La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
DESPOURRINS.
Famille originaire d'Accous.
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espourrins. Famille originaire d'Accous, dans la vallée d'Aspe, qui donna naissance au plus célèbre des poètes Béarnais.
Pierre Despourrins, membre des Etats et abbé inféodé de Juzan, titre qui conférait entr'autres prérogatives celle d'une participation à la nomination des curés d'Accous, suivit la carrière des armes où il se distingua par sa bravoure. A la suite d'une querelle avec trois gentilhommes étrangers, il les défit successivement en combat singulier, et obtint, pour perpétuer le souvenir de cet exploit, l'autorisation de porter trois épées dans ses armes.
De son mariage avec Gabrielle de Miramont, issue d'une puissante famille du Bigorre, naquirent trois enfants dont les deux derniers entrèrent dans les ordres et devinrent, Joseph, curé d'Accous, et Pierre, vicaire de la même commune.
Leur aîné, Cyprien, appelé aussi le chevalier DESPOURRINS, naquit à Accous en 1698.
Il est dans sa jeunesse un intéressant épisode. Un jour qu'il se trouvait aux Eaux-Bonnes, Cyprien reçut un affront dont il demanda satisfaction immédiate. Le défaut d'armes sur les lieux le contraignit à envoyer son domestique quérir son épée à Accous, après lui avoir recommandé de détourner par une version plausible les soupçons que cette commission pourrait faire naître dans l'esprit de son père.
Ce dernier, peu satisfait des explications qui lui furent données pour justifier la demande d'une arme inutile dans les montagnes, suivit les traces du domestique et arriva dans la maison où le duel de son fils avait lieu assez à temps pour entendre à travers la porte de l'appartement le cliquetis du fer meurtrier.
Loin d'entrer et d'interrompre le combat commencé, il s'arrêta extérieurement attendant que tout bruit eut cessé. Le chevalier sortit presqu'aussitôt et tomba dans les bras du vieux Despourrins, qui lui dit en le serrant tendrement :
« Le retour précipité de ton domestique fait que je suis parti après lui, présumant que tu avais quelque affaire d'honneur, et de crainte que tu ne succombasses, j'ai emporté mon épée qui n'a jamais été vaincue. » — « Je suis votre fils, répondit le chevalier, mon adversaire est grièvement blessé, allons le secourir. »
Gabrielle de Miramont ayant hérité par la mort de son frère de propriétés considérables dans le Bigorre, la famille Despourrins, appelée dans cette contrée par ses intérêts, quitta la vallée d'Aspe vers 1746 et fut s'établir à St-Savin.
C'est là que Cyprien, déjà connu par quelques productions, composa les délicieuses poésies qui ont rendu
son nom populaire dans les Pyrénées, et qu'il termina sa carrière à un âge avancé. La circonstance de sa longue résidence dans cette localité a pu faire croire à quelques écrivains qu'il appartenait a la Bigorre par droit de naissance, erreur irréfutablement constatée par les registres de l'église d'Accous. Du reste, Despourrins, bien qu'éloigné de sa patrie, conserva « l'empreinte du sol natal » à toutes ses compositions, dans lesquelles on retrouve le Béarnais le plus pur. Une souscription fut ouverte en 1840
dans le département des Basses-Pyrénées pour élever un monument à sa mémoire, et la vallée d'Aspe montre aujourd'hui avec orgueil au visiteur la colonne qui lui rappelle son poète.
Nous avons déjà mentionné au chapitre
Littérature les principales productions de Despourrins Productions conservées jusqu'à nos jours par la seule tradition et dont plus d'une se serait sans doute égarée, si M. Vignancour n'avait eu l'heureuse idée de les recueillir dans nos vallées pour les comprendre dans
un précieux recueil dont nous avons déjà parlé.
Suite../..
Sources
- CH.DE PICAMILH, Statistiques générale des Basses-Pyrénées , Imprimerie E.Vignancour, Pau, 1858.
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