PLATEAU DU BENOU
Lieu de l'eau et des sources
En 1652 le Béarn traverse une forte épidémie de peste et en 1676 une terrible épizootie ravage de nombreux troupeaux dans la vallée d' Ossau.
Aussi en 1685 les habitants décident de construire une chapelle à cet endroit afin de remercier la vierge Marie d'avoir mis fin à leurs malheurs.
La chapelle actuelle date de 1900.
A l' intérieur on y trouve la statue de St Roch qui protège de la peste et protecteur des troupeaux. On le vénère depuis la fin du moyen-âge.
Et la statue de St Antoine le grand, protecteur des animaux domestiques, avec à ses pieds un cochon.
St Antoine est la représentation chrétienne d' un druide celtique dont l'animal totémique était un sanglier.
IL est aussi le patron des charcutiers.
Le territoire du Houndas est en indivision reconnue par les Jurats de Bielle et Bilhères depuis des siècles et la chapelle se trouve donc sur un terrain indivis entre Bielle et Bilhères.
Ce lieu abrite depuis des temps immémoriaux la Houn de las Hadas.
Ce nom évoque la présence de la fontaine qui coule à proximité et en fait un lieu très agréable et vivant par le courant continu de ses divers ruisselets. La chapelle est implantée proche de la source et l'on considère traditionnellement que son eau est lustrale et miraculeuse.
Le processus de christianisation a fait élever des chapelles sur des lieux de culte païen.
La chapelle du Houndas, qui de nos jours témoignage du culte marial et du culte domestique des pasteurs, est incontestablement située sur un lieu de culte occupé depuis les temps les plus reculés où l'on célébrait celui de l'eau et des fées.
Le monde chrétien l'a remplacé par celui des saints. Ainsi sur les lieux de cultes païens anciens s’élèvent des symboles chrétiens, croix et chapelles, dans des lieux mythiques ou dotés de pouvoir comme ici.
L'on peut se demander s'il n'y a pas eu un processus identique à celui du développement du culte de Sarrance : présence d'une source curative, de rochers et de souvenirs de vieux cultes de l'époque mégalithique ou néolithique.
Ici les bêtes allaient boire l'eau de cette fontaine et l'on sait que l'on accordait à certaines eaux un pouvoir de guérison de la peste bovine.
Les bêtes qui montent aux estives empruntent toujours cette voie très ancienne puisqu’elle est située sur le chemin qui mène aux multiples cromlechs des couraus de l'époque néolithique, lieux fréquentés par les anciens pasteurs.
Un groupe de 24 pierres se trouve tout près, deux autres en comptaient une vingtaine.
La chapelle est donc située sur un lieu de culte occupé depuis les temps les plus reculés.
La chapelle est donc dédiée à Marie, protectrice de la montagne, du sanctuaire et des troupeaux. Elle est un témoin en Ossau du culte marial et du culte domestique des pasteurs.
Ou sait qu'en 1652 une forte épidémie de peste se répandit et en 1676 une terrible épizootie toucha le Béarn. La peste décima plus de la moitié des troupeaux. C’est pourquoi comme le confirment les archives du lieu " devant le mal qui sévissait et décimait les troupeaux les habitants firent vœu d'élever une chapelle en l’honneur de la Vierge si elle arrêtait le fléau et après sa disparition ils eurent à cœur de tenir leur promesse. "
La fondation de la chapelle, érigée dans la zone pastorale de Bielle et Bilhères, à l'entrée des pâturages du Bénou, remonte donc â l’époque de l'épizootie de 1676 qui fut particulièrement importante.
On raconte même que pendant l'épizootie deux pasteurs de Bilhères parquèrent leur troupeaux dans un quartier du Bénou appelé le bois noir et qu’ils les nourrirent sur place avec des fourrages secs, ce qui les auraient épargnés de cette maladie.
Les bilhérois firent construire le sanctuaire en 1685 et l’on aurait fait graver une plaque sur laquelle on pouvait lire : " Reçois Vierge, ce vœu conçu pour le troupeau ". Plus tard, vers 1700, 1703 disent certains, chaque famille du village planta des arbres autour de ce site, ce qui expliquerait la présence des nombreux chênes.
Les 55 chênes correspondraient aux 55 contribuants sans que l'on puisse l'affirmer, confirment les gens du pays ou les historiens locaux.
Comme l'eau, l'arbre est porteur du symbole de vie, d'autant qu’il met en communication le monde souterrain par ses racines, le tronc émerge à la surface de la terre et ses branches tendent vers le monde des hauteurs où siégeraient les esprits ou forces suprêmes. Il met ainsi en communication les trois niveaux du cosmos.
La chapelle dédiée à la Vierge protectrice, renferme une statue de Marie présentant l'Enfant Jésus encadrées par deux anges adorateurs
On a également placé la statue de Saint Roch, qui est considéré comme protecteur de la peste des humains et des pestes des troupeaux. Saint Antoine, accompagné d'un petit cochon, est aussi présent, il est le protecteur des animaux domestiques.
Après l'épizootie de 1774 on redonna de l'importance à ce sanctuaire.
Quelques travaux eurent lieu comme la reconstruction de la toiture par Pierre Gaulet de Bielle en 1862. le remaniement des lambris intérieurs et la construction d'un entablement fait de planche blanchie.
La chapelle actuelle fut reconstruite vers 1898-1900 sur les plans de l'architecte palois Gabarret, dans un style dépouillé néo-gothique.
La Fabrique et le Conseil municipal décidèrent de la reconstruire en utilisant des dons, legs et revenus de la location des chaises. Ou fit donc appel aux subventions municipales et on lança une souscription auprès des villageois.
On confia les travaux à l'entrepreneur Casanave d'Aste, sous la direction de l'architecte Gabarret de Pau. Elle fut inaugurée le 30 juin 1902. On perdit alors l'ancienne inscription " Prot grege conceptum Virgo accipe Votum. "
La Fabrique acheta du mobilier, notamment un autel commandé à un marbrier toulousoin.
Dans le cours des siècle nos anciens organisèrent diverses manifestations dédiées à la Vierge au mois de mai, aux Rogations et à la Saint Jean.
On bénissait des rameaux qui servaient à asperger le bétail avec l’eau bénite, tandis que l'on allait se laver aux fontaines avant d'assister à la messe.
Après la fête de l'Assomption du 15 août, on célébrait ici même celle de Saint Roch le 16 août. Pendant la guerre de 39-45 une messe était dite chaque samedi.
On bénissait également de l'eau pour en asperger le troupeau à l’Ascension.
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