La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




La Compagnie des Mousquetaires


Les Mousquetaires Béarnais


endant son règne, Henri IV a besoin d’'une garde personnelle en vue d’une protection rapprochée lors des combats. Ce corps d'élite, les Carabins, est à l’origine de la compagnie des Mousquetaires. Mais c’'est réellement son fils, Louis XIII qui l'organise. En 1622, l'unité, composée d’une centaine d’'hommes, devient dans un premier temps la compagnie des mousquetons (petits mousquets), puis celle des Mousquetaires.

     Elle est formée de chevaux légers dont les cavaliers portent tous des mousquets. Le nom est d'’origine italienne, moschetto, et désigne une arme à feu à canon long. Dans un premier temps, l’arme est utilisée avec une fourquine qui sert à stabiliser le canon. Un auxiliaire aide les mousquetaires à transporter la fourquine et la poudre. Le mousquet peut peser jusqu’’à 10 kg à lui seul. Par la suite, le mousquet est raccourci. Lent à recharger (environ deux à cinq minutes), il fonctionne à la poudre noire et son coup n’est pas précis. La mise à feu se fait à rouet (platine à rouet) ou à mèche.

     Les mousquetaires possèdent également une épée, (ou rapière.) Le manche est garni d’un bol qui protège la main. Ils s’entraînent régulièrement aux coups et bottes, notamment la fameuse estocade qui consiste à frapper l'ennemi en faisant partir le pied très en avant. Ils possédaient également parfois une dague de "main gauche".

     Leur équipement comporte également un casque appelé morion et une cuirasse de protection. Mais nous les connaissons davantage avec leur chapeau à panache, leur tunique bleue à croix d’argent fleur de lysée, leurs bottes et leurs gantelets.
     Les mousquetaires accompagnent le roi partout, y compris à la chasse. Ils sont souvent en contact étroit avec le roi, et à ce titre, des soldats privilégiés. À cette époque, tous les soldats, quel que soit leur corps d’attachement, sont payés uniquement pour les campagnes. Les Mousquetaires font exception, recevant leur solde tout au long de l'année. Toujours disponibles pour le roi, quand ils ne sont pas en campagne militaire, ils paradent dans les manifestations officielles.

     L’esprit béarnais

     Les mousquetaires forment une élite, recrutés parmi les gascons et surtout parmi les Béarnais. Pour la plupart nobles, ils n'en restent pas moins fidèles à leurs racines, gardant de leur pays un caractère insolent et provocateur. Fils cadets de leur famille 1 Un cadet de Gascogne est, sous l'Ancien Régime, un militaire d'origine gasconne, souvent gentilhomme, souvent un puîné. Trop pauvre pour prétendre comme un aîné de grande famille entrer dans une coûteuse académie, il reçoit une formation d'officier au sein même des troupes. Ce parcours est de règle jusqu'en 1682.
   On trouve de nombreux capitaines gascons à la tête des compagnies. Comme ils sont bien souvent des puînés, le mot gascon capdèth (chef, capitaine) va donner le mot français cadet pour désigner un frère puîné. Et la qualité de « cadet » finit par être attribuée aux jeunes gentilhommes pauvres en formation.
   Un mythe littéraire se forge au XIXe siècle. À partir de D'Artagnan, personnage réel revisité par Courtilz de Sandras, Alexandre Dumas crée un archétype : le jeune Gascon pauvre, intelligent, hardi, redoutable bretteur, qui monte à Paris où il entre comme cadet dans une compagnie.
   Les Gascons combattent dans les troupes du roi de France depuis au moins la deuxième moitié du XIIIe siècle. Au XVIe siècle, Florimond de Raemond voit dans la Gascogne « un magasin de soldats, la pépinière des armées ».
   On explique en partie ce phénomène par des traditions successorales inégalitaires, même si elles diffèrent d'une région à l'autre de Gascogne. Certes, dans les Landes, le partage est égalitaire. Mais, en Béarn, l'aîné mâle hérite.
   Et, dans la Gascogne gersoise, selon Christophe Jankowiak, la tradition est très particulière. Afin de ne pas morceler le patrimoine familial, elle privilégie « un héritier choisi librement par les parents », qu'il soit aîné ou puîné, fille ou garçon.
   La quasi-totalité du patrimoine lui est transmise. Les autres enfants ne reçoivent qu'une « infime part de la succession ». Cela rend complexes les notions d'aîné et de puîné. L'« aîné » n'est pas forcément le premier né.
   Quoi qu'il en soit, le «sort piteux» réservé aux «puînés» de Gascogne pourrait expliquer le nombre important de gentilhommes de cette région qui, pour survivre, choisissent le métier des armes. On peut parler d'un «véritable mouvement d'émigration». L'enrôlement militaire des Gascons, dit Renée Mussot-Goulard, a été «réservé longtemps aux puînés qui ne recevaient pas de domaines, de terres paternelles devenues trop exiguës et trop difficiles à mettre en valeur. Ces puînés furent pour le moins capitaines.» Véronique Larcade rappelle que des analyses sociales «mettent en évidence que les régions à vocation militaire traditionnelle, entre autres la Gascogne, restent bel et bien des pépinières d’officiers ».
(on les appelle les Cadets de Gascogne), ils montent à Paris dans l'espoir de trouver gloire et fortune, marchant sur les pas de l’enfant chéri de leur pays, Henri IV.
      La plupart font d’abord leurs classes dans la Garde Française pour intégrer ensuite le corps des mousquetaires. Ces soldats fougueux, en quête d’honneur, se font vite remarquer par leurs aptitudes au combat. Le siège de La Rochelle notamment fait briller la compagnie.

