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De la plus charmante anesquette
Pastous bienets me counsoula ;
Tantos pinnabe sus l'herbette,
Are nou l'èy aucujala.
Quaüque hérum saubatge Bien de la m'enlhebar ;
O dilheu la boulatye
Hè tà se'm ha cercar.
Jou la'm gouardabi sus la prade,
Pendent la sésou dé las flous ;
Jou la'm hasi la plus béziade,
Jou la'm minjabi dé poutous.
Caresse nou n'y a nade,
Qué n'abousse au couraü
Et coum la plus aymade A punhats qu'abè saü.
Deu bèt troupet dé mas anesques,
Aquére b'en ère la flou ;
Lous qui béden sas laas ta fresque,
Cridabon : " ô l'hurous pastou ! "
Are, jou l'èy pergude :
Tan mau m'en sabéra ;
Si lèu nou m'ey rendude
B'en serèy mourt douma !
Anat, moutous, à l'abenture,
Quitat l'infourtunat Pastou ;
Lou ceu pé dé mielhe pasture :
Tiet lou salié tiet lou bastou.
Pastou dé l'arribère,
Per acets prats en bat,
Si'm troubabet l'Agnère
Qué l'am miet au clédat.
Echò qui chens cesse répète
Lou triste plaing dé ma doulou
Apren-mé dounc en quine crète
S'ey empénade ma gauyou.
Nou y a rouchè ni penne
Qui, si saben moun hat
Si counéchen ma pène
Nou'n aboussen piétat.
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De la plus charmante Agnelette Bergers, venez me consoler ; Tantôt elle gambadait sur l'herbette, Maintenant elle n'est plus au bercail. Quelque bête sauvage Vient de me l'enlever ; Ou peut-être la volage
Veut se faire chercher.
Je la gardais dans la prairie, Pendant la saison des fleurs ;
Je me la faisais la plus chérie,
Je la mangeais de mes baisers. Caresse, il n'y en a aucune, Qu'elle ne reçut au bercail, Et comme la plus aimée Elle avait du sel à poignées.
Du beau troupeau de mes brebis, Celle-là en était la fleur ; Ceux qui voyaient ses laines si fraîches S'écriaient : " ô l'heureux berger ! " Maintenant, je l'ai perdue : J'en aurai tant de peine Si bientôt elle ne m'est pas rendue Je serai mort demain !
Allez, moutons, à l'aventure, Quittez l'infortuné berger ; Le ciel est de meilleure pâture ; Voilà le salier, voilà le bâton Berger de la plaine du gave, Par ces près, en bas, Si vous trouviez mon agnelle Ramenez là à mon bercail.
Écho, qui sans cesse répètes
Les tristes plaintes de ma douleur.
Apprends-moi donc sur quelle crête S'est fait enfermée ma gaieté. Il n'est rocher ni montagne
Qui, s'ils savaient mon malheur S'ils connaissaient ma peine N'en eussent pas pitié.
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