La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




L'Hermitage de SAINT JULIEN


   Texte : J. Lacoste

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croix

e culte rétabli dans presque toutes les paroisses, Arnaud de Maytie se proposa d'assurer une honnête subsistance au clergé séculier. Dans ce but, et malgré l'opposition ouvertement soulevée au sein de la Jurade par d'Arros et St-Gaudens, sous prétexte que Louis XIII voulait abolir certains privilèges, il fit enregistrer l'édit de main-levée des biens ecclésiastiques, publié en faveur des Catholiques.
    Dupont et Marca, commissaires du roi, furent chargés de le faire exécuter dans la vallée d'Ossau. Il y avait donc un réel intérêt à retrouver les anciens titres paroissiaux que Jeanne d'Albret fit confisquer pendant la tourmente religieuse ; mais ce travail d'exhumation, confié par Arnaud de Maytie aux soins des curés de Béon et d'Aste, donna des résultats peu satisfaisants.
    Le titre fondamental de la prébende de Béon, conservé autrefois au château seigneurial, avait été brûlé, lors du passage de Mongomméry ; il n'existait aucun vestige des trois prébendes fondées à Aste, sans compter que les registres obituaires concernant les confréries restèrent introuvables. On aurait dû consulter les minutes des notaires.
    Quand aux terres d'église, les Fabriques ne pouvaient les acquérir de nouveau qu'à la condition d'en payer exactement le prix de vente aux possesseurs actuels. Ainsi donc, réduits à la portion congrue, les curés avaient une situation assez précaire, tandis qu'à Bielle et aux Eaux-Chaudes certains ministres ambulants étaient largement rétribués. Cette œuvre de restauration subit le contre coup d'un procès survenu entre les habitants d'Aste et l'évêque d'Oloron, à propos de la dîme des agneaux.
    Possesseurs du quart de cette dîme, Arnaud de Maytie et le chapitre cathédral avaient cédé leurs droits, moyennant une convention spéciale, à Jean de Pausader de Bielle, chirurgien à Sainte-Marie d'Oloron. Celui-ci ayant réclamé sa part pour l'année 1621, comme le firent le curé et les abbés laïques, rencontra des obstacles, car les débiteurs, dans une réunion tenue à l'Arrecq d'Esteyte sous la présidence des jurats, décidèrent que la demande du fermier de l'évêque devait être considérée comme non avenue.
    Il fallut recourir à l'autorité judiciaire. Le sénéchal d'Oloron condamna dix-sept propriétaires à payer à J. Pausader la valeur des agneaux, d'après une estimation faite par des experts nommés d'office, ou choisis par les intéressés eux-mêmes ; mais cette sentence, dont on voulait obtenir la cassation, fut déférée aux juges du Parlement de Pau.
    L'avocat d'Aste s'attacha surtout à démontrer que les prétentions de l'évêque et du fermier se brisaient contre la coutume locale et contre un arrêt de la Cour, en date du 11 septembre 1587, indiquant le lundi de Pâques pour la perception de la dîme, et que J. Pausader, non content d'avoir multiplié les citations dans l'unique but d'augmenter les frais de justice, s'était dispensé de faire comparaître cinq habitants, tenus comme les autres à payer la dîme.
    Après avoir tergiversé pendant deux ans, et grâce à l'intervention du successeur d'Arnaud de Maytie, les juges de Pau prononcèrent une sentence définitive dont voici le texte :
   « Vu l'arrêt prononcé par la Cour entre A. Forcade d'Aste appelant d'une sentence donnée par le juge du sénéchal, ou son lieutenant, au. siège d'Oloron d'une part ; et M. Arnaud de Maytie, évêque d'Oloron, et J. Pausader de Bielle, intimés et défendeurs d'autre part.
    Et le dit Forcade concluant en union de la dite sentence avec dix-sept autres sur l'appel de semblable sentence, avec L. Bellocq, J. Casassus, P. Puyou, J. Faure, J. Souverbie, J. Bégarie, J. Fonda, B. Paloque, P. Cambillou, J. Trésaugue, A. Trésarrieu, B. Subercaze, F. Domecq, J. Bergès, B. Sassouts, P. Lousteau, du dit lieu d'Aste, et tous concluant en la cause et instances unies.
    Et le procureur général concluant au procès. Labourd, Colom, Navailhes. « Vu le procès, dit à été que la Cour a condamné et condamne les dits habitants d'Aste à payer la dîme des agneaux, le lundi de Pâques, chaque année, suivant la coutume ancienne et l'arrêt de la Cour du 11 septembre 1587, au procès produit, sans préjudice aux abbés de faire garder et nourrir plus longtemps les agneaux par les dits habitants, aux dépens des dits abbés, si ainsi en est par eux convenu ; et faute par le seigneur évêque ou son fermier de se trouver au lieu d'Aste, le dit jour, pour les recevoir, permis aux dits habitants de les mettre en main tierce pour être gardés au hasard et aux dépens des dits abbés et seigneur évêque.
    Et, pour le passé, condamne les dits habitants à payer la valeur des agneaux au dit seigneur et fermier non décimés, sans dépens de la première instance ; et les autres sentences seront rendues par le notaire du sénéchal. Prononcé à Pau, au Parlement, le 20 mai 1623.
        Collationné par moi, Lacrampe.