     La Rochelle abrite des huguenots retranchés. Soutenue par l’Angleterre, la ville devient une menace pour le royaume de France. En 1627, Louis XIII envoie une armée conséquente pour reprendre la ville. Mais les Rochelais résistent. Il demande alors aux mousquetaires d’agir. Ils le font avec tant d’efficacité que les Rochelais capitulent un an plus tard, le 30 octobre 1628. Cet épisode est relaté dans le roman de Dumas, Les Trois Mousquetaires. Si le d’Artagnan de Dumas s’illustre dans cette bataille, le véritable d’Artagnan ne devait avoir que 15 ans au moment des faits. Il n'’a pas assisté au siège de La Rochelle.

     Censés maintenir l’ordre, les mousquetaires n’en restent pas moins turbulents, cherchant toujours querelle aux mousquetaires du cardinal, dégainant leur rapière ou provoquant en duel au moindre affront. Seulement dix ans après la création du corps, Louis XIII permet à son ministre Richelieu d’avoir une garde similaire à la sienne. D’abord constituée d’une trentaine d’hommes, elle passe très vite à 200. Leur rôle : garder la porte du cardinal et non le cardinal lui-même. Les mousquetaires du roi sont à cheval, ceux du cardinal à pied. Les premiers portent une casaque bleue, à fleurs de lys, les seconds une casaque rouge, ornée de croix blanche.

     Très tôt, en 1626, Louis XIII, via Richelieu, fait interdire ces duels. Mais cela n’arrêtera pas la guerre ouverte entre les deux clans. Le comte de Tréville, capitaine des mousquetaires du roi, est d’ailleurs un farouche ennemi de Richelieu. Ce dernier, quoiqu’ admiratif, jalouse ses exploits. Le favori de Louis XIII, Cinq-Mars, incite Tréville dans cette voie, en complotant contre Richelieu. Mais l’affaire est découverte. Cinq-Mars est exécuté en 1642, Tréville banni, malgré la protection du roi. Le roi, très attaché à son capitaine, lui confie la gouvernance de Foix. Insatisfait et fidèle à lui-même, Tréville continue de comploter.

     L’élite

     Alors que sous Louis XIII les mousquetaires ont la réputation de flâneurs, d’arrogants, de vaniteux et de querelleurs, tout change sous Louis XIV. Il fait des mousquetaires une unité d’élite, un prototype d’école militaire. La discipline est très stricte, toute absence est sanctionnée.
     Avec la mort de Richelieu en 1642, Mazarin prend le contrôle de la garde des Mousquetaires. Habile et désireux de plaire à Louis XIII, il maintient un temps la compagnie. Le roi meurt un an après Richelieu. Mazarin cherche alors une solution pour dissoudre la compagnie, ne supportant plus ces hommes si générateurs de troubles. En 1646, sous couvert de problèmes économiques, il parvient à dissoudre l’unité.
      En 1657, après la Fronde, la compagnie des Mousquetaires est rétablie. Louis XIV, qui voue un culte à ces héros, est ravi de ce changement. En 1660, il fait passer les mousquetaires du cardinal sous ses ordres. Il n’y a plus qu’une seule compagnie de Mousquetaires, celle du roi. Fini le temps des brouilles, les mousquetaires sont désormais ultras disciplinés, obéissants et participent à nouveau aux faits de guerre.

