La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire




LE PONT - LONG
Affaire des Barnabites

ertaines parties tendancieuses de la sentence de M. de Vaubourg et d'autres nettement erronées ne pouvaient être admises par les Ossalois, mais, en ce moment, une autre affaire sollicitait leur attention et leurs soins.

     Nous avons raconté plus haut comment les moines de Ste-Christine d'Aragon, qui desservaient l'hôpital St-Jacques de Lespiau, avaient été obligés de se réfugier en Espagne pour fuir la persécution déchaînée par les protestants sur le Béarn.
   Leurs biens, qui étaient d'importance, furent confisqués au profit des réformés ; c'est par de tels moyens que la Réforme, entretenait le zèle de ses partisans.
     Le 11 novembre 1594, le sieur de Grammont, protestant insigne, fut investi de tous les revenus de l'hôpital de Lespiau. Il en jouit durant plusieurs années. Mais il arriva un moment où les discordes civiles apaisées, les biens ecclésiastiques revinrent, par ordre royal, à leur première destination.
    Une bulle du pape, publiée en 1610 et approuvée par le roi, octroya aux religieux Barnabites tous les biens qui avaient appartenu, dans le Béarn, aux moines de Ste-Christine, religieux de St-Augustin. C'est ainsi que l'hôpital St-Jacques de Lespiau leur fut dévolu, grâce aussi à l'influence d'un certain Fortunat Colomb, qui leur avait ménagé. les bonnes grâces du monarque.
    Les Barnabites ne se tinrent pas satisfaits avec le domaine laissé par leurs prédécesseurs. Escomptant l'inattention des Ossalois après les troubles qui avaient secoué le pays, et pensant se couvrir de la protection royale, ils se taillèrent dans le Pont-Long, regardé comme bien vacant, des portions assez importantes pour constituer six métairies plantureuses.
     Ces métairies furent formées soit des pièces de terre anciennement désignées pour les besoins de l'hôspice, soit de celles dont l'occupation. avait fait l'objet de la transaction de 1491 avec le prieur de Gère, soit enfin d'autres pièces nouvellement usurpées. Les Barnabites bâtirent sur ces fonds des granges, des maisons et les entourèrent de fossés. L'abus était criard et scandaleux.
     Les Ossalois, fatigués des procès sans cesse renaissants, réclamèrent auprès des religieux l'exécution des contrats. Leur demande fut dédaignée. Alors ils s'adressèrent au Parlement qui commit un de ses membres afin qu'en sa présence toutes les clôtures construites par les Barnabites fussent détruites. Environ 200 Ossalois, tous armés « à feu et autres armes », descendirent dans le Pont-Long, comblèrent tous les fossés autour des pièces de terre usurpées, et abattirent aussi une plantation de jeunes chênes faite en lieu prohibé.
     Les Barnabites s'inclinèrent et demandèrent un concordat.
     Les religieux furent représentés par don Fortune Berthouet, supérieur, et Luxave Espiaube. Ossau commit les syndics de la Vallée : Mathieu Sajus, jurat de Laruns ; Etienne Nougarou, jurat de Ste-Colombe ; Jean de Canfranc, jurat de Laruns, Perpignaa, jurat d'Arudy, Vignalou, jurat de Bielle.
     Il fallut distinguer les fonds primitifs de l'hôpital d'avec ceux dont l'usufruit avait été accordé en 1491, et enfin ceux usurpés depuis. Les arbitres déclarèrent que, parmi les fonds usurpés on devait comprendre six pièces de terre en nature de touya : que parmi les fonds dont la clôture avait été permise de grâce spéciale en 1491, il y avait 11 pièces nature labourable savoir :
  1. l'ancien et le nouveau Hourquet, 12 arpens 3/4, 55 escats,
  2. Lacassie, 11 arpens 1/2.
  3. Liarès, 18 arpens 1/4.
  4. Escanader, 9 arpens 1/4.
  5. Camp pélut, Hourquet et Lalanne, 36 arpens 1/2, 63 escats.
  6. Pédouillet, 14 arpens, 32 escats.
  7. Barratnaù, 27 arpens, 15 escats.
  8. Bergeras, 12 arpens 1/2.
  9. Mansoos, 12 arpens 1/4.
  10. Lamassat, 6 arpens 1/2.
  11. Lousheugas, 21 arpens 1/4.
    Le compromis fut signé à Arudy, chez Pierre de Laa, notaire, ayant pour témoins :
   Somps, curé de Béon, Jean de Beigbéder praticien à Bielle, et Jean de Trescaze, procureur du roi.
     Les arbitres convinrent que le 1", 3", 4", 5', 6" touyas, usurpés depuis 1491, appartenaient à la Vallée ; que les terres labourables seraient ouvertes après la première récolte pour le pacage du bétail des Ossalois, et qu'enfin les pièces appelées :
   camp Pélut, Hourquet, Lahorgue seraient converties en prairies et toujours ouvertes au bétail depuis la première récolte jusqu'au 25 mars de l'année suivante.

     Ces conclusions sont à retenir, car elles serviront de base pour les revendications que les Ossalois élèveront contre l'État dans le procès de 1828.


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