La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire



  Treble

BOSTÉ SERBIDOU QUÉ REBABE

Bosté serbidou qué rebabe
Aqueste noueyt, qu’û gran soullat,
U chibalè qu’eü s’empourtabe
Hens û miey mantou bayoulat ;
Leüyé coum û sarri,
Quin pinnabe l'esprit houlét !
Et toustém qué disebe : harri !
Harri, harri, chibalét !

En debaran per las Artiques,
Ouey, si’m disè, la gen d’Accous
Nou manqueran pas dé pratiques
Ta’üs culheba mantus flacous :
Peü Sent dé la hèste,
Qui partatya soun mantoulét,
Qué’s benerén culotte et bèste,
Harri, harri, chibalét !

Qué la neü n’eüs espanté brigue ;
Qué bouy qué Pouey, douma maty,
Dé cap aü ceü qué’s en arrigue,
Dé l’arrayoü dé Sent-Marty.
Quoan dé sa bounette
S’ey couyfat lou Pic dé Rounglét,
Deü balou qué hourén l’herbette,
Harri, harri, chibalét !

Acy badou certén maynatyé,
Dab lou bèt noum dé Despourry :
Lou patrou d’aquesté bilatyé
Qu’eü boulou serby dé payry :
Digat hilhoutettes,
Aü catserou si eü dé bou let ;
Sent-Marty qu’ayme las cansouettes,
Harri, harri, chibalét !

Deya lou sou qui’ns bién areouelhé,
Qu’arraye lou soum d’Alayens ;
Qué la campane qué’p desbelhé,
Lhebat-pé dounc, haüt, brabés yens !
Yamey si’p apère
Tà deffendé lou Pourtalét,
Deü patrou seguit la bandère,
Harri, harri, chibalét !

En attendén lou crit dé guerre,
Dem-sé quaüqués beroys lesés ;
Dé Mars qu’estupén lou tounnerre
Et lous Amous, et lous Plasés.
Bères, tà la danse,
Aü prumè sou deü flayoulét,
Apoulingat-pé drin d’abance ;
Harri, harri, chibalét !

Haüt, curé, nou troumpés l‘ahide
Deüs baladins, deü sounadou ;
D'aqueste youenesse atrebide
Perqué retienés tan l'ardou ?
Ouère, dé souns bicis
Gouarde't per ouey lou chapelét ;
Passe aü galop touts lous oüfficis ;
Harri, harri, chibalét !

Ataü dit, en l’air qué culhèbi
D’û pinnét dé nousté chibaü :
D’aquét saüt aü lheyt qué’m relhèbi,
Misse qué soune : qué’p y baü :
Quoan sus la pintrure
You’p bey l’homi deü mantoulét,
Qui semble disé à sa mounture,
Harri, harri, chibalét !

Votre serviteur rêvait,
Cette nuit, qu'un grand soldat,
Un cavalier l'emportait
Enveloppé dans la moitié d'un manteau ;
Léger comme un izard,
Comme l'esprit follet gambadait !
Et toujours il disait : en avant !
En avant, en avant, mon cheval !

En descendant les Artiques,
Aujourd'hui, me disait-il, les gens d'Accous
Ne manqueront pas de pratiques
Pour retourner maint flacon :
Pour le Saint de la fête,
Qui partagea son manteau,
Ils vendraient culotte et veste,
En avant, en avant, mon cheval !

Que la neige ne les épouvante pas ;
Je veux que Poey, demain matin,
Au ciel sourie,
Réjoui par les rayons de Saint-Martin.
Quand de son bonnet
Se sera coiffé le pic de Rounglet,
Du vallon qu'ils foulent l'herbe,
En avant, en avant, mon cheval !

Ici naquît certain enfant,
Avec le beau nom de Despourrins :
Le patron de ce village,
Voulut lui servir de parrain :
Dites, jeunes filles,
Au berceau s'il lui donna haleine bonne ;
Saint Martin aime les chansonnettes,
En avant, en avant, mon cheval !

Déjà le soleil qui vient à notre rencontre,
Eclaire le sommet d‘Alayens ;
Que la cloche vous réveille,
Levez-vous donc, debout, braves gens !
Si jamais elle vous appelle
Pour défendre le Pourtalet ( *),
Du patron suivez la bannière,
En avant, en avant, mon cheval !

En attendant le cri de guerre,
Donnons-nous quelques bons loisirs ;
Que le tonnerre de Mars soit étouffé
Par les Amours et les Plaisirs.
Belles, pour la danse,
Au premier son du flageolet,
Parez-vous un peu à l'avance ;
En avant, en avant, mon cheval !

Allons, curé, ne trompe pas l'attente
Des baladins, du ménétrier ;
De cette jeunesse impatiente,
Pourquoi retiens-tu tant l'ardeur
Ecoute, de ses vices
Laisse pour aujourd'hui le chapelet ;
Passe au galop tous les offices ;
En avant, en avant, mon cheval !

Ainsi dit, en l'air je culbute
Par une ruade de notre cheval :
De ce saut au lit je me relève,
La messe sonne, j'y vais :
Quand sur la peinture
Je vois l’homme au manteau,
Qui semble dire à sa monture,
En avant, en avant, mon cheval !


puce    Sources

Chanté par
j y
Contact
5