La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




LA CHAPELLE DE L'AYGUELADE
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La chapelle de l'Ayguelade :
   Aigalatte sur la carte Vaugondy de 1753,
   Aiguelade sur la carte Cassini de 1779,
   Laïgalade sur le cadastre napoléonien de 1836,
est située au quartier l'Ayguelade à Bielle.
   Elle aurait été restaurée au XXe siècle. La plaque d'information nous apprend que les vitraux proviennent des ateliers Mauméjean.
   Pratiquement en face et de l'autre côté de la route se trouve la « houn de l'Aygueleda », une fontaine consacrée à,

   Notre Dame de l'Ayguelade, qui possèderait des vertus médicinales (et miraculeuses ?), mais aucune tradition ne subsiste de nos jours sur cette source et son efficacité.
   Sentinelle figée au bord de la route, elle se pose en gardienne d'une légende.

   La légende raconte l'exploit du seigneur de Béon durant les invasions normandes de 840 à 877.
   Ainsi le jeune seigneur svelte et rapide parvint a vaincre le chef normand, un colosse doublé d'un géant, aidé en cela par son épouse Margalide qui était l'enjeu de ce combat.
   Margalide jeta son voile à la tête du normand qui aveuglé tomba à terre, le jeune seigneur en profitera pour trancher la tête de l'envahisseur, les normands s'enfuirent, la vallée était libérée.
    Priant la vierge du Ciel pendant tout le combat, émue de reconnaissance d'avoir été bien inspirée, Margalide fit bâtir, sur le lieu même, à proximité d'une source abondante, une chapelle sous le nom de Notre Dame de l'Ayguelade.
   Plusieurs variantes existent de ce récit.
   Nous sommes au IXe siècle, et la religion chrétienne est bien implantée dans la Vallée d'Ossau.
   C'est pourquoi on pourrait y voir là une transposition du mythe biblique de David contre Goliath ou tout aussi bien y voir l'émanation de la survivance de croyances qui remontent à la nuit des temps.
   En effet la mythologie pyrénéenne de la création place à l'origine du monde le dieu serpent Herensugue Le christianisme tentera d'éradiquer tous les dieux des origines, il fera d'Herensugue un énorme dragon dévastant les vallées qu'un courageux et rusé berger serait parvenu à vaincre. Etonnant ! La présence de la source est aussi trés importante
   Nos lointains ancètres considéraient l'eau comme la nourriture de la Déesse Mère, la Terre. L'eau qui coule ou qui jaillit fut de tout temps parée de toutes les vertus. Les Celtes importeront dans notre mythologie le culte des sources et des fontaines, les Romains en usèrent de façon ludique tout en conservant aux eaux guérisseuses un caractère sacré, principe que le christianisme récupèrera pour en faire des eaux miraculeuses en les liant avec des apparitions de la Vierge.
   Cette légende pourrait être un conte populaire où se mélangent, histoire, merveilleux, mythologie, tradition, religion, sacré et dont on aurait situé l'action sur un lieu de culte ancien. Il est donc bien difficile d'en distinguer les origines. L'histoire ancienne ne dit pas si la chapelle de Margalide a bien été construite et quand elle l'aurait été. L'histoire beaucoup plus récente retrace la construction d'une chapelle, sans lien avec la légende.
    Des archives de Bielle rapportées en 1859 par F. Couaraze de Laa nous apprennent qu'après l'épizootie de 1679 et pour remercier Dieu de sa protection les Biellois décident de construire une chapelle à l'Ayguelade, aprés en avoir édifié une à Marie Blanque, et l'avoir abandonnée.
    Sa construction, par le maître d'oeuvre et sculpteur Bradines d'Izeste remonte en 1695, comme en fait foi la délibération du 20 octobre 1696.
    Mais cette chapelle ne se trouvait pas à l'emplacement de celle que nous connaissons aujourd'hui, elle était à quelques centaines de mètres plus loin à l'est, plus proche du Gave. La délibération du 4 mai 1769 traite du motif de son déplacement : la chapelle primitive était bien trop écartée de la route et cet éloignement était moins propre à exciter la dévotion et les pieuses offrandes des passants.
    La chapelle actuelle aurait été terminée en 1786.

   Jusqu'en 1793, lors de la fête annuelle du sanctuaire le premier jura de Béon recevait en premier le pain bénit et le cierge en souvenir de la vaillante Margalide.
    Il n'y a pas si longtemps encore des processions avaient lieu, on y célébrait la nativité de la vierge, la Sainte Marguerite (en souvenir de Margalide) et la Saint Vincent.
   De nos jours une messe y est célébrée de temps en temps.

puce    Sources

  • Vincent Garnoix

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