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Dé cap à tu soy, Mariou ;
Tu m'as charmat per ta douçou. Tu m'as ligat deü permé moumen Et tà douçamen, Et tà tendremen, Que jou soy en turmen ! Qu'at boulhes ou n'at boulhés pas, Jou t'aymérey dinqu'aü trépas.
Jamey nou senti taü plasé Coum quoan jou té poudi bédé ; Et quoan bey tous charmans oueillets, Et tà bérouyets,
Et tà graciouzets, Mouri d'amou per eths ; E quoan t'enténi débisa, Lou cô b'acabes d'em traüca.
U bèt palay nou t'offri pas, Més aü mens caze qu'abéras. Nouy troubéras de bèts bastimens Riches ournamens, Més dé brabés gents Praübes més plà balens ; Dens aquère simple maysou Force plasés, et hère d'amou.
Nou pot-om pas esta counten, Chens bibé coum hè la gran gent Nou y a bite coum la deüs pastous ; Tout qué y ey hurous, Tout qué y ey gracious, Las peines qu'ey soun flous. Quoan lou troupèt ey recattat, Adiu lous goueys deü tems passat.
Lou mé sort, Diü ! bé séré dous S' agradabes las mies amous. Si tu'm boulés, plus hurous qu'û Rey, Jou't aübedirey Jou be t'aymérey, Et tà plà qué hérey Qu'à force d'et tan caressa Nou't saüras esta de m'ayma.
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A toi je suis, Marion ; Tu m'as charmé par ta douceur. Tu m’as lié dès le premier moment Et si doucement, Et si tendrement, Que je suis en tourment ! Que tu le veuilles, ou que tu ne le veuilles Je t'aimerai jusqu'au trépas.
Jamais je ne ressentis tel plaisir Que lorsque je puis te voir ; Et quand je vois tes yeux charmants, Et si jolis, Et si gracieux, Je meurs d'amour pour eux ; Et lorsque je t'entends parler, Tu achèves de me percer le cœur.
Je ne t'offre pas un beau palais, Mais du moins tu auras une maison. Tu n'y trouveras pas de beaux bâtiments, De riches ornements, Mais de braves gens, Pauvres et vaillants ; Dans cette simple habitation, Force plaisir, et beaucoup d'amour.
Ne peut-on pas être content, Sans vivre comme la grand' gens ? Il n'est pas de vie comme celle des Pasteurs ; Tout y est heureux, Tout y est gracieux Les peines y sont des fleurs. Quand le troupeau est rentréi, Adieu les chagrins du temps passé.
Que mon sort, Dieu ! serait doux Si tu agréais mon amour, Si tu me voulais, plus heureux qu'un Roi, Je t'obéirai, Je te chérirai, Et si bien je ferai Qu'à force de te caresser, Que tu ne sauras t'empêcher de m'aimer.
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