l y eut en ce temps-là une offensive combinée dans les antichambres du pouvoir. Les officiers fiscaux, les procureurs ne perdaient aucune occasion de molester les montagnards et de combattre leurs privilèges au sujet du Pont-Long; ils n'auraient de repos que lorsqu'ils les auraient chassés de la grande lande et refoulés dans leurs montagnes. Avec un zèle outré et parfois malgré le prince, ils poursuivaient leurs plans de spoliation. Mais les Ossalois veillaient et se tenaient prêts à la riposte. A chaque nouveau règne, souvent sous le même prince, ils ne manquaient pas de faire confirmer les lettres de 1463. C'est ainsi que Catherine, reine de Navarre, fut amenée, à son tour, à reconnaître le droit de la Vallée sur le Pont-Long.
En 1508, les Ossalois lui exposent que, « resserrés dans une vallée étroite et stérile, qui ne produisait ni blé, ni vin, ils ne vivent, ne subsistent, ne payent leurs impôts qu'à l'aide de leurs troupeaux qu'ils entretiennent
en les conduisant dans le Pont-Long, qui avait toujours été leur propriété; que pour s'y être transportés en habit d'armes afin de réduire en vacant des terrains ensemencés, son Procureur général, qui feignait d'ignorer leurs privilèges, circonvenu sans doute par des voisins avides, les inquiétait, les poursuivait, les persécutait de toutes les manières; et qu'ils doivent recourir à son autorité, afin de se mettre à l'abri d'aussi odieuses vexations ». Sur quoi, Sa Majesté, de l'avis de son Conseil, cousent e que tes Ossalois puissent s'attrouper, et, avec main armée, aller et revenir au Pont-Long, en icelui démolir les fossés et fermetures, cueillir et ôter les
grains crûs et à croître, le tout sans encourir envers elle, sa justice, aucune peine ni amende; interdisant ses procureurs généraux, sénéchaux ou officiers de les empêcher; et si le contraire est fait, casse, annule, révoque de telles inhibitions et défenses, voulant que Ses dits habitants usent pleinement de leurs droits ».— 5 juillet 1508. C'étaient des assurances tangibles. Néanmoins, les Ossalois restent fidèles à leur tactique de faire avaliser
leurs titres par les nouveaux princes. En 1522, le 22 septembre, Henri II, roi de Navarre, après avoir fait examiner leurs titres, les ratifie encore de l'avis du Conseil. Ce prince, ayant ordonné qu'il fut fait un état de toutes les terres qui dépendaient de sa seigneurie, les Ossalois présentent, en 1539, le dénombrement dit Pont-Long et déchirent l'avoir toujours possédé à titre de fief noble avec. Je droit de s'y transporter armés et enseignes déployées.
Le Procureur général ne conteste point leur propriété ; il veut seulement les soumettre à payer au prince 200 écus d'or, et à lui fournir deux chevaux d'Espagne à chaque nouvelle investiture. Les montagnards se refusent à cette redevance, et le chancelier de Foix, qui représente le seigneur, les reçoit simplement à foi et hommage. La « foi et hommage. » n'engageait le feudataire qu'à la fidélité, lorsque de propriétaire
allé odial il consentait à devenir vassal, afin de conserver son indépendance.
Plus, que ses procureurs, le roi se montre respectueux des droits des Ossalois sur le Pont-Long, car, tout comme un simple particulier, il se soumet à demander, le cas échéant, les autorisations nécessaires. La lettre suivante en est une preuve :
« A nostres amats é fidels los syndics, jurats, manants é habitants de la Val d'Ossau,
Lo REY
« Cars é ben amats, per so que nostre cousie, la damisèle d'Artigueloube, a délibérat trémeler un bon nombre de bestrar en vostre peitxatge, nos vos avem voulut escriver la présente affin que vos lo recebats ail prêts è rasou que la vostre propry, è per l'amor de nos Io far la gratification è plaser que nous fidam de vos, è vos nos farats, so fasent, servici agradable. Pregam Diu vos donar, cars è ben amats nostre, so que plus désirats.
« Escriut à Bergerac lo oeytième for de jener l'an mil cinq cens quarante é tres.
« HENRI »
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