e territoire de Lasseube appartenait, ainsi que le village d'Escout dont il dépendait, à la baronie de Lescun. Cette baronnie venait d échoir à un seigneur d'origine étrangère ; Fortaner, qu'on a vu précédemment, au pied de l'autel de Foix, jurer la paix de Gaston Phébus avec Jean d'Armagnac, était mort ne laissant qu'une fille, Marguerite, qui avait épousé Jean de Pommers, l'un des braves les
plus distingués dans la guerre de Guienne. Ce fut ce nouveau baron qui octroya aux poblants de Lasseube
une charte dont nous allons traduire les principaux articles.
« Soit chose connue à tous présents et à venir qu'en présence de moi, notaire, et des témoins soussignés, s'étant constitué personnellement le noble et puissant seigneur, Mossen Jean de Pommers, seigneur de Lescun, tant pour lui que pour ses successeurs, il a donné et octroyé, donne et octroie, par la vertu de cette charte, tous et chacun les privilèges, libertés et franchises qui se peuvent donner pour raison d'ancienne et nouvelle population, à Arnaud de Mondaut et Bertrand de La Borde de Foratate, de La Seube, ici présents, stipulant et acceptant pour eux et pour tous leurs héritiers, ainsi que pour tous les habitants, anciens et nouveaux, qui sont ou seront dans la nouvelle ou antique population, de la forêt (seübe) d'Escout, de la paroisse de madame Sainte-Catherine, au diocèse d'Oloron..... les limites de laquelle population, tant ancienne que nouvelle, en la dite seübe d'Escout et les confrontations assignées, déclarées et bornées par le dit seigneur, au nom que dessus, sont telles, a savoir : avec les limites et terres des lieux de Gan, St.Faust, Aubertin, Percilhon, Estialescq, avec le ruisseau appelé l'Escoo qui est dans les limites des terres de Percilhon en dessus et passe à Escout et Escou et s'étend jusqu'aux limites et terres d'Ogeu et avec les limites et terre d'Ogeu et de Buziet, appartenant au seigneur de Louvigny et de là jusqu'au territoire de Gan.»
Dans ces limites, la commune de Lasseube figure un vaste cirque, isolé des autres bassins par un cercle de monticules, au dessous desquels s'inclinent, comme les gradins d'un amphithéâtre, de petites collines et des mamelons détachés s'abaissant de plus en plus, jusqu'à leur rencontre autour d'un gracieux vallon, qu'arrose la Baïse, formée de cent petits ruisseaux, ses modestes tributaires. De là, se dirigeant vers le Nord, la paisible rivière s'écoule mollement, à l'ombre des saules et des peupliers, vers l'antique hôpital d'Aubertin et la riche plaine de Pardies. Le Bourg s'étend dans le vallon : les maisons de campagne occupent la cime ou les replis des coteaux, entourées chacune de son champ, de son pré, de son bois et de son vignoble ; exploitations complètes, où le paysan laborieux trouve aisément sa subsistance.
La charte continue : « Veut et stipule le dit seigneur que tous les habitants, dans les susdite limites, dépendent de la maison de Lescun pour raison de Clam, Man, Ban, Taille, Corvée, fors, coutumes, ressort, Eglise, Curé, Bayle,
Dimc, Prémices, fief, arpentage et Patronage, ainsi que le tout a été accordé par notre Seigneur Pape, Crégoire XI, et Mossenh Guillaume d'Assat, évêque, et son Chapitre d'Oloron.... Et le dit noble seigneur de Lescun promet d'établir un curé pour les dits habitants et de nommer son bayle de Lasseube, afin que lui et ses descendants, héritiers et successeurs de la maison de Lescun puissent exiger, avoir et prendre les dîmes et que le curé, qui est à leur présentation, recouvre les prémices des habitants et autres qui défrichent et cultivent les terres. »
On voit que l'évêque et les chanoines qui, au concile de Marciac, refusaient de se contenter
de la moitié des dîmes , finirent par les abandonner tout entières au seigneur temporel, reconnu par là même abbé laïc et que le curé, nommé par l'évêque sur la présentation du seigneur, n'avait droit qu'aux prémices, c'est-à-dire, à une certaine quantité de fruits, de gerbes et autres produits du sol, convenue d'avance entre le pasteur et ses paroissiens.
Dans le reste de la charte, le seigneur de Lescun concède aux habitants des droits de chasse, de pèche et de pacage, soit dans les terres du lieu, soit dans les terres voisines. En retour, il leur impose diverses obligations féodales, comme de faire moudre le blé à son moulin, de le faire dépiquer par ses juments, de ne cuire leur pain qu'à son four.
L'acte fut passé à Hagetmau le 12 février 1377 par Pierre de Lanux, clerc du diocèse d'Aire, notaire public et royal. Deux cent douze ans plus tard, il fut reconnu et confirmé par Corisande d'Andoins, alors baronne de Lescun et du dit lieu de Lasseube.
Sources
- PAR M. l'Abbé MENJOULET, CHRONIQUE DU DIOCÈSE ET DU PAYS DOLORON, Imprimerie LAFON, PAU, 1864.
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