     En 1665, Mazarin crée une seconde compagnie, dite les mousquetaires noirs. Se distinguant ainsi de la première, les mousquetaires gris (ou blancs selon la couleur de la monture). La compagnie des gris est installée entre la rue du Bac et l’actuel Quai Voltaire. Les noirs, rue de Charenton. Quoique réunies sous le même corps d’armée, les deux compagnies deviennent rivales.
     En 1690, la compagnie passe à 250 hommes et est dotée de fusils. Les mousquets ne servent que pour les représentations officielles. En 1815, la compagnie disparaît définitivement.

     Un pour tous, tous pour un !

     En 1844, Alexandre Dumas (aidé d’Auguste Maquet) publie son roman, Les Trois Mousquetaires, en feuilleton dans le journal Le Siècle. L’histoire est celle de d’Artagnan, un jeune gascon, parti à Paris en vue d’obtenir un engagement auprès de l’unité des Mousquetaires. Pour tout bagage, une lettre de recommandation de son père à M. de Tréville, capitaine des Mousquetaires, un peu d’argent et son cheval jaunâtre, vieux, et béarnais. Sur son chemin, il perd sa lettre, son argent et son cheval, se lance à la poursuite d’un mystérieux cavalier et provoque en duel, malgré lui, Athos, Porthos et Aramis.

     Les duels sont interdits à ce moment-là. Aussi, les duellistes se mettent à l’écart pour combattre. Malheureusement pour eux, ils se font surprendre par les hommes de Richelieu, leurs ennemis. D’Artagnan rallient les mousquetaires contre les gardes du ministre. Une amitié fraternelle naît de ce geste.
     Àpartir de là, les quatre compères ne se quittent plus et vivent mille aventures. D’Artagnan intègre la compagnie de M.des Essarts, en attendant de devenir mousquetaire. Il s’entiche de la femme de son propriétaire Constance Bonacieux, sauve la reine grâce à l’histoire des ferrets de diamants repris à son amant anglais, le duc de Buckingham et se fait une terrible ennemie en la personne de Milady.

     Outre leurs exploits, Dumas décrit des héros plutôt indisciplinés, en quête de divertissements, dans les rades, à jouer aux cartes ou aux dés, à boire de bonnes bouteilles et à flirter avec les dames. Ne sont-ils point béarnais ?
     Dumas puise principalement son inspiration dans les Mémoires de M. d’Artagnan, de Courtilz de Sandras, édité en 1700. 1 Gatien de Courtilz de Sandras, (ou de Courtie), de Courtilz, sieur de Sandras. Engagé dans la compagnie des Mousquetaires, il quitte l'armée au bout de 18 ans pour devenir polygraphe et vivre de sa plume.
    Auteur fécond et imprudent, il est emprisonné à la Bastille du 23 avril 1693 au 2 mars 1699.
   Capitaine au régiment de Champagne, il quitte le service en 1680, se rend en Hollande pour y faire imprimer des ouvrages, qui pour la plupart sont des romans historiques ou des pamphlets.
   Il y fut, en 1686, le premier rédacteur du Mercure historique et politique créé à La Haye par le libraire Henry van Bulderen. En 1698, il y publie son second « mercure », l’Elite des nouvelles de toutes les cours de l’Europe.
   Emprisonné à la Bastille, il publie à sa sortie, en Hollande, de nouveaux ouvrages dès 1700, dont il a débuté la rédaction à la Bastille.
   De la vie de d'Artagnan qu’il a pu connaître assez bien, car il fut enfermé à la Bastille alors que Besmaux, ex-compagnon de d’Artagnan, en était Gouverneur, Courtilz a tiré un récit où le vrai se mêle au faux, attribuable au genre romanesque du pseudo-mémoire : il s'agit des Mémoires de M. d'Artagnan, publiées en 1700 (soit 27 ans après la mort du héros gascon), dont s'est à son tour inspiré Alexandre Dumas pour Les Trois Mousquetaires.
Courtilz était un mousquetaire, né en 1644. Pendant un séjour à la Bastille, Courtilz rencontre Besmaux, frère d’armes de d’Artagnan (Besmaux étant gouverneur de la Bastille). Il rédige ces mémoires presque trente ans après la mort de ce dernier, mêlant le vrai au faux.

