|
U jouen galan jou m'ey troubat Lou plus bèt deü bilatgé
Qué'm hè la cour, qué m' a baillat Lou sou cô chens partatjé
Et mey dé cent cops m'a jurat Qué nou'm seré boulatgé.
Dessus las aütes deü bésiat,
Qu'em dat la préférence : Qué n'eüs a jamey temoinhat Brigue de coumplasence,
Et jou nou l'ey jamey parlat
Dé ma récounéchence.
Eth mé porte cade mati U trousseü dé briületes ; Eth barreja, sus moun cami,
A brassats las flourettes
Et si m'arribe dé droumi,
Qu'em gouarde las auilhètes.
Eth qu'a toustem ta'm réjoui Quauqué cansou nabère, Qué yogue tà plà deü clari
Et qu'a la bouts tan bère !
Nou dad eth, on nou pot langui ; Ah ! qué s'en manque hère !
Cade moumen qui a dé lézé
Eth saute arriüs et pennes. Qu'at traüuque tout, ta'm bié bédé,
Charmat dé sas cadénes ;
Et qué partatye, dab plasé,
Mas yoyes et mas pènes.
En béden souns régards tà dous, La force m'abandoune.
Quoan aüré cent-mille jalous Chens desplasé à persoune,
Eth seré lou Rey deüs pastous, Eth qu'aüré, la couroune.
|
|
Un jeune galant j'ai trouvé, Le plus beau du village. Il me fait la cour, il m'a donné Son cœur sans partage ; Et plus de cent fois il m'a juré Qu'il ne serait pas volage.
Dessus les autres du voisinage, Il me donne la préférence Il ne leur a jamais témoigné
La moindre complaisance, Et il ne leur a jamais parlé
De ma reconnaissance.
Il me porte, chaque matin, Un bouquet de violettes ; Il répand, sur mon chemin Par brassées, les fleurs : Et s'il m'arrive de dormir, Il garde mes brebis.
Il a toujours, pour me réjouir, Quelque chanson nouvelle. Il joue si bien du hautbois, Et sa voix est si belle ! Non, avec lui, on ne saurait languir ;
Ah ! il s'en faut beaucoup !
Chaque instant qu'il a de loisir,
Il saute ruisseaux et collines. Il passe à travers tout, pour venir me voir, Charmé de ses chaînes ; Et il partage avec plaisir,
Et mes joies et mes peines.
En voyant ses regards si doux, La force m'abandonne,
Quand j'aurais cent mille jaloux, Sans déplaire à personne, Il serait le Roi des pasteurs, Il aurait la couronne.
|