ruine
    Les débiteurs ne se plièrent pas volontiers aux exigences de cette sentence ; car, d'après une estimation arbitraire, ils déposèrent la valeur des agneaux en main tierce ; et, ce qui achevait de compliquer les choses, ils demandèrent à la Cour à être déchargés de toute redevance à l'égard du fermier.
    Sur une plainte motivée de ce dernier, le Tribunal envoya à Aste un greffier spécial avec mission de faire exécuter la sentence. Enfin, P. Forcade, jurat, et Isaac Laborde, garde, reçurent de la part du fermier une quittance définitive, qui fut rédigée par J. Bareilles, notaire, en présence de A. Casauvielhe, de Louvie, et de Jean Mesplé, de Castet.
    Ceux qui s'étaient spécialement occupés du procès eurent l'idée d'imposer une contribution pécuniaire à toute la communauté d'Aste, soit pour alléger les charges des perdants, soit pour payer un capital emprunté à Trescaze ; mais cela donna lieu à des récriminations nombreuses. Menacée d'une saisie judiciaire si elle ne s'exécutait pas, Jeanne Badie, dans un acte rédigé par J. Maysounave, clerc de J. Bareilhes, déclara que, simplement tenue à payer la dîme au curé, elle n'acceptait aucune imposition pour une affaire qui ne la regardait pas.
    Cette mesure vexatoire fut signalée par elle au sénéchal d'Oloron.
   L'ermitage de St-Julien de Béon tenait à peine debout, les curés et les jurats n'ayant plus songé à s'en occuper depuis l'introduction du Protestantisme en Ossau.
    Au commencement du XVIIe siècle, on remarquait encore dans l'antique chapelle une base d'autel avec sa table de marbre mutilée et noircie, puis une vieille statue, celle de saint Julien, et enfin, à côté de la porte d'entrée, un bénitier monolithe de forme cylindrique, orné d'une croix potencée et de sculptures ogivales ou rectangulaires du XV e siècle
   La minuscule habitation de l'ermite avait subi elle aussi les ravages du temps. Restauré vers l'an 1612 par Brito, curé de Béon, cet édifice servit de refuge à un moine que la régularité de sa vie rendit populaire et dont le souvenir dure encore de nos jours.
    Ce religieux, dit-on, rappelait souvent aux personnes charitables cette exhortation tirée de la Sainte Écriture : « Pendant que nous en avons le temps, faisons du bien ». D'après une tradition que nous ne donnons pas pour certaine, son corps inhumé dans l'ermitage fut transporté plus tard dans la chapelle latérale de l'église de Béon.
   J. Trescaze, procureur du roi, nous a laissé un long Mémoire où il raconte, avec beaucoup de détails, un événement sensationnel dont l'ermitage de Saint-Julien fut précisément le théâtre. Telle qu'elle est, cette narration historique mérite les honneurs de la reproduction.
   C'était le 10 août 1628. Un jeune pâtre de Béon, J. Casassus, se trouvait dès le matin sur la pente méridionale de la Pène, tout entier à la garde de son troupeau de vaches, lorsque des lamentations lugubres se firent entendre. Immobile, il prête l'oreille, « A moi ! au secours ! » ; ces cris de détresse, il n'y avait aucun doute, partaient de la grotte de Saint-Julien.
