|
Suspendet bosté gazouilhatye Y bostes
coumbats amourous ; Biét, hostés d'aquesté bouscatyé, Biét, en-çà, tendrés aüzérous ; L'ayré qué rétié soun haléne, Déjà lou printems qu'ens arrit ; Jou, pourtan, qué souy dens la péne ; Biét counsoula lou Rey-Pétit.
Aü crese médich lou sort perfide Soun aguilhou mé hé senti ; Qu'ey hist débat l'urp' houmicido Dé l'esparbé moun pay péri. Tout nud dé soun âle leüyère Ma may qu'em coue déns lou nid ; Sort, préserbe dé ta coulère La may deü praübe Rey-Pétit.
Fier dé soun antique noublesse Qué hè l'arrode ; lou paou ; Dé soun plumatyé la richesse Dé tout coustat qué queste aünou Mantu pouloy ple dé routure Nou s'a pas hiquat dons l'esprit Dé boulé ha coum eth figure Quins soustiés taü Rey-Pétit.
L'aüzet dé pla méchant aügure Qu'ey aquét n'gré dé courbas ; Eth n'ayme qu'eth, y qu'a l'alure D'esta tabé bèt drin Judas. Dé tout soun urpe qué s'empare ; Lous qui quaü cop é l'an neürit Qué s'empresson dé crida gare ! Lous oueils deü praübe Rey-Pétit.
Lou haza pertout jé caquette Qu'aü nid m'a pounut û coucut Mey qu'a la cléque trop rouyette ; Certes, noun' sera pas cregut. Léchem ataü parla l'intrigue ; Dé nat coucut nou souy sourtit ; Ma may nou m'aymére pas brigue Si n'éri pas soun Rey-Petit,
Là haut sus lou roc soulitari, L'Aigle qué fixe lon sourcil ; Autour d'û air inboulountari Souben qu'em cerque du cop d'oueil. Jou nou cragni nade béngénce Aûzèts, si touts pé réunit, Y si bostes cos en silénce Disen : bibe lou Rey-Petit !
|
Suspendez votre gazouillement Et vos combats amoureux ; Venez hôtes de ce bocage Venez ici tendres oiseaux ; L'air retient son haleine, Et déjà le Printemps sourit ; Moi cependant je suis dans la peine, Venez consoler le Roitelet.
Dans l'œuf encore le sort perfide, Son aiguillon me fit sentir ; J'ai vu sous la griffe homicide De l'épervier mon père périr. Tout nu, de son aile légère, Ma mère me couva dans le nid ; Sort préserve de ta colère La mère du pauvre Roitelet !
Fier de son antique noblesse, Le Paon fait la roue ; De son plumage, la richesse, De toute part mandie l'attention.
Plus d'un Dindon plein de roture, Ne s'est-il pas mis dans l'esprit, De vouloir comme lui faire figure... Quels soutiens pour le Roitelet !
L'oiseau de bien mauvais augure, C'est ce noir Corbeau ; Il n'aime que lui, et a bien l’allure D'être aussi quelque peu Judas. Sa griffe de tout s'empare ; Même ceux qui autrefois l'ont nourri, S'empressent de crier gare !
Sauvez le pauvre Roitelet.
Le Coq partout caquette, Qu'au nid un Coucou m'a pondu ; Mais il a la crête trop rouge ; Certes, il ne sera pas cru. Laissons ainsi parler l'intrigue , D'aucun Coucou je ne suis pas sorti ; Ma mère ne m'aimerait pas du tout, Si je n'étais son Roitelet
Là haut sur le rocher solitaire, L’Aigle fixe le soleil ; Le Vautour, d'un air involontaire, Souvent me cherche d'un coup-d'œil. Je ne crains aucune vengeance, Oiseaux, si vous êtes réunis Et si vos cœurs à voix basse,
Disent vive le Roitelet !
|