DUCHESSE DE BERRY
(l8 JUILLET–31 SEPTEMBRE 1828)
u printemps de 1828, le bruit se répand en France du voyage prochain que doit entreprendre dans l'Ouest et le Midi, Madame, Duchesse de Berry.
Cette princesse ira visiter diverses régions bien connues pour leur loyalisme à la couronne, puis elle fera une cure thermale dans les Pyrénées.
Il faut se souvenir de ce que représente la duchesse de Berry pour se rendre compte de l'importance de l'événement. Marie-Caroline de Naples a eu en effet une existence de conte de fée. Née en 1798 d'un pauvre roi chassé de ses États, elle semble promise, sinon à la médiocrité, tout au moins à l'indifférence des peuples. Mais voici qu'un beau matin de mai 1816, le Vieux Port de Marseille l'acclame à son débarquement sur la terre française où elle vient pour attendre une couronne.
Sans doute il y a auprès du roi Louis XVIII un Dauphin et une Dauphine, mais bien plus que vers ces tristes Angoulême, la ferveur de la France va vers ce jeune couple, vers ce Charles de Berry et vers cette Marie-Caroline qui est plus que jolie puisqu'elle est séduisante.
Les années de bonheur sont brèves, et c'est soudain le drame de l'Opéra. Le soir du 13 février 1820, le duc de Berry tombe mortellement frappé.
Tout s'écroule sous le poignard de Louvel, le régicide ! Mais non, tout renaît car voici « le miracle ». Le 29 septembre, la naissance du duc de Bordeaux apporte au royaume une immense espérance et déjà on sacre l'enfant du nom d'Henri V. Cette jeune veuve, un peu excentrique mais si sympathique, ce petit prince, voilà « la fortune de la France ».
Les années ont passé, si Charles X règne aux Tuileries, Marie-Caroline règne sur tous les cœurs de France.
On mesure dès lors l'allégresse des populations qui apprennent la prochaine venue de l'aimable princesse. L'événement se confirme officiellement. Le 21 mai 1828, le Ministre de l'Intérieur annonce au préfet des Hautes-Pyrénées que la duchesse de Berry séjournera dans son département.
Madame viendra dans les Pyrénées ! Le 16 juin, elle quitte en effet Rambouillet, accompagnée de la maréchale de Reggio, de la marquise de Podenas
et du fidèle comte de Mesnard, celui-là même dans les bras de qui est tombé le duc de Berry au soir funèbre du 13 février 1820.
Alors commence le plus merveilleux voyage : la Touraine, la Bretagne, la Vendée lui font l'accueil le plus chaleureux, le plus inoubliable. « La campagne de 18З2 était en germe dans le voyage de 1828 », écrira Alfred Nettement, et il ajoutera même, « il semble dès lors à la Princesse qu'il existait un pacte tacite entre elle et la Vendée ».
Que de souvenirs, que d'espérances ranime ou soulève cette chevauchée ! L'historique amazone verte, le feutre gris qu'auréole un voile de gaze, soulèvent partout les populations. De ville en ville, de château en château, c'est une marche triomphale. La voici, vers la mi-juillet, à Bordeaux, la ville dont son fils porte le nom ! Marie-Caroline entre dès lors dans cette région pyrénéenne dont
les historiens se sont bornés simplement à l'indication rapide mais où pas à pas, presque heure par heure, nous allons ici la suivre, vivant avec elle deux mois dans les Pyrénées.
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Sources
- Gorsse (de) Pierre. Deux mois dans les Pyrénées avec Marie-Caroline de Naples, duchesse de Berry (18 juillet - 21 septembre
1828)
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