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Qu'èy aüdit gran brounitère
Soü toubac et las narits :
Qué s ’y soun emplégats hère,
Taüs qui nomen grans esprits.
Bé l’ans dan bère,
A nous aütés, bénarits, Aü loc dé canta las bits,
D’ens pléa l’aüreille dé quère !
Dé mentabé la souquette, Qué ren boune ûe cansou ; Et lou noum dé la yunquette
Qué s’ y hé ; qué da bèt sou. D‘ayse om qu’halette, Aü soubiené deü bouçou ; Et si disém Yurançou, Qué baü soul ûe cansounette.
You b’at daü à qui qué sie, Dé disé quin sutyèt plus Esgaye la pouesie Coum l’arboulou de Bacchus.
Entrém en bie, En s’y han cadu per dus, Et cantém, û drin capsus, L’arbe et lou frut dab allegrie.
Aném dounc, toute l'escouade Qué saludé lou pingot ; Et, dé hourrup en lampade, Hasque mantû passecot ! Bit tan aymade ! Qué’t yuram, peü barricot, A toun aünou, dinqu’aü clot, Prou soubén dé tiüla rasade.
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J'ai entendu grand tapage Sur le tabac et les nez : Beaucoup y ont pris part, De ceux qu'on nomme grands esprits. Ils nous la donnent belle, A nous autres, bons vivans, Au lieu de chanter les vignes, De nous remplir l'oreille de poussière !
Faire mention de la vigne, Rend bonne une chanson ; Et le nom de la bouteille Y va bien ; il rend un beau son. D’aise on palpite, Au souvenir du bouchon ; Et si nous disons Jurançon, Cela vaut seul une chansonnette.
Je défie qui que ce soit, De citer un sujet qui Egaye plus la poésie Que l'arbrisseau de Bacchus. Entrons en lice, En fesant chacun du bruit comme deux, Et chantons, sur un ton un peu élevé, L'arbre et le fruit avec gaîté.
Allons donc, que toute l’escouade, Salue la bouteille ; Et, des petits coups passant aux grands, Avale force gorgées ! Vigne si aimée ! Nous te jurons, par le tonneau, En ton honneur, jusqu'au tombeau, Bien souvent de boire rasade.
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