    Revenu de sa première surprise, il se dirige résolument vers ce lieu connu de tous, il approche pourtant avec prudence, il pousse la petite porte de la chapelle et alors — réalité sinistre — il voit gisant sur le sol un jeune homme dépouillé de ses habits, tout criblé de blessures et noyé dans une mare de sang.
    Dès l'abord, il se sentit secoué d'une indicible émotion. Cet inconnu, lui adressant la parole, le conjure, les larmes aux yeux, d'avoir compassion de sa misère, car un étranger, ajoute-t-il, pendant la nuit, lui a fait beaucoup de mal. Après l'avoir mis dans un assez mauvais lit, le seul de la cellule, J. Casassus, prompt comme l'éclair, va droit au village de Béon.
    La triste nouvelle se répand vite ; les braves paysans accourent de toutes parts, le curé de la paroisse en tête, celui-ci mû par une idée facile à comprendre, celle de porter les consolants secours de la Religion chrétienne à un malheureux, peut-être sur le point de mourir. A la vue du prêtre, le patient sent son courage renaître, il demande les derniers sacrements et il les reçoit avec foi et avec les sentiments de la plus vive reconnaissance.
    Mis au courant de ce fait, Trescaze, procureur du roi, en résidence à Bielle, et Daniel Sacaze, jurat de Béon, alors sur le mont Lourziou, se rendirent aussitôt à l'ermitage, où, à quelque temps de là, tous les jurats de Bielle vinrent les rejoindre. Le désordre affreux constaté dans la chapelle, l'état lamentable du blessé, tout indiquait suffisamment qu'on se trouvait en présence d'une tentative d'assassinat doublée d'une profanation.
    Appelé en toute hâte, le chirurgien Monda de Bielle, fit le pansement des blessures, mais, vu la gravité du cas, il fit venir l'un de ses collègues, Mathieu de Marcadeg. Tous les deux, en véritables praticiens qu'ils étaient, se livrèrent à l'examen approfondi et minutieux du mal.
    Dans leur rapport écrit, outre les explications techniques, ils signalèrent les membres endommagés par un instrument contondant ; les tempes, l'occiput, la commissure des lèvres, l'estomac, le thorax, les bras et les mains. De leur propre aveu, l'état du blessé excitait un étonnement peu ordinaire, « co que ere cause estonnable de beder », si bien que d'un moment à l'autre il fallait s'attendre à un dénouement fatal.
    B. Mirande et Marguerite Faure, de Béon, se mirent à la disposition des chirurgiens pour les services dont ceux-ci voudraient bien les charger à l'endroit du pauvre blessé, mais l'on décida, séance tenante, que ce dernier serait transporté et installé dans l'une des chambres de l'hôpital de Bielle, ce qui permettrait aux médecins de le visiter plus fréquemment et aux infirmiers de le soigner plus commodément.

