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Nou tardes pas, berougine irounglete Ca-i tourna lèu, lou to nid ei guardat. Ger que cuelhoi la premère briulete. A ! Si sabès quant d'ahides m'a dat ! Quan te n'anès un baran de tristesse Croubi la borde e lou ton cabirou Mes l'aube d'aur, toustemps riche en proumesses, Qu'aubreish la porte au temps de la beror.
Aube d'abriu clarejante, estiglade Tu qu'es ta touts un blos simbèu d'amour Au roussinhou das la nueit estelade Enta canta sa permère cançou. Que es bira la laudete esberide, E qu'as un milh tau meni rei-petit. Nou tardes pas, biatjadore caride, Ca-i sauneja hens deu toun béroi nid !
Tu, jouen pastou, quita lèu l'arribère Que soun passats lous grans hreds de l'ibern Que bederas l'aurei de primabère Har segouti la huelhe sus deu bèrn. Que pots quita shens regrèt la campanhe D'es hlors d'abriu bibera toun troupèth Per tout coustat qu'esloureish la mountanhe, Ò temps d'amou ! B'ès beroi e b'ès beth.
Aube d'abriu ! B'ei fière la pastoure Quan bed tourna l'eslejut deu son còr ! Si dab lou hred pendent l'ibern e ploure, Per tu que cante, e b'ei gaujos aquo ! Douma mati, la permère calhade Sera guardade au cubat dab gran suenh Dab quin bounur sera prese e balhade Si Diu soulet d'aquere ore ei temuenh !
Aube d'amou, de rève e d'esperance Au jouen que das lou perhum de la flour Mercès a tu, lou bielh membrance Deu soun bounur com deu soun permè plou. Larmes d'amou ! Quau ei qui nou'n barreje Quan lou gran rève e s'escape hueitiu ? Si dab lou sou coum lou liri blanqueje, L'oumbre deu sè que'u ren negre e caitiu.
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Ne tarde pas, jolie hirondelle, Viens, reviens bientôt, ton nid est gardé. Hier je cueillis la première violette. Ah ! Si tu savais combien d'espoir elle m'a donnés ! Quand tu partis un halo de tristesse Couvrit la grange et ton chevron. Mais l'aube d'or, toujours riche en promesses, Ouvre la porte au temps de la beauté.
Aube d'avril éclatante, éblouissante, Tu es pour tous un pur symbole d'amour Au rossignol tu donnes la nuit étoilée Pour qu'il chante sa première chanson. Tu fais tourner l'alouette éveillée, Et tu as un mil pour le petit roitelet. Ne tarde pas, voyageuse chérie, Viens rêver dans ton joli nid !
Toi jeune pasteur, quitte bientôt la plaine, Ils sont passés les grands froids de l'hiver Tu verras la brise de printemps Secouer la feuille de l'aulne. Tu peux quitter sans regret la campagne, De fleurs d'avril vivra ton troupeau De tout côté fleurit la montagne, Oh temps d'amour ! Que tu es joli et que tu es beau.
Aube d'avril ! Qu'elle est fière la bergère Quand elle voit revenir l'élu de son cœur ! Si avec le froid pendant l'hiver elle pleure,
Pour toi elle chante, et que cela est joyeux Demain matin, le premier caillé Sera gardé dans le « cubat » avec grand soin. Avec quel bonheur il sera pris et donné Si Dieu tout seul de cette heure est témoin.
Aube d'amour, de rêve et d'espérance, Au jeune tu donnes le parfum de la fleur. Grâce à toi, le vieux garde souvenance De son bonheur comme de son premier pleur. Larmes d'amour ! Quel est celui qui n'en verse Quand le grand rêve s'échappe furtif ? Si avec le soleil comme le lis il blanchit, L'ombre du soir le rend noir et captif.
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