Sus l'û deüs arbes de la Plante , Ue Cigale fainèante, Duran l'estiu, dab sa cansou, Eschourdabe tout lou cantou.
Penden aquet tems l'Arroumigue, Plus saye et deü tribail amigue, Dab lous pès, las dents et lous dits, Aban que lou maü-tems arribe ; Hasè soun osque, coum oun dits, Et s'amassabe de que bibe : Saben pla que tout ço qui biu, Que minye l'hyber coum l'estiü
Ataü nou resoune û aüyami, Tabé, l'insten d'après, la hami, Coum lou tems drîn s'ère enredit, Que la hé descende en taü nid.
Qu'ey trouba ? Bet nou-arré : doulente, Et coum credet, âle penente, Pren soun partit, sort, et déyà Truque au loutgis de l'arroumigue: Qui'ey aquiü ? You bou'n prègui, amigue, Oubrit. Que demandat ? Que ya ? Sis' pot, quaüqu'arré ta minya. Et dès qué la sésou nabère Biéra, hidat-p'à you, coumère Qu'ep paguerey, fé d'animaü, L'intérest dab lou capitaü.
L'arroumigue qu'ey bèt drin chiche, Taüs aüts coum t'a d'ere médiche : Et qu'abet heyt l'estiü passat ? Seii dits, dab û trufec arride. Ço qui ey heyt ? Certes qu'ey cantat. Cantat ! fort bien ; qu'en souy rabide : Are dounc que poudet dansa ; Et qu'ep serbira de minya.
La praübe cigale, counfuse, Que s'en tourna, diü sap, camuse. Mey d'û baiirien, mey d'û pénail, Qu'es pot bede en aquet mirail. |
Sur l'un des arbres de la Plante
Une Cigale fainéante, Durant l'été, par ses chansons, Etourdissait les environs.
Pendant ce temps la fourmi, Plus sage et du travail amie, Avec les pieds, les dents et les doigts, Avant que le mauvais temps arrive, Faisait sa provision, comme on dit, Et ramassait de quoi vivre ; Sachant bien que tout ce qui respire Mange l'hiver comme l'été.
Ainsi ne résonne pas une bête ; Aussi l'instant d'après la faim, Le temps s'étant un peu refroidi La fit descendre du nid.
Qu'y trouva-t-elle ? Rien du tout : dolente, Et comme vous pensez, l'aile pendante, Prenant son parti, elle sort, et déjà Frappe au logis de la fourmi : Qui est là ? Moi, je vous prie, moi amie, Ouvrez. Que demandez-vous ? Qu'ya-t-il ? Si cela se peut, quelque chose pour manger, Et dès que la saison nouvelle Viendra, fiez-vous à moi, commère, Je vous paierai, foi d'animal, L'intérêt et le capital.
La fourmie est un peu chiche Pour les autres comme pour elle-même. Et qu'avez-vous fait l'été passé ? Lui dit-elle, d'un air moqueur. Ce que j'ai fait ? Certes, j'ai chanté ! Chanté ! C'est bien, j'en suis ravie ;
Maintenant vous pouvez danser, Cela vous servira de manger.
La pauvre Cigale confuse Se retira, dieu sait, camuse. Plus d'un vaurien, d'un paresseux Peut se voir dans ce miroir.
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