     Les Trois Mousquetaires reste aujourd’hui une des œuvres les plus lues au monde et les plus traduites. De nombreuses adaptations ont été créées : films, BD, Dessins animés (personnage Disney en bretteurs), etc. Il existe même une version incroyable, bien loin de Dumas : Barbie et les Trois Mousquetaires.
     Dumas était un écrivain prolifique, il est inhumé au Panthéon en 2002.

      Les véritables Trois Mousquetaires

     N’étant pas les aînés de leur famille (et donc, pas les héritiers), ces Béarnais durent choisir entre partir à Paris ou rentrer dans les ordres. Le choix le plus fréquent était de tenter sa chance à Paris, et servir le fils de leur bon roi Henri le Béarnais. S’il est certain qu’Athos, Porthos et Aramis se connaissaient (quasi même âge, même origine et même corps d’armée), il n’est pas sûr que d’Artagnan les ait rencontrés. Il est plus âgé que les trois autres, mais on suppose que, fréquentant les mêmes lieux, les quatre compères ont dû se lier. Il est également très probable que les mousquetaires parlaient béarnais entre eux.

     D’Artagnan. 1 DartagnanLe vrai d'Artagnan : Il s'appelait Charles de Batz et naquit entre 1611 et 1615 au château de Castelmore, près de Lupiac, dans l'actuel département du Gers, en Gascogne. Le nom d'Artagnan (qu'il signait parfois "Artaignan") lui venait de sa mère, Françoise de Montesquiou d'Artagnan. Charles de Batz choisit de plutôt privilégier ce patronyme maternel car il s'avérait plus prestigieux et connu que celui de son père parmi les gens de la noblesse parisienne. Vers 1640, d'Artagnan monte à la capitale afin de s’engager chez les Cadets des Gardes-Françaises. Son entrée chez les Mousquetaires daterait de 1644. À partir de cette date, il entame une brillante carrière militaire sous le règne de Louis XIV qu'il accompagne à son mariage avec l'infante d'Espagne célébré à Saint-Jean-de-Luz. Après avoir guerroyé et assumé plusieurs charges militaires fort prestigieuses, il devient gouverneur de Lille, mais l'action lui manque... De retour sur les champs de batailles lors de la Guerre de Hollande (1673), d'Artagnan est tué par une balle de mousquet en pleine gorge au siège de Maastricht. Aujourd'hui encore, on ignore le lieu de sa sépulture.
Le d'Artagnan des Trois Mousquetaires : Dans le roman d'Alexandre Dumas, d'Artagnan, est le plus jeune des quatre principaux protagonistes, âgé en effet d'à peine 18 ans. Après diverses aventures tumultueuses auprès de ses compagnons d'armes, d'Artagnan meurt tué par un boulet sur un champ de bataille dans le Vicomte de Bragelonne

     Le plus célèbre des Mousquetaires n’est autre que Charles Ogier de Batz-Castelmore, comte d’Artagnan. On ne connaît pas la date exacte de sa naissance, mais ce devait être entre 1611 et 1615.

       Charles Batz-Castelmore n’est pas béarnais comme le laisse entendre Dumas, mais gersois. Il naît au château de Castelmore, à Lupiac. Il monte à Paris et intègre vers 1635 la compagnie de M. des Essarts. De 1640 à 1643, il enchaîne les campagnes : Arras, Aire-sur-la-Lys, Bapaume, Roussillon, etc. Il aurait voyagé en Angleterre avec le comte d’Harcourt (aucun document ne le prouve) et ne serait revenu que peu après la mort de Louis XIII. C’est en 1644 qu’il intégrerait la compagnie des Mousquetaires, sous la faveur de Mazarin, qui dissout cette dernière en 1646.

