La vallée d'Ossau :
Culture et Mémoire
RÈGLEMENT DE LA JURADE
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es Jurats Ossalois sont choisis dans chaque communauté à la majorité des suffrages. Cette élection avait lieu le lundi de Pâques après la messe parmi les plus intelligents, et les plus honnêtes.
La jurade tenait ses réunions à Bielle dans l'église de Saint-Vivien, « fents la glisie de Saint-Bibian » et à partir de 1355 dans le segrary de la dite église. Le segrary (sacrarium) comprend une petite salle voûtée, située au-dessus la sacristie, où l'on accède de l'extérieur par un escalier en pierre. C'est là que se trouvait le fameux coffre en bois, aux trois clefs, où l'on gardait soigneusement les registres des délibérations, les titres de propriété et de bornage des montagnes générales et du Pont-Long.
Les assemblées n'étaient pas déterminées d'une manière précise et invariable. On peut citer, cependant, les réunions tenues pour le vote de la taille vers la fin de l'année, généralement au mois d'octobre. Toutes les autres étaient provoquées, suivant les besoins ou circonstances, à la demande d'un ou plusieurs Jurats. Les convocations étaient données aux Jurats des autres communautés par le manador au man de trois jours et pour les affaires urgentes un jour après l'avis donné.
Ceux-ci étaient tenus de répondre à la convocation et de se rendre, à la date indiquée, au Capdeuil de la vallée : une amende de 60 sous morlaas était infligé aux absents, de 2 sous morlaas aux retardataires, sauf excuse légitime, et de 10 écus petits au jurat qui, ayant fait convoquer la jurade, ne venait pas à la réunion.
La jurade était composée de tous les Jurats représentant les dix-huit communautés établies en Ossau. Exceptionnellement, des délégués communaux appelés « députés» y étaient envoyés avec les Jurats pour la confection du rôle de la taille. Lorsque le vicomte de Béarn venait prêter serment de fidélité ou pour des affaires très graves, les gentius pouvaient également y assister.
Règlement :
- Arriver avant midi au Capdeuil.
- Assister à la messe, célébrée par le curé de Saint Vivien et se rendre ensuite dans le segrary.
- Dans le segrary, prendre la place indiquée pour chacun sur le tableau appendu au mur de la salle.
- Prière d' usage, récitée par les Jurats de Bielle ainsi conçue : « Seignou, illuminat nous per boste Sent-Esprit, afin que ço qui nous haram, en aqueste assemblade, sie a boste honor et glorie et aus intérets de nostes communautats, et, sustout, en descargue de nostes counsciences ; ço qui nous pregam, o moun Diu, dens accordar en disen au noum deu Pay, et deu Hilh et deu Sent-Esprit »
- Présidence donnée au Jurat le plus ancien de Laruns.
- Vice-Présidence, aux Jurats de Bielle et de St Colome qui ont les premiers la parole.
- Puis les autres donneront leur opinion dans l'ordre suivant :
Bilhères, Louvie-Juzon, Busy, Arudy, Castet, Béost, Sévignacq, Gère Bélesten, Aste Béon, Aas, Izeste, Bescat, Louvie-Soubiron, Assouste et Geteu.
- Parler debout, la tête découverte.
- Qui se permettra d'interrompre ses collègues paiera un pot de vin à la compagnie.
- Tout nouveau venu sera officiellement admis par les anciens à la condition de jurer sur le Missel et le «Te igitur » d'observer loyalement les 5 articles du règlement qui résument les autres et qui étaient ainsi conçus :
-- Obéir au manador de la Vallée « Que caou estar obédient au manador de la vallée »
-- Garder le bien de la Vallée comme le sien propre « Goardar lo bee de la vallée com lo boste medich »
-- Ne révéler aucun secret « Nou caou revelar nat secret per que no porte exprejudici en nat temps »
-- Donner la voix aux représentants les plus capables « No brigar ni lecha brigar en augun de nommar députats de la vallée, mes de dar la bouts a qui conexerats lo plus capable »
-- Veiller aux eaux courantes afin qu'on n'y jette des drogues
« De thier compte de nostes aygues correntes, enta que no y boten drogues defendudes, que nat besii ni circumbesii no y porte exprejudici en nat temps »
Et la séance commençait.
Les délibérations étaient prises à la majorité des voix, mais les Jurats d'une même communauté ne formaient qu'une voix. Les Jurats de Laruns opinaient les premiers et recueillaient la voix des autres membres, en débutant d'abord par les assesseurs, vice-présidents, et puis dans l'ordre précédemment indiqué.
Quiconque voulait émettre un avis devait parler debout et la tête découverte. Celui qui se permettait d'interrompre ses collègues payait un pot de vin à la compagnie.
Les noms et prénoms des assistants devaient être inscrits sur l'acte rédigé après la séance par le secrétaire de l'assemblée. C'est dans se cadre, qui varia un peu vers le XVIIe siècle, que toutes les questions intéressant la vallée étaient discutées et approuvées.
Sources
- Henri SARRAILH, Des commissions syndicales de la vallée d'Ossau, étude historique et économique, réédition du Syndicat du Haut-Ossau en 1986
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