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Ta-s bira de la nèu e doü sourelh qui hisse,
Blu coum lous picous blus dou sou yigant murret,
Lou mountagnòu, dessus sa teste arrayadisse,
Coum cohe patriaü qu'auboure lou berret.
Ouoan l'a soü cap, quin plasérou, quine gausiole !
Nat chibaliè, nat Rey sus sou casque d'azu
Nou hè bara mey fier lou plumet qui l'ardole,
Qué lou toy mountagnòu soun larye berret blu.
Puch, tan qu'ey naü, quin lou bé tié,
Quin l'estaubie !
Aütalèu arribat dou déhore en l'oustaü,
Aütalèu lou berret, au tiret de mayrie,
Dab mountre d'or qu'ey estuyat, coume û cristaü.
E si, bèt cop, déssus drin de terre e-ü griseye,
Si quaüque cop s'ou blu destinten lous hourats,
Qu'ey permou que berret a bist boüne péléye :
La péléye dous pugns, coume la dous laurats.
Gadye d'aünou quoan la chacade entre trop hounce !
Franc e léyaü, prumè d'esloucha cop ni truc,
Lou mountagnòu sou sòu lou sou berret qu'arrounce,
E l'ennemie, labéts, qu'où lhèbe, s'a péruc.
Glòrie, glòrie au berret ! glòrie, glòrie au hialàyre !
Glòrie, glòrie au brespaü rousat qui-uü hé 'speli !
Dé las cohes d'ayòu, berret, qu'ès l'emperàyre :
Qué ta coulou toustém arràye en l'arcouli.
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Pour se garder de la neige et du soleil qui pique,
Bleu comme les pics bleus de sa géante muraille, Le montagnard, sur sa tète hâlée, Comme coiffure nationale arbore le béret.
Lorsqu'il l'a sur le chef, quel plaisir, quelle joie ! Nul chevalier, nul Roi, sur son casque d'azur, Ne porte plus fièrement le plumet qui l'auréole, Que le jeune montagnard son large béret bleu.
Puis, durant qu'il est neuf, comme il vous le tient ! Comme il l'épargne ! Aussitôt revenu de dehors au logis, Aussitôt, le béret au tiroir de grand'mère, Avec la montre d'or est serré comme pierre précieuse.
Et si, parfois, un peu de terre le souille, Si quelquefois des trous déteignent sur le bleu, C'est parce que le béret a vu belle querelle : La querelle des poings, ou celle des labours.
Gage d'honneur lorsque l'insulte va trop loin ! Franc et loyal, avant de lancer coup ni heurt, le montagnard sur le sol jette son béret, et l'adversaire alors le relève, s'il a du cœur.
Gloire, gloire au béret ! gloire, gloire à qui le fila ! Gloire, gloire à la vêprée rose qui le vit naître ! Des coiffures anciennes, béret, tu es le roi : Que ta couleur chante toujours dans l'arc-en-ciel !
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