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N'AS bergougne, Lirotte,
Dé tan dé crueütat ; Dab tu, qui court, qui trotte, Nou’n ey mey abançat ; Dus ans t’èy perseguide Coum lous càs hèn lou loup ; Et tu qué’m houeys, perfide, Coum dab lou ben lou poup.
Bé’m hés la bère attrape Lou Dimenché passat ! Qu’aby la bère cape Et lou berrét floucat. Ta’t ha la garrapade You’m approuchèy tout dous ; Redé, coum la pensade, M’amuchès lous talous.
L’aüt die, quoan dansabes, A moun countentamén, D’û plé tistèt d’arrabes Eth boulouy ha presén ; Tu, dab indifference, M’en hés bèt petit cas, Et, per recounechence, Las m’arrouncès seü nas.
Encouère em prud la rée Deü die dé cap d’an ; Bé’m dés la bère estrée, Plà hés en té saüban ; Quoan d'ûe trebucade Mé hés cadé soü mus, Si’t aboussi attrapade Bé serém estats dus.
Dé tan qui you’t adori, Qu’en èy lou cô clabat ; Nou bey lou soü qui houri, Nou pouch senty miüsat : Et tu, tros dé tigresse, Cô cargat dé pousou, Quoan mey té hèy caresse, Labets as mench d’amou. |
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N'as-tu pas honte, Lirotte, De tant de cruauté ; Avec toi, celui qui court, qui trotte, N'en est pas plus avancé ; Deux ans je t'ai poursuivie Comme les chiens font le loup ; Et tu me fuis, perfide, Comme avec le vent l'enveloppe du froment.
Tu me fis une belle niche Dimanche dernier ! J'avais ma belle cape Et mon berret orné de cordons. Pour te faire une surprise J'approcbai doucement ; Vite, comme la pensée, Tu me montres les talons.
L'autre jour, quand tu dansais, A ma satisfaction, D’un panier de navets Je voulus te faire présent ; Toi, avec indifférence, Tu en fis peu de cas, Et par reconnaissance, Tu me les jetas au nez.
Mes reins se ressentent encore Du premier jour de l'an ; Tu me donnas une belle étrenne, Tu fis bien de te sauver ; Quand d’une poussée, Tu me fis tomber sur le nez, Si je t'avais atteinte, Nous aurions été deux.
Je t’aime tant, Que j'en ai le cœur percé ; Je ne vois pas le sol que je foule. Je ne puis plus souffrir le miüsat(*) : Et toi, tigresse, Cœur chargé de venin, Plus je te fais caresse, Moins tu as d'amour.
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