
Vue de l'ensemble des travaux réalisés en vallée d'Ossau
n 1894, un industriel d'Oloron, Raphaël Lavigne, fit part à la commune de Laruns de son intention de construire un barrage sur le gave d'Ossau, à 200 mètres en aval du village de Gabas.
De ce barrage devait partir une canalisation forcée qui, après avoir capté le gave de Soussouéou, conduirait toute cette eau dans une usine que l'on construirait à Miègebat et qui fournirait ainsi une grande quantité d'électricité. On s'extasia devant ce projet grandiose. Lequel fut cependant refusé.
En 1899,
le directeur des usines de Mancioux dans la Haute Garonne, Jean Cartier, désirait, établir une usine pour la fabrication du carbure de calcium. Il prévoyait la construction d'un barrage transversal sur le gave d'Ossau entre les Eaux-Chaudes et Laruns.
Un canal en serait parti qui aurait alimenté l'usine et les eaux auraient été rejetées dans le gave. Malgré quelques oppositions à ce projet, la demande de ce dernier fut maintenue et la concession lui fut accordée en 1901 pour une usine destinée à fabriquer de l'électricité ou toute autre chose. Une chute de 112 mètres devait produire une force de 4 000 CV. Mais Jean Cartier ne put tenir ses engagements et le projet fut abandonné.
En 1900, Le directeur général des mines d'Aspeigt, Georges Caton, obtint la concession de quatre hectares de terrain dans la région de Herrana pour y établir un barrage sur le gave de Soussouéou ainsi qu'une usine pour la fabrication de la pâte à papier ou toute autre industrie. On s'enthousiasma encore une fois pour ce nouveau projet qui devait employer entre 300 et 400 ouvriers. Caton aménagea le secteur avec des passerelles, des chemins et des ponts. Il créa une société, la "Société des forces motrices d’Ossau" qui désira faire des études sur tous les gaves, ruisseaux et torrents de la commune de Laruns.
Bien évidemment on lui refusa les 25 mètres cubes de bois de hêtre qu'il réclamait comme échantillon afin de procéder à des expériences de fabrication de pâte à papier. Il maintint son projet et on lui attribua du bois pour construire un canal destiné à dévier les eaux du gave en vue de la construction du barrage à Herrana. En 1904 Georges Caton pensa céder, avec l'accord de la mairie de Laruns, sa concession à Cyprien Gouraud, directeur des manufactures de papier de Nantes. En 1912 il demande la résiliation de son bail.
La commune de Laruns se rendait bien compte qu'elle possédait de la richesse sur son territoire avec les eaux des gaves, et en 1907, elle mit en adjudication toutes les chutes d'eau susceptibles de créer une force hydraulique.
Là où quelques pionniers échouèrent, la Compagnie du Midi trouvera le moyen d'exploiter cette ressource tombée du ciel.
LA COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DU MIDI
-
Les origines de l'hydroélectrique
Dès le début de notre siècle, le développement des nouvelles applications de l'électricité, notamment la production de force par des moteurs silencieux et puissants, a amené les hommes à envisager son utilisation pour la traction des trains. Les premières applications furent effectuées à l'exposition universelle de 1900. C'est en 1901 sur une ligne de montagne entre St Gervais et Chamonix que fonctionnait la traction électrique.
En 1902, la compagnie du Midi décidait d'électrifier dans les Pyrénées des lignes de montagne dont l'exploitation en traction vapeur se révélait techniquement difficile et très onéreuse.
Les sources de productions d'énergie électrique étaient alors rares, de faibles puissances et établies pour une utilisation industrielle déterminée. Donc pour envisager une consommation nouvelle, il était nécessaire de créer la source d'énergie qui l'alimenterait.
C'est ainsi que le projet d'électrification de la ligne de Villefranche de Conflent à Mont-Louis et Bourg-Madame conduisit la Compagnie à édifier de 1904 à 1909 le barrage des Bouillouses et la première centrale de la société à La Cassagne près de Mont-Louis. Dès 1910 elle alimentait le petit train qui circulait sur voie métrique.
Cette expérimentation fut ensuite étendue à la traction électrique sur voie normale avec la construction des centrales de Fontpédrouse en 1913, de Soulom en 1913-1915 et Eget en 1919. Après la guerre de 1914-1918, le programme d'électrification du Midi concernait 3.300 Km de lignes et prévoyait l'important équipement hydroélectrique de la vallée d'Ossau.
