La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
LIGNE PAU CANFRANC En vallée d'Aspe
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a voie de chemin de fer Pau-Canfranc ou Ligne Goya, à voie unique et à écartement standard de 93 kilomètres fut construite au début du XX ème siècle. L'arrivée du chemin de fer dans les Pyrénées eut lieu le 27 mars 1855 avec la prolongement de la ligne Paris-Bordeaux-Dax jusqu'à Bayonne.
La Compagnie du Midi fut chargée en 1857 de réaliser un réseau pyrénéen de chemin de fer dans un délai de 8 ans.
C'est ainsi qu'en 1863 la ligne Paris-Bordeaux-Dax s'étendit jusqu'à Pau qui n'était désormais qu'à 36 heures de Paris au lieu de 6 jours par la route. Le réseau s'étendit progressivement sur l'ensemble des vallées pyrénéennes.
Les progrès réalisés dans l'électrification du réseau furent à la base de la mise en place de deux grandes traversées transpyrénéennes : Le Somport, et Puycerda.
En effet, l'ingénieur Jean-Raoul Paul comprit très rapidement l'intérêt d'utiliser les nombreux torrents de la région comme matière première pour la production d'électricité.
De nombreuses centrales hydroélectriques furent installées dans les Pyrénées grâce à certains hommes influents.
Les possibilités offertes par l'électricité permirent l'élaboration, vers 1852, des premiers projets consistants à faire passer une ligne de chemin de fer sous le Somport. Faute de moyens, ils ne furent pas mis en œuvre.
Il fallut attendre 1878 pour que le projet de la ligne Pau Canfranc par le Somport, soutenu par Félix Larricq, conseiller général d'Accous, soit retenu par le Conseil général des Basses Pyrénées par 19 voix pour contre 18. De nombreux projets furent alors examinés mais les choses avancèrent très lentement en raison de problèmes financiers.
Deux élus des Pyrénées, le palois Louis Barthou et l'Ariégeois Théophile Delcassé décidèrent d'en faire un thème de campagne et contribuèrent à mettre en œuvre la réalisation de trois lignes transpyrénéennes : Foix / Puycerda, Saint Giron / Lérida, et Pau / Canfranc.
Les négociations prirent du temps et, 28 ans après la décision du Conseil général, l'accord avec l'Espagne fut enfin signé en août 1904. Un délai de 10 ans était prévu pour la réalisation des trois lignes.
Il fut envisagé de construire une gare internationale aux Forges d'Abel puis, en 1908, la décision fut prise de l'installer en Espagne au lieu dit " les Aranones " près du village de Canfranc.
La première étape des travaux consista à poser 25 km de voie ferrée afin de relier Oloron et Bedous. Cette tranche de travaux nécessita la réalisation de 77 ponts et 7 tunnels et la ligne fut achevée en septembre 1913, et inaugurée un an plus tard.
La partie Bedous Canfranc comprenait 5 gares, 14 tunnels et 3 viaducs, chantier colossal pour l'époque qui employa près de 2500 ouvriers pour la plupart espagnols. La construction de la ligne Pau Canfranc sera l'occasion de réaliser des ouvrages d'art tout à fait exceptionnels en pierre de taille, aujourd'hui impossible à réaliser par manque de moyens et surtout de main d'œuvre qualifiée. A voir le viaduc de la pène d'Escot enjambant le gave et la route qui ne peut que forcer l'admiration.
Le tunnel de près de 8 kilomètres reliant la France à l'Espagne fut percé en 4 ans au prix d'immenses efforts car les moyens étaient rudimentaires, perforatrices à air comprimé, au début actionnées par la vapeur et tenues par la main de l'homme, perçant des trous de 50 mn de diamètre et de 3 mètres de profondeur que l'on bourre ensuite de dynamite. Les accidents furent bien sûr nombreux sur le chantier, dus notamment au manque d'expérience des ouvriers et au conditions de travail extrêmement difficile.
La jonction entre les équipes françaises et espagnoles sous le Somport eut lieu le 28 octobre 1912. Les travaux avançaient selon les délais mais le déclenchement de la première guerre mondiale de 1914 entraîna un retard important du côté français qu'il fut difficile de combler.
Les espagnols terminèrent en 1922 la ligne menant à Canfranc, et commencèrent à urbaniser le plateau des "Aranones" jusque là désertique. La gare de Canfranc conçue par l'architecte Ramirez de Dampierre sur le modèle de celle de Prague, s'imposera comme la deuxième gare d'Europe après celle de Leipzig.
L'inauguration de la ligne eut lieu en grande pompe le 18 juillet 1928 en présence du Roi d'Espagne Alphonse XIII accompagné de son chef du gouvernement, le général Primo de Rivera et du Président de la République Française, Gaston Doumergue accompagné de son ministre de l'intérieur, Louis Barthou.
Divers faits comme la crise économique des années trente, le déclenchement de la guerre civile en Espagne firent que cette liaison transpyrénéenne ne tiendra pas ses promesses ce qui se traduisit par la suspension du trafic entre Canfranc et les Forges d'Abel.
Elle fut cependant ré-ouverte en 1939. Durant la deuxième guerre la ligne continua de fonctionner car les Allemands comprirent les avantages qu'ils pouvaient en tirer. C'est pour cela qu'en juin 1944 la résistance fit sauter la passerelle d'Escot et provoqua le déraillement d'un convoi de 8 wagons. L’Espagne ferma sa frontière en octobre 1944.
La ligne reprit son trafic en 1948, mais ne sera jamais vraiment rentable. L'aventure prit fin le 27 mars 1970, lorsque les freins de la rame cédèrent alors que celui-ci était immobilisé sur une pente à 25 %. Le train fou et sans chauffeur, aborda le pont de l'Estanguet lui arrachant sa cage métallique.
Pont et convoi plongèrent dans le gave.
La SNCF différa les travaux nécessaire à la reprise du trafic et, malgré les nombreuses propositions faites pour rentabiliser la ligne, finit par décider sa fermeture car son exploitation était considérée beaucoup trop coûteuse.
L'actualité a remis à l'honneur cette ligne de chemin de fer : Pau Canfranc et quel que soit son devenir il est nécessaire et urgent de sauvegarder et de mettre en valeur ces monuments (œuvres d'art) d'une autre époque, car il font partie du patrimoine de la vallée d'Aspe.
Sources
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