La vallée d’Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




LE COMBAT DE LA CAZE
DE BROUSSETTE10



es artilleurs espagnols incendièrent tous nos ouvrages, les baraques, l’arbre de la liberté et l’auberge de Broussette.
    Il ne semble pas qu’il y eut de retranchements importants. Le rapport les cite et ne mentionne pas leur utilisation, ils furent sans doute tournés dès le début. L’histoire des chasseurs de Barbastro parle de la démolition des fortifications françaises.
     C’est, en définitive, un gros coup de main, exécuté par des troupes d’élite, sous les ordres directs du Général en chef, soucieux de faire parler d’une armée peu active. Enfin et surtout, c’est une opération minutieusement préparée par des spécialistes, contre des troupes improvisées. « Le colonel Marquis Gualengo, qui a commandé longtemps dans cette vallée, m’a été très utile en cette occasion, grâce à la connaissance du terrain et de la situation de l’ennemi qu’il a acquises par un incessant travail. Je puis dire la même chose des colonels D. Benito Pardo y D. Manuel Aguirre, et de l’ingénieur extraordinaire D. Luis Rancano qui connaît très bien cette situation ».

     La position des Français était mauvaise, mal gardée, peu ou pas fortifiée. Nous allons voir que leur chef n’a pas montré non plus toute l’activité désirable.

     Du côté français, le procés-verbal de la Municipalité rapporte le témoignage de deux officiers : � le citoyen Mieussan, Capitaine en second de la compagnie franche, dite de l’Egalité, était venu, le 30 juin, accompagné du Lieutenant Lanusse de la même compagnie pour remettre au citoyen Raynaud une lettre des citoyens Vissière et Ducos, pour l’avertir des menaces de l’Espagnol et lui demander les deux compagnies qui étaient, pour lors, à Gabas et Laruns et des munitions qui étaient dans Gabas et dans Laruns.
    A laquelle lettre le citoyen Raynaud ne répondit pas, se proposant de répondre le lendemain matin. Que le lendemain matin, on vient lui annoncer l’attaque de Broussette et successivement, la prise et que, s’excusant sur la faiblesse de ses yeux, il ne monta avec les deux compagnies qu’après la prise du camp, et le dit citoyen confirme en outre, conformément à la déclaration du Conseil Général, que le citoyen Exéa (sic) n’était pour rien dans cette affaire, et qu’il n’y avait d’autre commandant que le citoyen Raynaud, et qu’il a été le témoin de la peine infructueuse de ce général à son arrivée pour retenir les troupes qui voulaient se retirer.
»
     Le Général d’Exéa, prévenu le 1er juillet à Oloron, au moment où il se disposait à aller inspecter la vallée d’Aspe, partit sur le champ pour Laruns « Son premier soin fut d’aller visiter le poste de Gabas et d’y réunir tous les efforts pour retenir les gardes nationaux, mais en vain, puisqu’ils menaçaient de faire feu, donnant pour raison qu’on les avait trompés jusque là et laissé manquer de tout.
     Le citoyen Dumoulin « capitaine d’une des compagnies pour lors dans la vallée témoigne que le général Exéa a fait ce qu’il a pu pour retenir les deux compagnies qui voulaient être licenciées
«. (C’est-à-dire les 300 hommes levés dans la vallée.) » Le Conseil Général de la commune, d’accord avec les commissaires du canton, offre, s’il le fallait, de procurer une attestation de chaque municipalité du canton connaissant la faveur que les habitants portent au Général qui s’est comporté dans leur canton en zélé républicain et ardent défenseur de la patrie. »
     Le rapport de Féraud, déjà cité, expose � qu’il y avait lors de l’attaque, deux compagnies franches de naturels du pays sold�es, il y existait deux autres compagnies franches une pièce de huit (en batterie au Hourat hors de portée d’intervention) et deux républicaines, des munitions que de plus le Commandant Raynaud, et trois commissaires de la vallée d’Ossau, avaient reçu des fonds des représentants du peuple pour faire exécuter sur le champ dans ce pays, un plan de défense qui devait totalement le garantir.
     Que s’il y a des reproches à faire à quelqu’un, c’est au Commandant Raynaud qui avait la distribution des forces et à qui la défense du pays était confiée. Qu’au surplus, les ennemis ne sont pas entrés dans la vallée d’Ossau, qu’ils surprirent seulement un poste avancé et des bestiaux imprudemment conduits sur les montagnes, ce qui peut arriver tous les jours.
     « On leur a pris, écrit la Gaceta, 2.000 têtes de bétail, dont 1.000 à cornes, et le reste ovins et mulassiers, deux canons de campagne dont un fut abandonné, car il avait éclaté, un drapeau que prit le Lieutenant D. Joseph Argumosa, et que je remets à votre Excellence, et beaucoup d’autres choses dont s’empara la troupe. »
     Comme les compagnies, et surtout les compagnies franches, ne devaient pas avoir d’emblème, l’origine de ce « drapeau » est mystérieuse. Peut-être s’agit-il d’un pavillon placé sur le camp ou sur l’arbre de la liberté, ou d’une enseigne de fantaisie que l’une des deux compagnies se serait attribué de son chef. Il serait donc bien intéressant de le retrouver, ou d’en connaître une description exacte.
     Il n’y avait à Broussette que deux compagnies franches : la compagnie franche de l’Egalité, sans doute la première formée « Ossau, » l’effectif de 150 hommes, la compagnie franche La Républicaine, ou des Républicains formée à Oloron le 1er mai 1793, « l’effectif de 95 hommes. C’est très vraisemblablement celle dont parle le Directoire des Basses Pyrénées dans sa lettre » Servan du 29 avril. Les commandants des deux compagnies étaient les capitaines Vissière et Ducos, mais ni leurs dossiers ni les registres matricules de leurs troupes n’ont pu être retrouvés. Les deux autres compagnies alors dans la vallée étaient à Gabas, à Laruns et à Bious.
     Le citoyen Dumoulin, entendu à la réunion de Laruns, le 4 août 1793 était capitaine des Grenadiers du 7e bataillon du Lot, formé le 16 juin 1793 et envoyé en renfort dans la Vallée après l’évènement.
     Le citoyen Renaud suivant la graphie des municipaux et de Feraud, ou Raynaud, comme il signe lui-même est plus difficile à identifier. J’ignore s’il fut puni comme il le méritait, pour sa mollesse et ses défaillances. Il fut remplacé par le citoyen Clopin.

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   Sources

  • Colonel Bernard DRUENE, Les débuts de la campagne de 1793 aux Pyrénées centrales, et le combat de la Caze de Broussette
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