Ruine

    Il fallait saisir le moment favorable pour obtenir de l'intéressé lui-même les renseignements de nature à éclairer l'entourage et en particulier les représentants de la justice. Comme quelqu'un qui se possède et jouit d'une lucidité parfaite, le blessé fit une déclaration importante que Trescaze donne dans toute sa simplicité.
   «François Monjolly, voilà mon nom ; âgé de 25 ans, je suis originaire d'Ussel, ville du Limousin. Je dirai la vérité tout entière, comme celui qui ne ment pas à l'heure de la mort. Parti pour Madrid, il y a environ quatre ans, j'eus l'avantage d'entrer à l'hôpital fondé par saint Louis, roi de France, où l'on m'employa comme sacristain.
    Peu de temps après mon installation, vint dans cette maison un moine qui, ayant fait ma connaissance, me parla à cœur ouvert. J'arrive, me dit-il, de la vallée d'Ossau, où la charité de braves gens a mis à ma disposition un ermitage, et, avec la grâce de Dieu, j'espère revenir à mon premier séjour ». Cette communication intime me donna l'idée de le suivre pour passer avec lui le reste de ma vie. Je lui avouai mon pieux dessein ; ma promesse de venir le trouver dans quinze jours fut accueillie avec bonheur.
    Je quittai l'hôpital. Arrivé à Saragosse, je rencontrai un certain Glande que j'avais connu à Madrid où naguère il exerçait la profession de cocher. Originaire du duché de Bourgogne, c'était un jeune homme âgé d'environ 24 ans, mal habillé, ayant les cheveux noirs, le teint brun et la barbe à l'espagnole. Mon voyage dans les Pyrénées parut l'intriguer ; et, après lui avoir tout dit, il manifesta sur le champ le désir de m'accompagner et celui, bien plus surprenant, d'embrasser avec moi la vie monastique. Donc, nous nous mîmes en route comme deux bons amis.
    Après une longue marche, laissant derrière nous les derniers villages d'Espagne, Lanusse et Salhent, nous franchîmes le Pourtalet pour nous engager dans l'étroite gorge de Broussette au bout de laquelle se trouve l'hôpital de Gabas.
    Nous aperçûmes, sur le tard, les premières maisons de Béon et, peu après, nous étions au terme de notre voyage. Je frappai à la porte de l'ermitage, mais en vain, le religieux était absent. C'était la nuit noire.
    Après une longue attente, je pris le parti d'ouvrir la porte ; et d'ailleurs sentant l'un et l'autre l'impérieux besoin de restaurer nos forces, j'invitai mon compagnon à se rendre à Béon pour y acheter des vivres, à quoi il objecta qu'il n'avait pas d'argent, l'ayant dépensé en route. Je lui donnai plusieurs pièces de monnaie. Il porta du pain, du fromage et du vin. Constatant la disproportion entre la modicité des provisions et la somme assez ronde qu'il avait reçue, je n'hésitai pas à lui en faire la remarque, ce qui excita en lui un mouvement de colère.
    Le souper se termina sans incident. J'engageai mon compagnon à prendre le lit du moine, tandis que moi, après avoir enlevé mon pourpoint et mon haut-de-chausses, je m'étendis sur des branches sèches, enveloppé de mon manteau.
   Dès le premier somme, je me sentis soudainement et violemment frappé au bras gauche ; c'était à mon avis une mauvaise plaisanterie de quelque pâtre. Mon compagnon, averti de cela, ne répond rien ; mais il est là, debout au milieu de l'obscurité. A muerto, Dios ! A muerto ! clame-t-il, et ce cri féroce à mon adresse me glaça d'épouvante ; j'étais sans armes. C'est alors que Glande penché sur moi se mit à percer mon corps avec la pointe acérée de sa dague. « Traître, m'écriai-je, ne me tue pas, prends tout ce qui m'appartient, mon or, mon argent, mes habits ; au nom du ciel, grâce ! » ; mais il continuait à me larder de coups, semblable à un fou furieux.
   Du moins, lui dis-je, laisse moi réciter une prière, donne moi le temps de faire ma confession, un acte de contrition. » Rien ne put l'émouvoir, et mes cris, arrachés par la souffrance, personne au dehors ne pouvait les entendre. Voyant qu'il m'était impossible d'éviter la mort, je me traînai jusqu'aux marches de l'autel de Saint Julien, subitement éclairé d'un rayon de lumière.
    Glande me crut mort, car j'étais sans mouvement ; et, pour vérifier la chose, il effleura mon visage de sa main, pendant que je retenais ma respiration. Mon sang coulait à flots pressés ; la mort devait infailliblement venir sans un acte providentiel et, ce qui revient au même, sans la protection spéciale du bienheureux Saint Julien, patron de l'ermitage, à qui, durant mes longues heures de douleur et d'angoisse, je ne cessai d'adresser mes plus ardentes supplications.
   Au commencement du jour, un jeune pâtre m'entendit, il vint à mon secours. Le curé voisin, avec un dévouement dont je lui sais gré, m'administra les derniers sacrements. Comme Dieu veut que nous pardonnions à ceux qui nous ont offensés, je pardonne, j'oublie sincèrement et totalement l'acte que Glande a commis ».