     Mazarin confie de nombreuses missions à d’Artagnan, notamment pendant la Fronde. Homme de confiance, il a surtout le rôle d’agent de renseignements. Il n’hésite pas à prendre tous les risques pour servir Mazarin et la reine, Anne d’Autriche. Alors que Mazarin est en exil (1651), d’Artagnan assure la liaison entre le cardinal et les autorités françaises (Fouquet et Colbert).
     Entre 1654 et 1656, il devient capitaine aux gardes et capitaine-concierge de la volière des Tuileries. La volière est un charmant logis que d’Artagnan acquiert pour 6000 livres, certainement toutes ses économies. La demeure en vaut presque trois fois plus, mais quand le roi s’en rend compte, il a déjà fait promesse au sieur d’Artagnan. Malgré la pression de Colbert et malgré la proposition plus alléchante de Le Camus, la volière passe sous la capitainerie de d’Artagnan. Colbert lui en tiendra rigueur par la suite.

     En 1657 (ou 1658), il passe sous-lieutenant de la compagnie des Mousquetaires. Il remplacera le duc de Nevers en 1667 pour devenir capitaine-lieutenant de l’unité. Louis XIV lui confie une mission très délicate : l’arrestation de Fouquet. Ce dernier est extrêmement puissant à ce moment-là, son arrestation n’est pas celle de n’importe quel homme. Il faut jouer de finesse et de fermeté. Le roi confie cette mission difficile à l’homme en qui il a le plus confiance : d’Artagnan. Celui-ci assure tant son travail que le roi prolonge la mission et lui demande d’être le geôlier de Fouquet. L’aventure durera quatre ans.
     Toute sa vie, d’Artagnan est quelqu’un de très respecté. Il est un héros de guerre n’hésitant pas à se lancer dans la bataille, sans armes. Il est de toutes les campagnes, répondant toujours aux appels du roi ou du ministre. Excellent militaire, parfait gestionnaire, il est l’homme de confiance du royaume. On le dit à la fois intègre, fidèle, généreux et autoritaire, sombre, orgueilleux, irascible. Sous son commandement, les Mousquetaires prennent une valeur inégalée.

     Côté privé, d’Artagnan s’entoure de personnalités connues : Fouquet, Le Tellier, Vauban, Lulli, Le Nôtre, Molière, La Fontaine ou encore Mme de Sévigné. Cette dernière encense d’ailleurs le mousquetaire, disant de lui que " tout le monde l’aime en ce pays." Le biographe Charles Samaran dit également de lui qu’il est le "Français par excellence, à l’esprit juste et alerte, au corps souple et vigoureux, au cœur bon et compatissant."
     Il épouse Charlotte-Anne de Chanlecy, avec qui il aura deux garçons. Ils se séparent après 6 ans de mariage. Il meurt le 25 juin 1673, lors de la campagne des Pays-Bas, à Maëstricht, d’une balle dans la gorge. Louis XIV l’auréole de gloire et pleure ce soldat fidèle.
     D'autres membres de la famille Castelmore sont illustres, comme le frère aîné de d’Artagnan, Paul de Batz de Castelmore qui devient gouverneur de la cité de Navarrenx, de 1667 à 1703.

      Dans son roman, Dumas a vieilli d’Artagnan d’au moins dix ans, le faisant participer à la campagne de La Rochelle par exemple. Au moment des faits, le vrai d’Artagnan n’était encore qu’un enfant. Il n’a pas pu être présent lors de l’épisode des ferrets de la reine, pas plus qu’auprès de Buckingham en Angleterre.


      Athos 1 AthosAthos, de son nom complet Armand de Sillègue d'Athos d'Hauteville, est un mousquetaire du roi, né en 1615 en Béarn et mort le 21 décembre 1645 à Paris. Il a inspiré à Alexandre Dumas le personnage fictif d'« Athos », ou « comte de la Fère », dans le roman Les Trois Mousquetaires. Athos tient son nom du petit bourg d'Athos-Aspis sur le gave d'Oloron, près de Sauveterre-de-Béarn et près d’Autevielle.
Fils d'Adrien de Sillègue, seigneur d'Athos et d'Autevielle, il ne pouvait espérer, en tant que cadet de famille, recevoir les seigneuries d’Athos et d’Autevielle qui reviendraient à son frère ainé.
Il eut donc le choix d'entrer dans l’armée ou dans les ordres. Il était cousin au deuxième degré de Monsieur de Tréville, dont la protection lui permit d’entrer dans le régiment des Mousquetaires en 1640, à la même époque que Porthos et Aramis. On sait seulement de lui qu'il était béarnais, et qu'il disparut jeune, sans doute tué au cours d'un duel comme l'indique le registre des décès de l’église Saint-Sulpice à Paris à la date du 21 décembre 1645 : « Convoy, service et enterrement du deffunct Armand, Athos d'Autebielle mousquetaire de la garde du Roy, gentilhomme de Béarn, pris proche la halle du Pré au Clercs. »
Le Pré-aux-Clercs étant un lieu réputé pour être le rendez-vous des duellistes, il est probable qu'il soit mort ainsi.

