Quoan lou Gabe, en braman,
dits adiü à las pennes,
Y s'abence, à pinnets, à trubés boys et prats, Que diséren que craing dé rencountra cadénes
Sus bords dé mille flous oundrats.
Au bou temps deüs Gastous, ue béroye capère Counsacrade peu poplé à la May deü boun Diü,
La qui touts ans dé loueing lous Beürraimès appère, Qu'ère déyà ségude au bord deü grand Àrriü.
Mes n'ère pas labéts coum adare noumade ; N'ère pas Bétharram ; queb' bouy doune racounta. Lous mes amies, quin hou la Capère estréade Deü noum qui tien despuch-ença.
Drin aü dessus dé la Capère, Ue hilhotte deüs embirous Houleyabe, bibe y leüyère,
Y qu'empléabe sa tistère Dé las mey fresques de la flous.
Moun Diü ! la béroye flourette Quis' mirailhe héns lou cristaü, Héns lou cristaü d'aquére ayguette, Y ta bribénte, y ta clarette, Qui ba bagna lous pès de Paü.
Per la coueilbe ère s'esdébure ; Lou pè que l'eslengue y que cat... Gouyats ! la terrible abenture !
Lou Gabe à l'arrouyouse allure Qué la s'emboulègue aü capbat.
La praübotte eslhéba soun ame A la qui sab noustes doulous : Dé tire cadou bère arrame D'aüprès deü loc oün Nouste-Dame, Adyude lous sous serbidous.
Y, cbens s'abusa, la maynade Séseich, en l'entreignen pla hort, La branque peü ceü embiade :
Per aquét mouyén ey saübade, Y douçamen miade aü bord.
Taüs las nôres du patriarche Bés crédèn pergudes, pari, Quoan, pourtan l'arramette à l'arche,
La couloume per sa désmarche Deü délutye announça la fi.
D'ue fayçou ta merbeilhouse Puch qu'es arringade au trépas, Migue, hens la Capère oumbrouse
Dé ta patroune bienhurouse Bet' remette dé toun esglas.
« Diü dé you ! quin es marfandide ? Quin trembles dé réth y dé poü ! De ta raübe blanque gouhide, Y de touns peüs, l'ounde limpide , En goutéyan, muilhe lou soü.
Chens boste ayde, eri pergude, — Ça dits ère, — reyne deü ceü ! Arrés n'a bist quoan souy cadude; Mes bous, qui m'abét entenune, M'abét adyudade aüta leü.
Boune may, pertout quem demoure La tendresse dé boste amou Quoan roullabi capbat l'escourre ; Qu'abét dat ourdi à la cassourre, Qu'embiesse ue arrame entà you.
Youb' offri dounc ma bère arrame ; Que l'ab' dépaüsi sus l'aüta ; Y mey que hey bôt en moun âme Qu'aci deban bous, Nouste-Dame, Gnaüt beth aram que lusira.
Sente Bierye, noub'caü pas cragne Que m'en desdigue lou mé pay ; Souns moutous pèchen la mountagne ; Sounds blads croubêchen la campagne Qu'eü héra counsenti ma may.
Y you dab ue ardou nabère, En mémori de tout aço, Tout mes, en aqueste capère, Que boste sente amou m'appère, Bierye, queb' oubrirey moun cô !
La capère despuch estou fort renoumade Aü miey deüs ex voto dé soun riche trésor ;
Que byn enter las mas d'ùe imatyé sacrade L'ouffrande d'ü beth aram d'or.
D'aquiü lou noum deü loc... Soubén loueing deü hourbary Oun que s'y ba goari de toute passiou, En retrempan soun ame aü pensa salutari Deüs tourmens qui per nous pâti lou Saübadou.
Courrét tà Betharram, hilhots de la Nabarre, Poplès de la Gascougne y deüs bords de l'Adou,
La Bierge à Betharram nou hou yamey abare, Deüs trésors deü divin amou. |
Quand le Gave quittant
les rochers pour les plaines. S'élance, en bondissant, dans les bois, dans les prés, On dirait qu'il a peur de rencontrer des chaînes Dans les touffes de fleurs dont ses bords sont parés.
Au bon temps des Gastons, une chapelle sainte, Qu'à la mère de Dieu bâtirent nos aïeux, Ouvrait déjà, non loin du Gave, son enceinte Aux nombreux pèlerins accourus en ces lieux.
Il n'avait point alors, ce modeste ermitage, Le nom de Bétharram inscrit sur son fronton. Fils du Béarn, je vais, dans votre vieux langage, Vous conter d'où lui vient ce nom.
Près du toit où la Vierge veille, Une fille des lieux voisins, Vive, leste comme une abeille. Allait, remplissant sa corbeille, Des fleurs que moissonnaient ses mains.
Oh ciel ! quelle fleur séduisante, Là, se mire au cristal de l'eau ; De cette eau pure et transparente,
Qui, suivant sa rapide pente, Baigne en passant les pieds de Pau !
Pour la cueillir, elle se presse... Son pied glisse... Jeunes garçons, Ombragez vos fronts de tristesse !... Le Gave, qui bondit sans cesse, L'emporte dans ses tourbillons...
La pauvrette élève son âme Vers celle qu'émeut le malheur... D’au-près des murs où Notre-Dame Vient en aide à qui la réclame Soudain tombe un rameau sauveur.
La jeune fille qui se noie, Saisit, en l'étreignant bien fort, Ce rameau que le ciel envoie, Qui sous son étreinte se ploie Et la soutient jusques au bord.
Tel, dans l'arche que l'eau balance, Noé croit son trépas certain, Quand le rameau de l'espérance, Au bec de l'oiseau qui s'avance, Du déluge annonce la fin.
Puisqu'une aide surnaturelle Te sauve du flot courroucé, Petite amie, à la chapelle De la Vierge, à ta voix fidèle, Va réchauffer ton cœur glacé.
O ciel ! que te voilà tremblante ! Tes dents craquent sous le frisson ! De ta robe blanche collante,
L'eau, goutte à goutte, ruisselante, A tes pieds mouille le gazon.
Sans votre aide, j'étais perdue, Dit-elle alors, Reine du ciel ; Ma chute, nul ne l'avait vue ; Mais vous qui m'avez entendue Êtes venue à mon appel.
Votre amour, ô douce patronne ! Pour nous toujours veille d'en haut : Quand l'eau m’entraîne, m'environne, Au chêne votre voix ordonne De m'envoyer vite un rameau.
O Vierge ! je vous fais hommage De ce rameau qui séchera ; Mais, sur mon âme, je m'engage A mettre aux pieds de votre image Le rameau qui toujours luira.
Trouverai-je, ô Vierge divine ! Mon père contraire à mon vœu ? Ses agneaux paissent sur la colline,
Dans les champs sa moisson s'incline, Ma mère obtiendra son aveu.
Et moi, dans une ardeur nouvelle, En souvenir de ce bonheur, Tous les mois à cette chapelle, Où votre saint amour m'appelle, Je vous ferai don de mon cœur.
La chapelle, depuis, fut de tous vénérée. Parmi les ex voto de son riche trésor, On voit briller, aux mains de l'image sacrée, L'offrande d'un beau rameau d'or.
De là le nom du lieu... Loin du bruit de la ville, Là, de ses passions, se guérit plus d'un cœur, Et l'âme s'y retrempe à la pensée utile Des tourments que pour nous endura le Sauveur.
Courez à Bétharram, enfants de la Navarre, Peuples de la Gascogne et des bords de l'Adour ; Bétharram jamais la Vierge n'est avare Des trésors du divin amour.
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