Pendent
u sègle d'aur, desempuixs ta biengude,
Noustes Pays que canten toun Anesque pergude,
Lou Malhurous Pastou, dab la Beryere en plous,
Y soun Fidel Pigou, sensible à lurs doulous.
Mes u die pourtant, la troumpete goerrière,
Qu'oüs dilz que l'enemic a passat la frountière ;
La fanfare autalèu que succède au clari,
Coum lou cant de Rouget-de-l'Isle, a Despourri.
Mey pourtant lous Aspees, en courrent à l'armade,
Que-s broumben de tOUD pay, y de sa triple espade;
Y lous tendres pastous, lous nounchalentz aulhdes,
Que-s lheben autalèu terribles fusilhès
Aus noumbrous enemicxs, qui, coum la mar pregoune,
Peus sendès de Lescu, coum peus boscxs de l'Argoune,
Bienèn houne sus nous, qu'haboun ta ha rampèu ?
Qu'haboun la Marselhese 1 y qu'haboun u drapèu !
Qu'oü calou tiene haut, y qu'en haboun la talhe !
Pendent bingt-et-cinq ans que dura la batalhe !
Ou l'ih6r, oulou cèu per nous qu'estou pourtat :
Que defendêm lou sou, l'haunou, la Libertat ! !
Toutz lous Reys qui labetz, ens gausen ha la goerre,
Que-s bedoun oubligatz de mete joulh a terre.
Y detoutz aquetz frays, qui s'èren, Diu qui crey,
Hèytz souldatz, ou demouns, bèt u que-s bira Rey.
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Pendant un siècle d'or, depuis ta venue, Nos pères chantèrent la Brebis perdue,
Le Malheureux Pasteur, avec la Bergère en pleurs,
Et son Fidèle Pigou, sensible à leurs douleurs.
Mais un jour la trompette guerrière
Leur dit que l'ennemi a passé la frontière;
La fanfare aussitôt succède au flageolet,
Comme le chant de Rouget-de-l'Isle, à Despourrins.(celui de)
Cependant les Aspois, en courant à l'armée,
Se souvinrent de ton père et de sa triple épée ;
Et les tendres pasteurs, les nonchalants bergers,
Se dressèrent aussitôt terribles fusiliers !
Aux nombreux ennemis, qui, comme la mer profonde,
Par les sentiers de Lescun, comme par les forêts de l'Argonne,
Venaient fondre sur nous, qu'eurent-ils pour résister ?
Ils eurent la Marseillaise ! Ils eurent un drapeau !
Il fallut le tenir haut, ils en eurent la taille !
Pendant vingt-cinq ans dura la bataille !
Ou l'enfer, ou le ciel par nous fut porté :
Nous défendions le sol, l'honneur, la Liberté ! !
Tous les rois qui alors osèrent nous faire la guerre,
Se virent obligés de mettre genou-terre.
Et de tous ces frères, qui s'étaient, grand Dieu,
Faits soldats, ou démons, il y en eut un qui devint Roi !
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