LA VALLÉE D'Ossau
La Compagnie des chemins de fer du midi a mis sur pied, avant la guerre de 1914, un vaste programme de construction d'usines hydroélectriques ayant pour objet l'électrification de son réseau pyrénéen de voie ferrée. Le programme de la Compagnie vise à étendre l'électrification des lignes à tout le réseau pyrénéen ou pré pyrénéen comme Toulouse - Pau, Toulouse - Sète, et même au-delà vers Bordeaux. Il prévoit également l'alimentation de lignes encore non construites ou des lignes existantes, comme Pau-Montréjeau, Pau-Bedous et plus tard Canfranc, Buzy-Laruns, Lourdes-Pierrefitte, Lanemezan-Arreau.

Barrage aval d'Artouste (SNCF)
Le but de ces électrifications est d'obtenir un moyen de traction plus souple, plus économique et plus rapide que la traction à vapeur qui s'accommode mal des profils accidentés de certaines lignes.
A la recherche de la précieuse houille blanche la Compagnie décida d'exploiter les ressources naturelles de La vallée d'Ossau, et de compléter son équipement déjà existant par trois usines Artouste, Miègebat, et le Hourat, alimentées par le lac d'Artouste.
 Vue générale du lac et barrage (SNCF)
La Compagnie du midi procède aux études de ce groupe d'usines de la vallée d'Ossau et le 18 mai mille neuf cent dix sept le projet est approuvé par le Conseil d'Administration.
En 1913, le projet initial ne comportait qu'une seule usine dite du Soussouéou avec une réserve d'eau de 20.10/6 m3. Par la convention du 20 août mille neuf cent sept l'état s'est engagé à créer près du village de Lescun, en vallée d'Aspe, une usine hydroélectrique destinée à fournir l'énergie électrique à la ligne de traction Bedous frontière d'Espagne. La Compagnie propose alors à l'état de prélever l'énergie nécessaire à cette ligne sur celle produite par les chutes de la vallée d'Ossau moyennant une contribution aux dépenses de construction.
Les premières tractations avec la commune de Laruns en vue de la cession à la Compagnie du Midi des droits de cette commune sur les trois usines et des terrains nécessaires (en surface ou en tréfonds) aboutissent à un accord de principe sur les bases compensatrices suivantes :
- L'installation d'un tramway électrique de la gare de Laruns à Gabas avec un embranchement sur les Eaux-Bonnes, pour desservir les stations thermales des Eaux-Chaudes et Eaux-Bonnes.(cette réalisation ne sera jamais faite)
- La remise en état complète du réseau extérieur d'éclairage public.
- La fourniture gratuite de l'énergie pour 150 lampes de 25 bougies en permanence.
- La fourniture gratuite à la commune de 350 kW permanents.
- 1918
Les études pour les trois usines se poursuivent et les marchés concernant leur construction sont préparés.
- 1919
Une décision ministérielle approuve le projet d'aménagement de la vallée d'Ossau.
Le marché des conduites forcées est passé avec les chaudronneries des Pyrénées à Tarbes, qui implantent ces conduites forcées pour les trois usines.
- 1920 Début des travaux des trois centrales.
L'entreprise installe à Laruns un parc à matériel, et procède à l'installation des chantiers du Hourat, de Miègebat et d'Artouste.
Pour l'exécution des bétons, un laboratoire d'essai est installé également à Laruns, afin de permettre une réduction des délais d'exécution notamment en ce qui concerne les ciments.
En cette année 1924, les travaux de la chute du Hourat peuvent être considérés comme terminés ; Après la réalisation des sentiers d'accès aux fenêtres d'attaque, de la galerie d'amenée d'eau de 2 x 2 et sur une longueur de 5.628 mètres, de la perforation du canal de fuite (remise de l'eau dans le gave, ancienne cascade du Hourat) d'une longueur de 470 mètres, de la cheminée d'équilibre, des conduites forcées, du réservoir de Miègebat, du bâtiment de la centrale et la maison du chef d'usine, la réception provisoire est prononcée le 31 décembre mille neuf cent vingt quatre.
1925 Mise en service du Hourat.
La centrale du Hourat est mise en service en juin 1925. La réception provisoire des conduites forcées a été prononcée le 25 novembre mille neuf cent vingt cinq. L'arrêté préfectoral du 16 novembre mille neuf cent vingt cinq autorise la mise en service de la chute du Hourat.