   Tout cela fut une véritable révélation. Dès lors, il appartenait aux représentants de la justice de recueillir des renseignements propres à amener la découverte du malfaiteur. Selon toute vraisemblance, Glande avait franchi la frontière, le lendemain même du crime, et peut-être se tenait-il caché dans quelque village de la vallée de Thène.
    Au dire de Jean Pinas, de Laruns, deux jeunes gens, l'un armé d'un poignard et portant un sac de voyage, l'autre vêtu d'une soutane et un bâton à la main, avaient été rencontrés à Gabas la veille du crime, ce qui corroborait la déposition faite par la victime. Mais on attendait d'autres précisions qui fort heureusement vinrent d'un témoin bien renseigné.
    D'après Marie Baylou, l'un de ces voyageurs, celui qui portait un poignard, était passé de nouveau à Gabas ; et à certaines personnes qui lui demandèrent le motif d'un si prompt retour, il répondit qu'il avait oublié un objet de valeur à l'hôtellerie. On le soupçonna d'être l'auteur du crime commis à Saint Julien, parce que ses habits portaient de grandes tâches de sang, et que l'hémorragie nasale, au moyen de laquelle il essaya d'expliquer ces souillures, dénotait un subterfuge grossier.
    D'ailleurs, il s'empressa de prendre la route d'Espagne, les yeux agités et regardant de temps à autre derrière lui comme celui qui a peur d'être poursuivi par les agents de la justice. Cette affaire criminelle entrait donc dans une phase nouvelle.
   Les jurats d'Ossau, avertis par le manador public, se réunirent aussitôt au segrary de Bielle, sous la présidence du procureur du roi, pour délibérer sur les mesures à prendre en pareil cas. Entre temps, on apprenait, à la satisfaction de tous, que la police espagnole avait mis la main sur l'assassin et le tenait enfermé dans une prison à Salhent.
    Dans une seconde réunion extraordinaire, tenue à Arudy, le 15 août, jour de marché, les jurats adoptèrent à l'unanimité une proposition aux termes de laquelle il était urgent de s'adresser à Claverie d'Arudy, seigneur de l'endroit et conseiller du roi, dont l'influence auprès du gouvernement espagnol pouvait leur être d'une grande utilité pour l'extradition du criminel.
    J. Mounaix de Laruns partit pour Salhent, chargé qu'il était de présenter d'abord ses lettres de créance à P. Lanusse, justicier de la vallée de Thène, et de s'entendre ensuite avec lui sur le cas de Glande, à propos duquel on ne pouvait faire abstraction ni de la justice vindicative ni de la sécurité locale.
    P. Lanusse refusa de se prononcer, la solution de ce cas difficile appartenant aux délégués de Thène, dont la réunion devait avoir lieu, le 26 août, à Lopueyo. Il promit cependant de le présenter au Conseil espagnol, composé de trois membres, Migallas Marton de Salhent, Miguel Guilhem de Penticossa et M. Pardo de Tramacastilla.
    J. Mounaix demanda l'extradition pure et simple du prisonnier, mais les délégués espagnols essayèrent de lui faire comprendre que cet acte était contraire non seulement aux passeries entre les deux vallées mais encore à leurs intérêts personnels. Il dut se borner à faire rédiger l'acte de refus par Loperr, notaire, et il alla retrouver ceux qui l'avait accompagné. J. Peyre, J. Pinas, Mirassou, Maysonnave et Fourcade.
    Tous furent unanimes à critiquer la mauvaise foi espagnole. Glande fut mis en liberté. On apprit qu'il s'était déjà mis en route pour Jaca en compagnie de deux compères. Mais la Providence, qui ne laisse pas le crime impuni, allait se manifester. Le scélérat, rencontré par J. Mounaix et par ses collègues, est pris et garrotté.
    La nouvelle de cette capture produisit dans notre vallée un soulagement général, on adressa aux délégués des félicitations méritées, et pour ce qui est du criminel, il fut enfermé provisoirement dans le segrary de Bielle à la porte duquel J. Trésarrieu, J. Bergès et G. Lafourcade, jurats, firent bonne garde, jusqu'à l'arrivée du procureur du roi.
    Glande, à qui J. Trescaze déclara, pour la forme, le motif de son arrestation, apprit avec une stupéfaction visible que François Monjolly était encore en vie. A part quelques circonstances plus ou moins masquées, il fit des aveux complets.

   Là se termine le Mémoire qui a pour titre : « Information contre Glande de Saubignar, de la Franche-Comté ». Dans ce récit absolument authentique une chose nous frappe, c'est le mutisme de l'ermite de Saint-Julien ; le témoignage de ce dernier n'était pas à dédaigner.
    Cette lacune et d'autres encore s'expliquent sans peine. J. Trescaze ne pouvait demander des renseignements à ce moine qui, depuis quelques jours, avait quitté l'ermitage ; il devait renoncer à nous dire si le blessé eut le bonheur de conserver la vie, et si le coupable fut condamné à la peine capitale, ces choses n'était pas encore connues de lui au moment où il achevait d'écrire son Mémoire.
J.Lacoste

   Sources

  • Extrait des « Études Historiques et religieuses du diocèse de Bayonne » 1903.
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