intermédiaire de leur "Syndicat" chaque village désigne un ou plusieurs jurats et ceux-ci siègent en commun sous la présidence du "Syndic". Concernant de nombreux éléments de la vie agricole et pastorale, cette pratique et cette structure sont aujourd’hui encore en vigueur.
    En Ossau, comme dans d’autres vallées, existe un souvenir vivant des traités de "Lies et Passeries" conclus sur les deux versants de la chaîne afin d’établir les usages des pâturages de montagne et donc les territoires respectifs.
    Il semble cependant que le tracé de la frontière entre la France et l’Espagne dans la vallée d’ Ossau n’ait guère connu de contestations depuis l’établissement d’un droit coutumier et les ententes très anciennes. La frontière définit "une ligne de part et d’ autre de laquelle sont deux souverainetés immédiatement totales" bulleinfo (Jean Permet, "La frontière hispano-française des Pyrénées", Pau, Marrimpouey, 1983, p. 5)
     La situation d’Ossau et donc du col du Pourtalet n’a pas posé de problèmes particuliers. Il est évident que la frontière à ce point de la chaîne recoupe une limite climatique, linguistique et culturelle indiscutable.
     Il ne faut donc pas exagérer la part de la frontière avec l’Espagne dans la culture et la mentalité traditionnelles de la vallée d’Ossau. On cite toujours les traités déjà évoqués de "Lies et Passeries", mais il n’y a pas en Ossau ce que l’on rencontre en Barétous où chaque année est célébré le serment séculaire "Paz aban" "Paix dorénavant" par les maires et les alcaldes de la vallée de Barétous et de la Vallée de Roncal. Rien de tel n’existe entre la vallée d’Ossau et le Valle de Tena.
     Même si la route qui, du côté français, conduit au Pourtalet (1794 m d’altitude) date de presque un siècle (1909), l’Espagne n’éprouvait pas pour autant le désir d’ouvrir sa frontière et, en hiver, le col du Pourtalet est resté très longtemps infranchissable. De plus, du fait des routes espagnoles, la pénétration par les automobiles de l’autre côté de la frontière s’avérait difficile. Ce n’est donc que depuis le début des années 50 que nous nous sommes familiarisés avec le passage du Pourtalet et l’exploration des montagnes d’Aragon.
     Cette absence de relations doit expliquer que la considération des Béarnais pour les Espagnols ait été longtemps moindre encore que l’indifférence. Pendant mes années d’enfance et d’adolescence, la frontière est fermée en raison de la guerre civile puis de la seconde guerre mondiale et de leurs suites. Les Espagnols "rouges" qui sont regroupés ici ou là, par exemple à Laruns dans des maisons près du Gave, provoquaient la crainte des parents qui cherchaient à préserver leurs enfants de tout contact, par contre, à Oloron, tout particulièrement sur le terrain de football de Palas, je rencontrais plusieurs enfants ou jeunes, originaires d’Espagne, venus en France pour fuir la menace des "Nationaux".
     C’est pourquoi les premiers mots d’espagnol que j’appris ont trait au football. Il n’y manquait pas non plus les jurons et blasphèmes dont usaient et abusaient les Espagnols de cette époque et de ces milieux. Je ne sentais pas que nous étions poussés par nos instituteurs et par nos professeurs à nous intéresser au grand pays voisin, mais je soupçonnais tout l’enrichissement que pourraient un jour m’ apporter cette langue et cette culture. Je cherchais donc en dehors des obligations scolaires à apprendre l’espagnol.
    En juillet 1961, je célébrai au col du Pourtalet l’une de mes premières messes et m’adressai en espagnol à quelques amis venus de Sallent, le village le plus proche de la frontière dans le Valle de Tena. Quel changement depuis ces années ! Grâce à la voiture, le Valle de Tena et la vallée d’Ossau sont désormais en correspondance constante, à l’exception pendant l’hiver de quelques journées de très fort enneigement.
     En traversant si facilement aujourd’hui la frontière franco-espagnole au Pourtalet, se souvient-on encore de son importance lors de la deuxième guerre Mondiale ?
     A-t-on présents à l’esprit les actes héroïques dont cette ligne territoriale fut le témoin et l’enjeu ?
    La période de l’occupation allemande vit en effet la multiplication des mesures de surveillance. Un détachement allemand s’était installé à l’hôtel des Pyrénées de Gabas, propriété de mon oncle Roger Ponsolle et de ma tante Jeanne, sœur de ma mère.
    Le franchissement de la frontière par des "clandestins" aidés ou non par des "passeurs" locaux constituait un risque très dangereux : "si l’on est pris, c’est Compiègne et l’Allemagne ou le poteau" dira plus tard Mgr André Boyer-Mas, l’un des responsables de "l’accueil" humanitaire de l’autre côté des Pyrénées.
    Il n’empêche que 19 000 hommes "passés" sur toute la longueur de la chaîne rejoindront les Forces françaises libres. Mais il y eut entre 30 et 50% d’échec dans les tentatives de franchissement bulleinfo Robert Belot, "Aux frontières de la liberté", Paris, Fayard, 1998, p. 679
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       Livres et images.

   Sources

  • Entretien avec : le  Cardinal Pierre EYT, et la Revue Pyrénées, Pau 1997
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