La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




L A BISTANFLUTE

So qui'm deslibre la paraule,
Qu'ey lou darrè truc deu boussou
Lou me reyaume qu'ey la taule,
Lou bii qu'apère la cansou,
Sustout quoan ey de Juransou.
Cadu qu'ha soun try,
Soun refry,
Mey lou deu me clari...

Arrépic

Qu'ey la bistanflute,
Flute, flute, flute,
Bou cop de flahute !
Truque tambouri !

Quoan la noeyt ha tenut sas teles,
Aus trabatèyts d'u cèu plaa caut
Ta que nou's truquen las esteles
Be cau qu'oüs jogue quauque saut,
Lou briulhounayre de la haut.
Tout que ba soun try,
Peu refry,
Jou crey deu me clari :
Per la bistanflute ect.

Quoan lou conscrit ba ta la goerre
De poü que he lou pas drin court,
En audint brouni lou tounerre
Mars qu'oü coundusex a la mourt
A truques de cops de tambour.
Tout que ba soun try, etc.

Quoan baxen tas las arribères,
Las anesquetes, lous moutous
Quoan ban au brut de las esqueres
Per batalhous, y peloutous
Atau que sèguin lous pastous.
Tout que ba soun try, etc.

Las gouyatetes à la danse,
A menhs d'habé lou coo dee hac
Ta mielhe segui la cadance
Debat lou mouchoèr au soubac
Qu'han l'arratet qui oüs hè tic tac.
Tout que ba soun try, etc.

Quand jou bey ta bères malaudes,
Qui parlen de-s lexa mouri ;
Sens Aygues Redes, Aygues Caudes,
En cantant, jou las bouy goari,
« Lexatz-meha, » si-oüs diseri.
Tout que ba soun try, etc.

Lou tambouri pagat d'abance,
Daune, que da plaa mechant sou.
Que-b bouleri plaa mete en danse ;
Mes que m'arranjat de fayssou
Que n'èy ni rime ni rasou.
Que souy trop en try
Tau refry
Deu me praube clari :
De la bistanflute,
Flute, flute, flute ;
Bou cop de flahute !
Truque tambouri !

Ce qui me délie la parole (la langue),
C'est le bruit du bouchon (qui saute) ;
La table est mon royaume;
Le vin appelle la chanson,
Surtout lorsqu'il est de Jurançon.
Chacun a son train,
Son refrain,
Mais celui de mon chalumeau :

Refrain

Est la bistanflûtes
Flûte, flûte, flûte;
Bon coup de flûte !
Tape tambourin !

Quand la nuit a tendu ses toiles
Aux combles d'un ciel bien chaud,
Pour que les étoiles ne se heurtent point,
Il faut qu'il leur joue quelque saut (air),
Le violoniste de la haut.
Tout va son train,
Par le refrain,
Je crois, de mon chalumeau :
Par la bistanflûte, etc.

Quand le Conscrit part pour la guerre,
De eur qu'il ne fasse le pas un peu court
En entendant gronder le tonnerre,
Mars le conduit à la mort
A force de coups de tambour.
Tout va son train, etc.

Quand descendent vers la plaine
Les brebis et les moutons,
Ils vont au bruit des clochettes,
Par bataillons, par pelotons;
Ils suivent ainsi leurs pasteurs.
Tout va son train, etc.

Les fillettes à la danse,
A moins d'avoir le cœur de hêtre,
Pour mieux suivre la cadence,
Sous leur mouchoir, à l'abri,
Ont le petit rat (le cœur) qui leur fait tic-tac.
Tout va son train, etc.

Quand je vois de si belles malades,
Qui parlent de se laisser mourir;
Sans Eaux froides, sans Eaux chaudes,
En chantant, je veux les guérir:
«Laissez-moi faire, » leur dirais-je.
Tout va son train, etc.

Le tambourin payé d'avance,
Madame, donne un bien mauvais son.
Je voudrais bien vous mettre en danse;
Mais vous me traitez de façon
Que je n'ai plus rime, ni raison.
Je suis trop en train
Pour le refrain
De mon pauvre chalumeau :
De la bistanflûte,
Flûte, flûte, flûte,
Bon coup de flûte ! (vigoureuse note)
Tape tambourin !


puce    Sources

  • Navarrot. fit cette chanson aux Eaux-Bonnes, après un dîner, où il avait été convié par Mme M.... Ces couplets, qui pétillent d'esprit, s'adressaient à l'aimable hôtesse du poète.

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