pay, may, rays et sourines,
Bères-sos et nébouts
Beus-frays, cousiots, cousines
Are ep counechi touts.

Cadu hère mérite
En aqueste maysou
Touts à regret qu'eüs quitte
Hillot, lur serbidou.

Q'uaüqu'm prègue de dise
Dab quaü mée plaséri
Et chens qu'arré desguise
La quaü mèy aymari.

Moun cò tien lettres closes
Qui jamey noun-s' saüran
Que quaü ulhéts et roses
Las sègues pourtéran.

Lous homis touts amasse,
Baüdamen baü plaça :
A touts Diü bien que hasse !
Qu'eüs bouilhe counserba !

Mey las damisèles
Quin sé pouren mescla ?
Plus soun joènes et bèles
Plus las caü sépara.

Ataü coum enter mille
Se coueilh la bère flour
Ataü, dens ma familhe
Coueilherèy moun amour.

Lous curious qui'm démande
Tout haüt de m'explica
Per acô b'em coumande
Dé nou jamey ayma.

Incounégude aymable
Tu même n'at saüras :
Et per plà qui m'accable
Moun sécrét n'es dits pas.

A moun atge oun endure
Taüs maüs chens s'en benta.
La nouèyt la plus escure
Toustem qu'eüs deü cacha.

Pay, may, rays et sourines,
Bères-sos et nébouts
Beus-frays, couziots, couzines
Hère qu'ep aymi touts.

Père, mère, frères et sœurs,
Belles-sœurs et neveux,
Beaux-frères, cousins, cousines,
Maintenant je vous connais tous.

Chacun beaucoup mérite
Dans cette maison;
Tous à regret les quitte,
Hillot, leur serviteur.

Quelqu'un me prie de dire
Avec laquelle je me plairais,
Et sans rien déguiser,
Celle que j'aimerais le plus.

Mon cœur tient lettres closes,
Qui jamais ne se sauront,
Que quand œuillets et roses
Les ronces porteront.

Les hommes tous ensemble,
Sans choix, je vais placer ;
A tous que Dieu bien fasse !
Qu'il veuille les conserver !

Mais quant aux demoiselles,
Comment pourraient-elles se mêler ?
Plus elles sont jeunes et belles,
Plus il faut les séparer.

Ainsicomme entre mille,
On cueille une belle fleur,
Ainsi dans ma famille,
Je cueillerai mon amour.

Le curieux qui me demande
Tout haut de m'expliquer,
Par cela me condamne,
A ne jamais aimer.

Inconnue aimable,
Toi-même ne le sauras,
Et pour bien qu'on m'accable,
Mon secret ne se dit pas.

A mon âge on endure,
De tels maux sans s'envanter ;
La nuit la plus obscure
Toujours doit les cacher.

Père, mère, frères et sœurs,
Belles-sœurs et neveux,
Beaux-frères, cousins, cousines,
Beaucoup je vous aime tous.