La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




BENTE-SAINGRIS.

Qui nou couneich lou yuramen d'HENRIC.
Bente-Saingris !... mes coum n' y a hère chic
Qui saben d'oùn poudou proubiene
Aquet yurou ; you que pap' baü appréne.

Quoan deü Béarn Henric débou sourti,
Ue youenne paysanne qu'aymabe
Que biencou taü bède parti :
Jeanne SAINGRIS (ataü que sapérabe)
De chagri qu'es pensa mouri.
La doulou d'aquère maynade,
Et sa taille bet drin eslade,
Gatye biben de soun amou,
A d'Henric hasen coumpassiou.
De la quitta n'abé pas lou couratye.
Mes sa may que l'atten, la Glori qu'a parlat,
Praübe Jeanne ! belleü que fini lou coumbat...
HENRIC, aüs espartits qu'eü tiengou taü lengatye :
« Adiü SAINGRIS !...
De tu toustem qu'em soubienrey,
Et per BENTE-SAINGRIS,
Toustem qué yurerey ! »

Qui ne connaît le jurement d'Henri,
Ventre-Saingris !... mais comme il y en a fort peu.
Qui sachent d'où peut provenir
Ce juron, je vais vous l'apprendre.

Quand du Béarn Henri dût sortir,
Une jeune paysanne qu'il aimait,
Vint pour le voir partir :
Jeanne SAINGRIS (c'est ainsi qu'elle s'appelait),
De chagrin pensa mourir.
La douleur de cette jeune fille,
Et sa taille un peu enflée,
Gage vivant de son amour,
A Henri faisait compassion.
De la quitter il n'avait pas le courage...
Mais sa mère l'attend ; la gloire a parlé,
Pauvre Jeanne, bientôt a fini le combat.
HENRI, en partant, lui tint ce langage :
« Adieu Saingris !...
De toi toujours je me souviendrai,
» Et par VENTRE-SAINGRIS,
Toujours je jurerai ! »


E. VIGNANCOUR.
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