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Digues, cruelle pastoure,
Digues-mé quoan m'aymeras ? Tan y a que moun cô ploure ! Yamey nou't attendriras ?
Qu'aymerey quoan pla mé biengue : D'aco nou't caü pas mescla. Lou mé cô, ni la mie lengue, Nou't debén pas arré da.
Encouère em debés l'ahide, Encoure em debés ayma, A you qui dé tu, perfide, Soy l'esclabe lountems a.
Aco, coum nou'ts at gouardabes ? You nou't en èy nad aha. Quoan à'm ayma t'abusabes, T'y cale mielhé abisa.
Ataü seran doline pagades Mas peines per tas rigous ! Ataü seran cmplegades Mas tendrés affections !
Nou'm soy pas apercebude Dé tu ni dé toun amou : Si peine t'ey counegude, Pren t'en à d'aiites qu'à you.
Touns bèts ouelhs, dure beryère, Soun la caüse dé mouns maüs ; Et toun humou ta sebère Qué trouble tout moun repaüs.
Moun humou qu'ey à ma mode ; Nou't en cati pas occupa. Si ma biste fincoumode, Bèt tu't en pots soulatya.
Ayes-né pietat, tigresse, Dé l'excès de ma langou ! Insensible à la tendresse, Ayme'm, per coumpassiou.
Dé tout moun cô, you bé't plagni, Més quoan serés aü trepas, Perqué bos qué you qué't aymi, Si aü mé cô nou plasés pas ?
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Dis cruelle bergère, Dis-moi quand tu m'aimeras. Il y a longtemps que mon cœur pleure, Jamais tu ne t'attendriras.
J' aimerai quand cela me viendra : De cela il ne faut pas t'en mêler. Ni mon cœur ni ma langue Ne te doivent rien.
Encore tu me dois l'espoir, Encore tu dois m'aimer, Moi qui de toi, perfide, Suis l'esclave depuis longtemps.
Cela, pourquoi ne te le garderais-tu pas, Moi je n'en ai que faire. Quand à m'aimer tu t'égarais, Il fallait être un peu plus avisé.
Ainsi seront donc payées Mes peines par tes rigueurs ! Ainsi seront employées Mes tendres affections !
Je ne ma suis pas aperçue De toi, ni de ton amour ; Si peine t'est connue, Prends-t'en à d'autre qu'à moi.
Tes beaux yeux, dure bergère, Sont la cause de mes maux ; Et ton humeur si sévère Trouble tout mon repos.
Mon humeur est à ma guise ; Il ne faut pas t'en occuper. Si ma vue t'incommode Bien tu peux t'en soulager.
Aie pitié, tigresse, De l'excès de ma langueur ! Insensible à la tendresse, Aime-moi par compassion.
De tout mon cœur moi je te plains, Mais même si tu étais au trépas, Pourquoi veux-tu que je t'aime. Si à mon cœur tu ne plais pas.
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