La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




Dans les premiers temps
de la Vicomté de Béarn




près cet exposé, on ne peut douter que les Ossalois ne fussent établis depuis bien longtemps dans le Pont-Long, lorsque fut créée la Vicomté de Béarn vers 840.
   Les premiers Vicomtes durent respecter cet état de choses et regarder ces montagnards comme les légitimes propriétaires avec lesquels il fallait compter.
    Une vieille tradition vient en confirmation de notre récit. Certains historiens l'ont admise, d'autres l'ont rejetée. En fin de compte, le tradition est un élément d'information non négligeable; on ne saurait lui dénier tout récit.
   Or, en ces premiers temps de la Vicomté de Béarn, Morlaàs étant capitale, il fut décidé par le prince régnant de fonder un bourg, une ville, sur le promontoire magnifique qui surplombe la vallée du gave, en face de Jurançon et de la plaine de Gelos. Il est possible aussi que les idées du vicomte ne fussent pas de cette importance et qu'il voulut simplement bâtir un château féodal, un rendez-vous de chasse.
   Quoiqu'il en soit, une opposition se dressait; l'emplacement convoité appartenait à la Vallée d'Ossau, puisque, du côté sud, le Pont-Long avait le gave pour frontière.
   L'un des Centulle, probablement Centulle IV, qui fut un grand bâtisseur (1012-1058), négocia l'acquisition du terrain nécessaire, et les Ossalois, accédant à ses désirs, lui firent don de tout le territoire compris entre une ligne formée par trois pieux figés en terre et le cours du gave. La ville surgie dans cet emplacement s'est appelée Pau, car pieu, en béarnais se dit paû. On ne peut guère douter de l'origine de cette appellation, si l'on étudie les armoiries parlantes que le souverain accorda, en 1422, aux jurats et communautés de Pau, après qu'ils eurent prêté le serment de fidélité.
   Ces armoiries sont « trois pals » sur l'un desquels est perché un paon faisant la roue, pour désigner l'endroit où le château fut construit.
   En effet, pour servir de noyau à la future agglomération, Centulle IV aurait construit un châtelet appelé «Lou Castet Menou », sur l'emplacement occupé plus tard par la maison Gassion. Depuis ce moment, la ville de Pau prend figure ; les archives retiennent son nom. On le retrouve mentionné en 1154 dans la charte de Barcelone, et, au XII° siècle, dans le Cartulaire de Lescar (Castellum de Pal).
   Un autre fait important accuse la domination d'Ossau sur le Pont-Long ; c'est la fondation de l'hôpital St-Jacques de Lespiau dans la partie occidentale de la lande, entre Bougarber et Uzein, sur la rive gauche de l'Ayguelongue.
   Il se conjugue fort bien avec la coutume pieuse et l'ambiance de ce temps-là.
   L'explosion d'une foi fervente se manifeste en tout lieux par la création de monastères ou d'établissements hospitaliers, voués au travail, à la prière ou à la charité.
   L'abbaye bénédictine de Luc avait été fondée en 970 par Guillaume Sanche, duc de Gascogne, et sa femme Urraque. Celle de Larreule, en pleine forêt de Souvestre, avait été érigée par Centulle-Gaston, vicomte de Béarn, et le comte de Louvigny en 990.
   L'hôpital Ste-Marie et St-Jean de Lescar était fondé par Gaston IV, en 1101, au profil des chanoines réguliers de St-Augustin. Le même ordre occupait l'hôpital de Mifaget, construit par le vicomte de Béarn, Gaston IV, et se femme Talèse, entre 1110 et 1114.
   L'hôpital St-Jacques de Lespiau existait déjà en 1170, puisque un acte du Cartulaire de Lescar mentionne, selon Marca, la dispute qui eut lieu, à cette époque, entre l'église de Lescar et cet hospice.
   A quel moment fut fondé l'hôpital de St-Jacques de Lespiau ? Impossible de déterminer une date précise ; mais il est certain qu'Ossau fut le donateur et le bienfaiteur de cet établissement, car rien, et on le verra plus tard, ne pouvait être édifié dans le Pont-Long sans autorisation, et lui seul disposait des terres nécessaires à l'entretien de l'hospice.
   Du reste, la raison de cette fondation est nettement marquée dans des conventions bien authentiques qui auront lieu plus tard, et où il est stipulé que les Ossalois font telle donation à l'hôpital en raison des soins qu'ils y reçoivent en temps de maladie.
   C'est donc Ossau qui dota richement la maison de St-Jacques et la confia aux moines de Ste-Christine d'Aragon, chanoines réguliers de St-Augustin.
   Etant obligés de passer les mois de l'hiver dans le Pont-long, loin de leurs foyers, dans des cabanes malsaines, les Ossalois furent soucieux de trouver sur les lieux mêmes un secours, un abri et des soins appropriés dans les maladies si fréquentes en la saison rigoureuse.
   Dès lors, il est naturel qu'ils aient pensé aux mêmes moines de Ste-Christine qui desservaient l'hospice de Gabas, perdu dans la haute vallée, au milieu des sombres forêts. En conséquence, les montagnards ont dû inviter les moines à descendre dans le Pont-Long entre l'année 1121, date de la fondation de Gabas, et l'année 1170, où nous est révélé l'existence de l'hôpital de Lespiau. Ils les installèrent sur les ruines d'une villa romaine près de Bougarber, sur la rive gauche de l'Ayguelongue, là où passait la voie de Port-Vendres à Bordeaux. Le choix était fort judicieux. Ainsi les moines seraient à même d'hospitaliser les voyageurs besogneux et les vachers Ossalois atteints de maladie.
   Cette fondation fut bien accueillie par le clergé et les populations. Par suite d'une transaction conclue en 1177, Monseigneur Sanche-Aner, évêque de Lescar, invitait chaque année les populations environnantes à venir en pèlerinage à la chapelle St-Jacques de Lespiau pendant l'octave de la fête de la Nativité de Notre-Dame, afin de la faire bénéficier des offrandes des fidèles.
   Ces moines de Ste-Christine administrèrent l'hôpital, dans l'exercice de la charité, jusqu'au XVIe siècle.
   Les troubles et les violences de la Réforme, et tout particulièrement la persécution déchaînée en Béarn par Jeanne d'Albret les obligèrent à se réfugier dans leur maison-mère d'Espagne. Ils ne revinrent plus.
   Plus tard, lorsque les conflits sanglants et les guerres civiles furent apaisés, les Barnabites de Lescar obtinrent du roi Louis XIII, par l'intermédiaire d'un certain Fortunat Coulomb, la concession du domaine et de l'hôpital de St-Jacques de Lespiau.

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