|
Que cau parti loenh deu bilatge Que cau quita ço qui aymi mey Ailàs moun Diu dat-me couratge Sustienetz-me dens moun gran goeyt. Adiu païs qui m’a bist bade Loenh deus amics de moun amou Oun cau praubet jou qu’ani cade En quin païs jou n’at sei nou
Que harey jou shens las mountanhes Oun tout mati soul y puja Shens que pigou nou m'acoumpanhe Loenh de moun praube cujala. Cargat deu sac darrè la rée Dab lou fusilh e municious Que serey loun de ma balée En quin païs ? Jou n’at sei nou.
A praube may que cau que hasçes Si lou to hilh e't deu quita ? B'as a ploura tu quoan m’abraces Pendent sèt ans b'as a ploura. A deu souldat tau ei la bite Tau ei lou sòrt la coundiciou Qu’ei a pourta la me(a) marmite En quin païs ? Jou n’at sei nou.
Que courrerei per las gan(a) biles, Que béderei de bèths palais ; Besti, cauçat, shens aber miles, Tout bigarrat coum lous laquais. Mes lou doç èr de la mountanhe Que'm mancarà dab l'escautou. S'ei nat chegrin, a qui'm cau plànhé, A qui praubet ? Jou n'at sèi nou.
Dus mouts tà tu, ma Margalide A tu moun cô coum t’ei jurat Que bau parti mes qu’ei l’ahide De poude tiene l’amistat. Que tournarei coum l’iroundèle Goarde'm toustemps toun tendre amou Goarde'm taben la fe fidèle At haràs tu ? Jou n’at sei nou.
Si soy tournat de la campanhe Si pots be serèi carporau, Qu'arribarei tà la mountanhe D'aur te darèi, croutz e didau. Que't countarèi quin de la guèrre Me soy sourtit dab gran aunou. Mes tà labetz, quine misère ! E tournarèi ? Jou n'at sèi nou.
|
|
Il faut partir loin du village Il faut quitter ce que j'aime le plus. Hélas, mon Dieu, donnez-moi le courage, Soutenez-moi dans mon grand malheur. Adieu pays qui m'a vu naître. Loin des amis, de mon amour Où faut-il pauvret que j'aille tomber Dans quel pays ? Je n'en sais rien.
Que ferais-je sans les montagnes Où chaque matin j'avais l'habitude de monter Sans que pigou (nom de chien) ne m'accompagne Loin de mon pauvre parc à brebis. Chargé du sac derrière le dos Avec le fusil et des munitions Je serai loin de ma vallée Dans quel pays ? Je ne sais rien.
Au pauvre mère que faut-il que tu fasses Si ton fils doit te quitter ? Tu as à pleurer quand tu m'embrasses Pendant sept ans tu as à pleurer. Ah du soldat telle est la vie, Tel est son sort, sa condition. Je dois porter la marmite Dansquel pays ? Je ne sais rien.
Je parcourrai les grandes villes Je verrai de beaux palais ; Vêtu, chaussé, sans avoir des milles, Tout bigarré comme les laquais. Mais le doux air de la montagne Me manquera avec la bouillie de maîs. Si j'ai quelque chagrin, à qui me plaindre, À qui pauvret ? Je n'en sais rien.
Deux mots pour toi, ma Marguerite, À toi mon coeur comme je te l'ai juré. Je vais partir mais j'ai l'espoir De pouvoir garder l'amitiè. Je reviendrai comme l'hirondelle, Garde-moi toujours ton tendre amour Garde-moi aussi la foi fidèle Le feras-tu , Je n'en sais rien.
Si je reviens de la campagne, Si je peux je serai caporal, J'arriverai à la montagne Je te donnerai croix et dé en or. Je te conterai comment de la guerre Je me suis tiré avec drand honneur. Mais d'ici là, quelle misère ! En reviendrai-je ? Je n'en sais rien.
|