     Le véritable Athos s’appelle Armand de Sillègue d’Athos d’Autevielle. Athos est un village béarnais aux abords du gave d’Oloron, près de Sauveterre-de-Béarn. Il naît probablement aux environ de 1615 et entre dans la compagnie, après une formation aux gardes françaises, grâce à M. De Tréville dont il est sous la protection, vers 1640-1641. Il meurt très tôt, en 1645, près de la Halle de Pré-aux-Clercs. Ce lieu était connu pour abriter mendiants, prostituées et duellistes. Il est probable qu’il ait été tué lors d’un duel. Il est inhumé à l’église Saint-Sulpice, à Paris. Historiquement, nous ne savons rien de plus sur Athos, hormis ses origines béarnaises.
      Dumas en fera un personnage central, sûr, ex-mari de Milady. Athos, qui cache son titre de comte de la Fère, est un homme sage dont les conseils rares serviront d’Artagnan, trop fougueux. Dans " Vingt ans après" et "le Vicomte de Bragelonne", Athos confie son fils Raoul à d’Artagnan. Il meurt peu après Porthos, inconsolable de la disparition de son fils.

     Porthos Isaac de Portau Isaac de Portau, dit PorthosIsaac de Portau, dit Porthos, est un seigneur béarnais né à Pau le 2 février 1617 et mort à une date inconnue. Il a inspiré à Alexandre Dumas le personnage fictif de Porthos dans le roman Les Trois Mousquetaires.
   Isaac de Portau est issu d'une famille protestante du Béarn, originaire d'Audaux (Pyrénées-Atlantiques). Son père a été secrétaire du roi et des États de Navarre, et a pu acheter des seigneuries. Il était seigneur de Camptort et de Castetbon en Béarn.
    Comme Athos, Porthos se dirige vers l’armée, et commence par entrer en 1640 en qualité de cadet dans les Gardes françaises, compagnie des Essarts (François de Guillon, seigneur des Essarts, est le beau-frère de Jean-Armand du Peyrer, seigneur de Tréville, qui l'a recommandé). Il se trouve donc dans cette compagnie lorsque d'Artagnan y entre à son tour après 1640, et ils auraient ainsi fait campagne ensemble. On l’y retrouve en 1642 à Perpignan puis à Lyon. En 1643, Porthos passe aux Mousquetaires, deux ans avant la mort d’Athos. On le retrouvera ensuite garde des munitions à la forteresse de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques). La tradition veut qu'il ait fini sa vie chez son neveu, à Lanne-en-Barétous.
   D'après Joseph Miqueu, on ne sait rien sur la fin de sa vie et les circonstances de sa mort1.Certains indiquent 1670 pour la date de sa mort, ce qui est une erreur car c'est celle de son frère aîné, décès annoncé par le duc de Gramont, gouverneur des États de Béarn. Sur un document du Parlement de Licharre de 1663, le Comte de Troisvilles voulait en faire le syndic de Soule.
   Mais d'après un biographe d'Alexandre Dumas, Jean de Lamaze, il serait mort à Pau, sa ville natale, en 1670.

     Porthos vient d’une famille protestante béarnaise noble, originaire d’Audaux. Il naît en 1617 et se fait baptiser à Pau début février de la même année. Il vit son enfance à Lannes-en-Barétous. Son vrai nom est Isaac de Portau (ou du Pourtau.) D’abord au service de la compagnie des gardes du roi sous le commandement de des Essarts, il rentrerait chez les mousquetaires en 1643. Rien n’est sûr à ce sujet. Il est possible qu'il soit resté dans le corps de la garde française. Aucun document ne mentionne son adhésion aux mousquetaires.
     En 1650, Porthos est garde des munitions à Navarrenx. Ce poste étant réservé aux mutilés de guerre, on imagine soit qu'’il a dû être blessé auparavant, soit qu'’il a été pistonné pour ce poste. Aujourd’hui, un château à Lannes-en-Barétous fait office d’'ancienne demeure de Porthos, mais aucun document n’'en prouve la véracité.
     Dumas insiste sur la fidélité de Porthos en amitié. C’est un homme bon, mais vaniteux et en quête de reconnaissance. Il épouse la veuve Coquenard et hérite de sa fortune. Plus tard, après le soutien donné à d’'Artagnan dans la guerre civile, il parviendra à décrocher le titre de baron. Il meurt dans la trilogie, écrasé par un rocher.

