La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire


  Treble

ALEXINE

Qu'im diséra qué lou noum d'Alexine,
Tout gayhazén, nou suborne l'esprit?
B'anouncéré plà chic aüreille fine,
Qui n'eü pretzesse û cop l'abousse audit.
Si you m'en crey, la leyt ni la mélade,
Ni las sabous qui lous Diüs an goustat,
Arré n'ey dous coum dé la mie aymade
Lou béroy noum qui las Gracis l'an dat.

A la fourma , nature s'ey prézade
Dé tout en tout qu'em agrade et qué plats,
Peüs de Cypris, oüeils d'Hébé, mas de Hade,
U cos, dûs pès coum las dibinitats
Quin Alexine encouère ey proubédide
Dé ço qui he braga las naü Sérous !
En ère oum bét la briülette flouride
Qui nou's doutta yamèy de sas aülous.

Si la troubat de flourettes oundrade,
Aü ménch béyrat la Reyne deü Printems ;
Het-la canta ! digat si l'ey flatade,
En lou prestan d'Euterpe lous accens.
Boulet sabé si trépeye en mésure
Sus lous puntets espiat-la bouléga !....
Sabi praübine, accabe ta pinture ;
Lou mé pinceü nou hè qu'arrousséga.

You nou la béy soulette ou coussirade,
Qué lou mé cô nou hasque ù loung tartail !
Si l'oueil la perd, qué l'ey dens la pensade
Qui la mé ren coum haré, lou mirail
Tendré Couloum, quoan grates ta parioune,
Roussignoulét, quoan cantes tas amour,
Bosté plazé soulamen b'em estoune
En ço qui n'ey dé toutes las saisons.

Qui me dira que le nom D'Alexine,
Tout grâcieux, ne suborne l'esprit,
Annoncerait oreille bien peu fine,
Qui ne l'appréciât après l'avoir entendu.
Si je m'en crois, le lait ni la millade, (1 )
Ni les saveurs que les Dieux ont goûté,
Rien n'est doux, comme de mon amie,
Le joli nom que les grâces lui ont donné.

A la former, la nature s'est complue,
De tout en tout, elle me charme et me plaît ;
Cheveux de Cypris, ïeux d'Hébé, mains de fée,
Un corps, des pieds comme les divinités !
Combien Alexine encore est remplie
De ce qui fait briller les neuf Sœurs !
En elle on voit la violette fleurie
Qui ne se douta jamais de ses parfums.

Si vous la voyez de fleurs ornée,
Vous la prendrez pour la Reine du Printemps.
Faites-la chanter ! Dites si je l'ai flattée,
En lui prêtant d'Euterpe les accens.
Voulez-vous savoir si elle trépigne en mesure ;
Sur la pointe des pieds voyez-la voltiger !
Viens, pauvrine, achève la peinture.
Mon pinceau ne fait que se traîner.

Moi je ne la vois seule, ou en compagnie,
Sans que mon cœur ne pousse un long soupir ;
Si mon œuil la perd, je l'ai dans la pensée,
Qui me la rend comme dans un miroir.
Tendre colombe, quand tu grattes ta femelle,
Petit rossignol, quand tu chantes tes amours ;
Votre plaisir a cela qui m'étonne,
C'est qu'il n'est pas de toutes les saisons.


puce    Sources

  • LAMOLÈRE

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