Une petite centrale hydraulique provisoire, utilisant les eaux du gave du Bitet, est construite afin d'alimenter le chantier en énergie, elle est mise en service le 1 décembre mille neuf cent vingt.
En 1926, certains travaux sont terminés : la galerie principale d'amenée d'eau, la cheminée d'équilibre, les bassins réservoir du barrage et la maison ouvrière.
Le montage des conduites forcées est commencé, et le bâtiment d'usine est en cours.
La prise d'eau principale sur le gave du Brousset a été mise en service le 24 février mille neuf cent vingt sept. L'usine elle-même a commencé à débiter sur le réseau en février 1927.
Les travaux de perforation de la galerie d'amenée du Bious sont terminés.
En 1927, les premiers bétons du barrage sont coulés, la perforation de la galerie à 45° a été réalisée, la galerie d'amenée d'eau est entièrement perforée, les conduites forcées sont en totalité posées. On se penche sur l'adduction des ruisseaux de la rive droite et gauche du Soussouéou afin d'augmenter les réserves du lac d'Artouste.
En 1929, la construction du barrage s'achève, tous les éléments sont réunis pour la mise en service de la chute.

- 1929 Mise en service d'Artouste
L'autorisation ministérielle de mise en service est donnée le 1 février mille neuf cent vingt neuf, elle est confirmée par arrêté préfectoral du 18 juillet mille neuf cent vingt neuf.
-
1930 Le téléphérique Bleichert est en cours de montage.
-
1931 Le 21 octobre mille neuf cent trente et un ce même téléphérique est mis en service. Après cette période de gros travaux, on entre dans une période d'activité réduite, tournée surtout vers des périodes d'entretien.
Il faudra attendre les années 1940 pour un nouveau départ de travaux.
Les installations hydroélectriques de la vallée d'Ossau telles que réalisées en 1929, ne comportaient qu'un seul réservoir pour alimenter les trois centrales, le lac d'Artouste. De ce fait, lors des forts débits des gaves surtout à la fonte des neiges, une quantité importante d'énergie était perdue puisqu'il n'était pas possible d'emmagasiner les excédents de volume des débits naturels par apport aux débits d'armement. C'était le cas, en particulier, du gave du Brousset avec son vaste bassin versant.
C'est pourquoi fut construit le barrage de Fabrèges qui permit de disposer d'un réservoir saisonnier de 6, 7, 10 / m3 ; en outre, la chute de Fabrèges en service ainsi que celles de Miègebat et du Hourat faisant suite à la première, le nouvel équipement permettait de disposer instantanément d'une puissance de 80.000 kw.
 Lac de Fabrèges.
Conditions d'exécution des travaux de Fabrèges.
-
Les travaux de la chute de Fabrèges ont été réalisés dans une période difficile pendant l'occupation allemande, cette situation était encore aggravée du fait que le chantier se situait en zone frontière réservée.
- La main d’œuvre a toujours été insuffisante, peu qualifiée et instable en raison des risques du travail obligatoire en Allemagne.
- Le ravitaillement aléatoire venait s'ajouter à ces difficultés, ainsi que les problèmes de transport tributaires de routes non entretenues et non déneigées, de véhicules usagés impossibles à remplacer, de pièces détachées ou pneus introuvables, et du carburant très rationné.
- Le ciment n'a pu être approvisionné qu'en tonnages annuels réduits, le matériel de chantier était difficile à entretenir par suite du manque de pièces de rechange.
- Toutes ces raisons expliquent les faibles cadences d'avancement des ouvrages. Il faut noter, d'ailleurs, que les travaux en souterrain étaient abandonnés à la bonne saison pour laisser la priorité aux travaux extérieurs.
- 1947 Mise en eau du barrage de Fabrèges
Le barrage de Fabrèges proprement dit est terminé le 21 janvier mille neuf cent quarante sept.
La déviation de la route nationale 134 bis est menée à son terme le 10 novembre mille neuf cent quarante sept, elle a nécessité 84.000 m3 de déblais et 8.980 m3 de maçonnerie.
Elle est réceptionné par les Ponts et Chaussées le 18 novembre mille neuf cent quarante sept.
Avancement des travaux du barrage de Fabrèges.
|
Carrière pour les matériaux.
|
Bibliographie
- S.H.E.M., département de l'énergie hydroélectrique , échelon de Toulouse. "Vallée d'Ossau, caractéristiques des installations, chronologie"
- René ARRIPE, Ossau 1900, le canton de Laruns, 1987, Loubatières
|