     Aramitz 1 Henri d'AramitzHenri d'Aramitz (ou d'Aramits), est un seigneur béarnais, mousquetaire de la Maison du Roi au XVIIe siècle.
   Henri d'Aramitz est né vers 1620 de Charles d'Aramitz et de Catherine d'Espalungue.
   Le grand-père d'Henri d'Aramitz, le capitaine huguenot Pierre d’Aramitz, joua un rôle actif dans les guerres de religion qui sévissaient dans le Béarn et la Soule à l’époque de Jeanne d'Albret. Marié à Louise de Sauguis, fille d'un abbé laïc de la Soule, il en eut trois enfants : l'ainé, Phébus, disparut prématurément ; Marie, la benjamine, qui épousa en 1597 Jean du Peyrer, fut la mère de Jean-Armand du Peyrer, le célèbre comte de Tréville, capitaine lieutenant des mousquetaires, né en 1598 à Oloron ; Charles, le cadet, servit le premier dans la compagnie des mousquetaires que commandait son neveu depuis 1634. Il épousa Catherine de Rague, fille du seigneur d'Espalungue, près de Laruns. De cette union naquirent deux filles et Henry, qui inspirera à Alexandre Dumas son célèbre personnage. Henri d'Aramitz était ainsi cousin germain du comte de Tréville capitaine des mousquetaires de la garde du Roi.
   Charles d'Aramitz fut maréchal des logis (fourrier) à Paris pour les mousquetaires de la garde. A la mort de son père 1648, l'abbé laïc Pierre d'Aramitz, Charles rentra en Béarn et reprit l'abbaye laïque héréditaire de son père.

     Henri d’Aramitz vient lui aussi d’une famille protestante et noble béarnaise. Son père était maréchal des logis à la compagnie des mousquetaires. Son grand-père, huguenot, joua un grand rôle dans les guerres de religion. Cousin de M. de Tréville, ce dernier le protège et le fait entrer dans l’unité en 1640 (ou 1641). Il y reste jusqu’à la dissolution de la compagnie par Mazarin en 1646.
     Converti au catholicisme, il épouse Jeanne de Béarn-Bonnasse en 1650 avec qui il a quatre enfants. Il est probable que ce mariage signe son retour en Béarn.
     Contrairement au héros de Dumas, Henri d’Aramitz n’a jamais eu de vocation ecclésiastique, même si son titre de noblesse était "abbé laïque". Les abbayes laïques sont essentiellement localisées dans le nord Béarn et en Bigorre. Ces abbayes, quoique n’appartenant à aucun ordre religieux, étaient tolérées par l’ordre ecclésiastique.
     Les propriétaires bénéficiaient de la collecte de la dîme. L’abbaye laïque d'’Aramitz devient en 1378 une "domenjadure", terme béarnais signifiant seigneurie.
     Comme sa naissance aux alentours de 1620, on ne connaît pas la date exacte de sa mort, mais il est probable que ce soit en 1657. Un acte de sa femme Jeanne l'annonce veuve cette année-là.
     À Aramitz, le château où Aramis a vécu a récemment été détruit. Il ne reste aujourd’hui que le portail d'’entrée, à fronton cintré. Il existe aujourd’hui une confrérie de mousquetaires dont le rôle est de promouvoir ce prestigieux passé béarnais. Dans le Barétous, les " Mousquetaires du Béarn et de Gascogne " organisent régulièrement spectacles et animations, faisant revivre la glorieuse histoire de ces Béarnais.

