La vallée d'Ossau :
Culture et Mémoire
Différend avec l'hôpital de Lespiau
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e n'était. pas seulement les laïques et les procureurs qui se dressaient contre Ossau; il arrivait aussi que des hommes d'église troublaient sa possession. On finissait par se persuader. qu'une lande si vaste était un bien vacant et qu'il ne pouvait y avoir d'injustice à s'en attribuer quelque. parcelle. Est-ce que le maître, aux mille têtes, regarderait à ces minuties ? Il en,va mal pour un domaine qui appartient à tout le monde et à personne.
Nous avons vu, au commencement de cette notice, comment s'était fondé l'hôpital de Lespiau, et que, sans nul doute, c'étaient les Ossalois, les premiers bienfaiteurs, qui l'avaient confié aux moines de Sainte-
Christine d'Aragon. L'hôpital servait d'asile aux pauvres, aux malades, aux voyageurs besogneux et aux vachers ossalois. Les revenus de quelques pièces de terre, prises sur le Pont-Long, subvenaient aux besoins de l'établissement. Les besoins ayant augmenté, les Ossalois permirent aux religieux de cultiver d'autres pièces avoisinantes, à charge de les laisser ouvertes après la récolte.
Or il advint, à cette époque, que le prieur de l'hôpital, Arnaud Guillaume de Gère, archidiacre de Souvestre, les entoura de fossés. C'était agir en maître et revendiquer l'entière possession. Aussitôt les Ossalois détruisirent les fossés.
Le prieur fautif demanda à entrer en composition. La jurade d'Ossau, dont Jean Bordieu et Guillaume, jurats de Laruns, faisaient partie, se réunit dans l'église de Saint-Vivien de Bielle, et nomma une commission de syndics : c'était noble M. Bernard, seigneur de Ste-Colome ; le cavaler Bernard, seigneur de Bescat; les vénérables Gaillard, Casaño, domengers de Louvie-Juzon; Bernard Sans, de Bielle; Bertrand Sassoust, de Béost.
Les pourparlers s'ouvrirent. On détermina les biens qui avaient appartenu primitivement à l'hôpital de Lespiau, et ceux que la Vallée avait accordés dans la suite à usufruit. Les biens qui avaient été fermés de tout temps sont désignés sous les noms de : Jardin des Pères, de Mensoos, Bergeras, Pédouillet, Trounquet. Dans la seconde classe, le prieur énuméra les biens clos depuis environ dix ans, mais que l'hôpital avait coutume de faire cultiver de tout temps. La transaction porte que ce religieux pria et exhorta les syndics de la Vallée d'Ossau de vouloir bien lui permettre, de grâce spéciale, tant par rapport à lui, qu'en considération des pauvres, de tenir clos et emparés, ces derniers fonds, de vouloir de plus lui permettre de fermer, emparer une pièce de terre qui était devant le moulin de l'hôpital, promettant tant pour lui que pour les autres administrateurs, de ne plus faire fermer et emparer dans la suite d'autres champs sur le Pont-Long.
Les syndics de la Vallée examinèrent sa demande, tant pour lui que pour ses successeurs; mais de grâce spéciale et par rapport aux soins que les pauvres gens d'Ossau recevaient, de nuit et de jour, à l'hôpital, et pourvu que dans les champs que le prieur voulait tenir fermés, il ne fut fait dorénavant qu'une seule semaison ; que ces champs fussent aussi laissés ouverts pour les bestiaux de la Vallée, après la récolte des fruits.
Cette transaction fut signée à Pau le 23 mars 1491, chez Simon Maisonave, notaire général, secrétaire du roi de Navarre. « Le prieur et les syndics de la Vallée jurèrent sur les saints Évangiles de Dieu, corporellement touchés avec la main droite, d'observer, d'accomplir de point en point la transaction. »
En cette convention apparaît le caractère généreux et pacifique de la population ossaloise. Il en fut de même dans une autre circonstance concernant le chancelier, Jacques de Foix, évêque de Lescar.
Par contrat passé à Beyrie, le 11 avril 1543, « ceux d'Ossau, aux prières du seigneur Jacques de Foix, évêque de Lescar, chancelier de Foix, seigneur médiat de Beyrie, lui donnèrent et octroyèrent puissance et pouvoir de retirer à culture certaine pièce de terre, située au terroir du Pont-Long, et parsan appelé Tronquet, contre le grand chemin qui va de Lescar Larreule et autres parties, et le bois de Beyrie, le ruisseau de l'Uzan entre deux, pour en faire pré, l'entretenir fermé, et percevoir tous les fruits et émoluments que bon lui semblera, pour le service et nourriture de son écurie, durant sa vie et non davantage; condition que le seigneur de Foix laisserait deux passages, ou davantage, jusqu'au nombre de quatre, pour entrer et sortir les bétails de la Vallée d'Ossau afin de paître les herbes qui se trouveront et croîtront en la terre, après que les fruits seront perçus ».
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