La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




LE PONT - LONG

Épilogue

l convient de noter, en finissant, les changements survenus dans le Pont-Long, après les procès qui clôturèrent l'ère des troubles.
     Nous avons dit que cette propriété était indivise entre toutes les communes de la Vallée, c'est-à-dire entre les deux cantons de Laruns et d'Arudy. L'économie domestique et rurale ayant changé dans Bas-Ossau, il est arrivé que l'hivernage, en Pont-Long, des troupeaux de cette région ne s'est plus imposée avec la même rigueur.
     Dès lors, le Pont-Long devenait un poids lourd, un bien inutile pour cette partie du pays. A quoi bon conserver un domaine qui causa tant de soucis, d'efforts et de dépenses et n'était plus rémunérateur ! Aussi, après le procès de 1836 et les années qui suivirent, le canton d'Arudy demanda la fin de l'indivision du Pont-Long. Satisfaction lui fut donnée. Un acte de partage à l'amiable fut signé en 1853 par les parties intéressées, en l'étude de Me Ducrest, notaire à Oloron.
     Le Bas-Ossau s'empressa de vendre, par lopins, l'héritage séculaire des aïeux. Ceux-ci auraient mérité peut-être plus de respect et de fidélité à leurs exemples et à la tradition. Hélas ! le temps évolue et transforme toutes choses.
     Par contre, le Haut-Ossau, plus peuplé en bétail et plus fidèle aux formes de vie ancienne, a maintenu, à peu près intact, l'héritage ancestral. Il a bien fallu céder au gouvernement français, pour cause d'utilité publique, le cantonnement où est installé le camp d'aviation; mais, en somme, la lande ossaloise bien que réduite, se déploie toujours avec ampleur dans les conditions anciennes, libérée toutefois de toute servitude.
     Chaque année, le bétail de la montagne descend pour l'hivernage ; ces solitudes retentissent encore du cri rituel des vachers ossalois, et toujours, dominant la vaste plaine, brille l'écusson aux armes d'Ossau.
     Nous avons jugé utile et instructif de rappeler à la génération présente, trop souvent insoucieuse du passé, combien nos aïeux ont peiné et souffert pour la défense et le maintien du patrimoine national. Ce qui les soutint au milieu des difficultés et des épreuves, ce fut l'amour de notre joli pays, le dévouement à la cause commune, le souci du bien familial en vue des descendants.
    Ils ont donné de beaux exemples de courage, de ténacité et d'énergie. Plaise à Dieu qu'ils ne soient pas perdus pour la postérité, trop sollicitée aujourd’hui par des mirages trompeurs.
   Les fortes vertus, trempées de foi chrétienne, ont fait le patrimoine, la famille et la patrie ; seules les mêmes vertus les conserveront.
    Le reste n'est qu'illusion et mensonge.

        Juin 1936.


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