     M. de Tréville 1 Monsieur de Tréville, ou comte de Troivilles. La carrière des quatre autres dépend énormément de la sienne. Oloronnais d’origine, fils et petit—fils de marchands, né en 1598 de Jean de Peyrer et de Marie d’Aramits, Arnaud Jean du Peyrer, engagé volontaire à 17 ans, se fit très vite remarquer par son courage et: son habileté aux armes, en particulier au siège de La Rochelle. Par la suite et après avoir gravi tous les échelons de la hiérarchie militaire, il fit: un riche mariage et reçut à cause de sa bravoure le commandement des mousquetaires en 1634, à peine âgé de 36 ans. Deux ans plus tard, il était. Elevé au grade de maréchal des camps et des armées du Roi, devenant ainsi l’égal des plus grands seigneurs de la Cour. Mettant à profit cette vertigineuse ascension, il devait changer de nom et devenir le Comte De Troivilles, du nom des terres noblesachetées par son père en Soule. Bien que discrédité par Mazarin, il fit l’acquisition de la Baronnie de Montory et des villages de Laguinge, Restoue et Athérey.
    Son domaine était immense et il fit construire entre1660 et 1663 d’après les plans de Mansart, le Château qui existe toujours à Troisvilles, propriété de la famille d’Andurain actuellement. Son ambition démesurée le poussa alors à racheter des droits de justice et d’impôts de la Vicomté de Soule. Ceci exaspéra les Basques qui se soulevèrent en 1661 emmenés par un curé, Bernard Goyeneche, plus connu sous le nom de Matalas. L’affaire finit mal pour les insurgés puisqu’ils furent écrases dans la plaine de Chéraute. Il faut reconnaître que cet épisode sanglant entache singulièrement le caractère exceptionnel du glorieux personnage que fut Monsieur de Troivilles, décédé en 1672

     Le fameux capitaine de la compagnie des mousquetaires est lui aussi béarnais. Il naît à Oloron en 1598. Son nom complet : Arnaud-Jean du Peyrer, comte de Troisvilles (prononcé Tréville à la béarnaise).
     Il part très tôt chercher gloire et fortune à Paris. Remarqué pour sa bravoure et sa témérité sur les champs de bataille par Louis XIII, il connaît une ascension fulgurante, jusqu’à devenir le troisième personnage le plus important, après le roi et Richelieu. Louis XIII donnera le titre de comté aux terres de Tréville.
     M. de Tréville participe à de nombreuses campagnes dont il ressort en héros. D'’abord engagé dans le corps des Gardes Françaises, il devient par la suite mousquetaire du roi, puis capitaine des Mousquetaires du roi pour finir lieutenant général des armées du roi. Lors du siège de La Rochelle, il est blessé, mais rentre avec les honneurs.
     Tréville est aussi et surtout un grand protecteur de ses soldats béarnais. Là encore, le personnage de Dumas reste fidèle à la réalité.
     Par ses faits d’armes, il gagne l'’admiration du roi, mais aussi la jalousie de Richelieu. Que ce soit dans le roman de Dumas ou dans la réalité, Tréville est en conflit ouvert avec ce dernier. Richelieu obtient d'’ailleurs auprès du roi le retrait de son grade. Tréville doit partir. Sa chance est que Richelieu meurt seulement quelques mois après son exil. Louis XIII s'’empresse de rappeler Tréville à la Cour. Malheureusement, le roi meurt peu après, laissant le sort de Tréville aux mains de Mazarin. Ce dernier scelle la fin de carrière du fameux capitaine.

     Il meurt à 74 ans le 8 mai 1672 dans son château de Troisvilles en Soule.

  Sources

  • Le Béarn des Mousquetaires et des soldats du roi, Joseph Miqueu, Éditeur Cercle Historique de l’Arribère, 2012.
  • Les Trois Mouquetaires, Alexandre Dumas, Gallimard, Folio Classique, 2001.
  • Mémoire de Mr. d’Artagnan, Gatien de Courtilz de Sandras, 1700.
  • Sur les chemins de d’Artagnan et des Mouquetaires, Odile Bordaz, Balzac Éditeur, 2005.
  • Le véritable d’Artagnan, Jean-Christian Petitfils, Tallandier, 1999.
  • Magasine Historia n° 772 – Avril 2011 – Dossier Les trois mousquetaires, leur véritable histoire.
  • D'Artagnan, capitaine des mousquetaires du roi : histoire véridique d'un héros de roman, Charles Samaran, Éditeur T. Bouquet, 1967.
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