La vallée d'Ossau : d'Aussau              
                 Culture et Mémoire



  TrebleDe_cap_atu_soy_Mariou

D E CAP À TU SOY MARIOU

Dé cap à tu soy, Mariou ;
Tu m'as charmat per ta douçou.
Tu m'as ligat deü permé moumen
Et tà douçamen,
Et tà tendremen,
Que jou soy en turmen !
Qu'at boulhes ou n'at boulhés pas,
Jou t'aymérey dinqu'aü trépas.

Jamey nou senti taü plasé
Coum quoan jou té poudi bédé ;
Et quoan bey tous charmans oueillets,
Et tà bérouyets,
Et tà graciouzets,
Mouri d'amou per eths ;
E quoan t'enténi débisa,
Lou cô b'acabes d'em traüca.

U bèt palay nou t'offri pas,
Més aü mens caze qu'abéras.
Nouy troubéras de bèts bastimens
Riches ournamens,
Més dé brabés gents
Praübes més plà balens ;
Dens aquère simple maysou
Force plasés, et hère d'amou.

Nou pot-om pas esta counten,
Chens bibé coum hè la gran gent
Nou y a bite coum la deüs pastous ;
Tout qué y ey hurous,
Tout qué y ey gracious,
Las peines qu'ey soun flous.
Quoan lou troupèt ey recattat,
Adiu lous goueys deü tems passat.

Lou mé sort, Diü ! bé séré dous
S' agradabes las mies amous.
Si tu'm boulés, plus hurous qu'û Rey,
Jou't aübedirey
Jou be t'aymérey,
Et tà plà qué hérey
Qu'à force d'et tan caressa
Nou't saüras esta de m'ayma.

A toi je suis, Marion ;
Tu m'as charmé par ta douceur.
Tu m’as lié dès le premier moment
Et si doucement,
Et si tendrement,
Que je suis en tourment !
Que tu le veuilles, ou que tu ne le veuilles
Je t'aimerai jusqu'au trépas.

Jamais je ne ressentis tel plaisir
Que lorsque je puis te voir ;
Et quand je vois tes yeux charmants,
Et si jolis,
Et si gracieux,
Je meurs d'amour pour eux ;
Et lorsque je t'entends parler,
Tu achèves de me percer le cœur.

Je ne t'offre pas un beau palais,
Mais du moins tu auras une maison.
Tu n'y trouveras pas de beaux bâtiments,
De riches ornements,
Mais de braves gens,
Pauvres et vaillants ;
Dans cette simple habitation,
Force plaisir, et beaucoup d'amour.

Ne peut-on pas être content,
Sans vivre comme la grand' gens ?
Il n'est pas de vie comme celle des Pasteurs ;
Tout y est heureux,
Tout y est gracieux
Les peines y sont des fleurs.
Quand le troupeau est rentréi,
Adieu les chagrins du temps passé.

Que mon sort, Dieu ! serait doux
Si tu agréais mon amour,
Si tu me voulais, plus heureux qu'un Roi,
Je t'obéirai,
Je te chérirai,
Et si bien je ferai
Qu'à force de te caresser,
Que tu ne sauras t'empêcher de m'aimer.


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