La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire



  TrebleLou paysa
L OU PAYSA

Que soy paisan, rey de la terre !
Que l'arrosi de mas sudous.
La boune terre neuricère
On, plan coum nats, bibem uróus.
Quoan la laudeta au punt deu die,
Cante gaujousa hens lou soc,
Jou tanben sot dehens ma via,
Tà tribalhar dinc au sóucoc.

Tà jou las planas berdoulibes
Qui soun pingorladas de flous ;
Tà jou las tucòlas omprivas
Ondradas de mila coulous ;
E tanben las honts clarejantas
On l'ayga chorra peus tuteths;
Tà jou las arrius briulejantas,
Lous bòscs oun cantan lous ausèths.

Permor que'n bau per las passadas
Dab lous esclòps herrats de claus,
Qu'ey las culòtas pédaçades,
E soubent marchi pèe descaus,
Quauques pegulhans de la vila,
Estaires o minja-quan-n'as,
Que creden segoti'm la bila
En m'aperant lou paisanàs.

Praubòts ! Trimar shens cès ni pausa
Devath la plouje o lou sourelh,
Aquò mon Diu, n'ey pas gran causa,
Jou qu'èy bon braç, bon pè, bon uelh.
Tà la cabessa, enta la dalha,
Ta la pica, tà l'arrestèth,
Troubatz-me moussuròt qui'm valhe
Be s'y haré, beròy cabdèth !

Mes quoan bien l'ore de la taule,
A ! No'm hèy pas pregar tanpoc,
Si n'y a qu'an l'apetit aule,
Jou que soy toustemps bouharoc
Boune tarrissa de garbura,
Bèra goudale, au mensh quoan n'y a,
Un trocicòt de mascadure
Dessus un gran quilhou de paa.

Que soy paisan, rey de la terre !
Que l'arrosi de mas sudous.
La boune tèrre neuricèra
On, plan com nats, bibem urôs.
Non dèishi pas soubent ma via,
Que tribalhi dinc au sóucoc ;
Mes la laudeta, au punt deu dia,
Ta jou que canta hens lou soc.

Je suis paysan, roi de la terre !
Je l'arrose de mes sueurs.
La bonne terre nourricière
Où, mieux que quiconque, nous vivons heureux.
Quand l'alouette au point du jour,
Chante joyeuse dans le sillon,
Moi aussi je suis dans ma voie,
Pour travailler jusqu'au coucher du soleil..

Pour moi les plaines verdoyantes
Qui sont diaprées de fleurs ;
Pour moi les coteaux ombreux
Ornés de mille couleurs ;
Et aussi les fontaines étincelantes
Où l'eau jaillit par les canaux ;
Pour moi les ruisseaux chuchotants,
Les bois où chantent les oiseaux.

Parce que je vais par les sentiers
Avec les sabots ferrés de clous,
J'ai les culottes rapiécées,
Et souvent je marche pieds nus,
Quelques simplets de la ville,
Rentiers ou crève-la-faim,
Croient me secouer la bile
En m'appelant le « paisanas (le plouc ?)

Pauvrets ! Trimer sans cesse ni repos
Sous la pluie ou le soleil,
Cela mon Dieu, n'est pas grand'chose,
J'ai bon bras, bon pied, bon oeil.
Pour la charrue, pour la faux,
Pour la cognée, pour le râteau,
Trouvez-moi un petit monsieur qui me vaille
ll devrait beaucoup s'y faire, le beau cadet !

Mais quand vient l'heure de la table
Ah! Je ne me fais pas prier non plus,
S'il en est qui ont pauvre appétit,
Moi je suis toujours creux ;
Bonne terrine de garbure,
Beau chabrot, au moins quand il y en a,
Un petit morceau de nourriture
Sur un grand quignon de pain.

Je suis paysan, roi de la terre !
Je l'arrose de mes sueurs.
La bonne terre nourricière
Où, mieux que quiconque, vivons heureux.
Je ne laisse pas souvent ma voie,
Je travaille jusqu'au soleil couchant ;
Mais l'alouette, au point du jour,
Pour moi chante dans le sillon.

puce    Sources
Chanté par Le groupe A.Hourcade

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