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A! Diü mé daü ! quine galère D’esta Moussu, tà hà l’amou !
Aüprès dé la mey haroulère
Qué perd soun tems et soun sermou.
Et d'abord, dab las Damiselles, Lurs flous et lurs hieüs d’arrechaü, Et lurs cartous, et lurs dentelles,
Nou’n y a pas taü clot deü cachaü.
Més quôan béy quaüqué maynadette Dab sa giraffe seü coustat, Soun pè fi, sa raübe courtette,
D'amou mé senti trenspourtat.
Aü poude-cot you qué’m eslanci,
E qué l’abordi coum û hoü ;
Deya aütour d’ère qué’m balanci,
En han bèt drin deü parpailhoü.
Diü, bé y a lountems qui’p persègui,
S'i' ü dic, lou chapeü à la mà ; Jèy ! quin sudat ! Moussu, qué’p prègui Dé’p crouby, tà nou’p enrhuma.
Si sabèt quin lou mé cô p’ayme ! Qu’at crey, Moussu, més qu’èt trop bou.
D’amou per bous qué crey qué’m sayne. Ah ! Moussu, qué’p trufat dé you.
Qué Libery, qué crey, dé’p bedé,
Chens pà ni by, oui, Diü biban !
Puchqu’at yurat qué p‘en caü credé,
Més, Moussu, tirat en daban ;
Anat trouba las Damiselles, Eres qu’an lou parla mey dous. Ah ! nou’m serén pas tan cruelles ! You nou soy pas hèyte entà bous.
Per ma fé, quines macherettes ; Qué’m semblerén pà benedit ; Moussu, puchqué’m benét flurettes,
Abét mounèdes d’û ardit ?
Qu’abét la came fine et dure..... Dure, Moussu, coum û barroulh ; Acô qn’ey dé minya mesture, Dalhurs qu'èy came dinqu’aü youlh.
Plà malurons ey lou qui gaüse Fixa dus ouelhs aüta fripous ; Nou’p an pas, crey, panat gran caüse. Amigue, dat-mé dus pontous.
Dus pots, Moussu ! qu’abét lous bostés, Gouardat lous pé, coum you lous més. Nou’p fachét pas, aü Diü bibostes ! Ou qué’p embrassi tout û més.
U més qué hè quaté semmanes ;
Moussu, qu’èt trop entreprenén ; Lechat-mé dounc. Quines ribanes Abét aü benté, impertinén !
A Diü mé daü ! bé l’abét bère.....
Bé’p daü û bèt bouhét en là.....
Deya dé la mie machère, Qué part û brut qui’m semble clà.....
A Diü mé daü ! quine galère D’esta Moussu tà hà l’amou ! Aüprès dé la mey haroulère Qué perd soun tems et soun sermou.
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Mon Dieu ! quelle galère D'être Monsieur pour faire l'amour ! Auprès de la plus étourdie, Il perd son temps et ses discours.
Et d'abord, avec les demoiselles, Leurs fleurs et leurs fils d'archal, Et leurs cartons et leurs dentelles, Il n'y en a pas pour le creux d'une dent.
Mais quand je vois quelque fillette Avec sa girafe‘e sur le côté, Son pied fin, sa robe courte, D'amour je me sens transporté.
En casse-cou je m'élance, Et je l'aborde comme un fou ; Déjà autour d'elle je me balance, En fesant un peu le papillon.
Dieu, qu’il y a long-temps que je vous poursuis, Lui dis-je, le chapeau à la main ; Jésus ! comme vous suez ! Monsieur, je vous prie, De vous couvrir, pour ne pas vous enrhumer.
Si vous saviez comme mon coeur vous aime ! Je le crois, Mon sieur, mais vous êtes trop bon. D'amour pour vous je crois qu’il saigne. Ah ! Monsieur, vous vous moquez de moi.
Je vivrais, je crois, de vous voir, Sans pain ni vin, oui, Dieu vivant !
Puisque vous le jurez, il faut vous croire,
Mais, Monsieur, passez votre chemin ;
Allez trouver les demoiselles, Elles ont le parler plus doux. Ah ! elles ne me seraient pas si cruelles ! Moi je ne suis pas faite pour vous.
Par ma foi, quelles jolies joues ; Elles me sembleraient pain béni ; Monsieur, puisque vous me vendez des fleurettes, Avez-vous de la monnaie d’un liard ?
Vous avez la jambe fine et dure.... Dure, Monsieur, comme un bâton ; C'est que je mange de la mêture, D'ailleurs j'ai de la jambe jusqu'au genou.
Bien malheureux est celui qui ose Fixer deux yeux aussi fripons ; Ils ne vous ont pas, je crois, volé grand‘ chose. Ma chère, donnez-moi deux baisers.
Deux baisers, Monsieur, vous avez les vôtres, Gardez-les comme moi les miens. Ne vous fâchez pas, aü Diü bibostes ! Ou je vous embrasse tout un mois.
Un mois fait quatre semaines ; Monsieur, vous êtes trop entre prenant ; Laissez-moi donc. Quel diable Avez-vous dans le ventre, impertinent !
Mon Dieu ! que vous avez une belle... Je vous donne un bon soufflet.... Déjà de ma joue Part un bruit qui me semble clair...
Mon Dieu ! quelle galère D'être Monsieur pour faire l'amour ! Auprès de la plus étourdie
Il perd son temps et ses discours.
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