La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




Pierrine Gaston Sacaze
1797-1893


Le Botaniste.

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      L’utilité et la beauté infinie des fleurs ébahissent Gaston-Sacaze. Désormais une stimulation l'envahit à laquelle succède une profonde passion.
   De 1826 à 1828, il récolte, moult plantes et les transcrit en dessin ou en peinture.
   Ainsi naît un premier herbier pictural et graphique. Puis un ami de la famille, Casadavant d’Arudy, appréciant la volonté de Gaston-Sacaze, met à sa disposition un herbier contenant cent cinquante échantillons.
   Notre botaniste en herbe s'évertue à enrichir l'album floral qui devient vite conséquent. Hélas, il classe les spécimens d’une façon anarchique.
    Le curé de Béost, M. Mon, lui explique qu'il existe un système de classification dont le créateur est le naturaliste suédois Cari Von Linné (1707-1778).
   M. Mon lui offre un premier ouvrage intitulé Eléments de botanique, écrit en latin. Un jour, à dos de mulet, Gaston-Sacaze s’échappe de Bagès pour se rendre à Pau chez un libraire, en quête de l'ouvrage de Linné, fondamental pour l’étude de la science des plantes : Systema Naturae. Surprise !
   Lui aussi est rédigé entièrement en latin. Déconcerté mais point découragé, il achète le gros livre et s'en va conter son désarroi au curé de Béost qui lui donne d'utiles conseils à propos de la langue latine.
   Mieux, il lui offre un vieux dictionnaire de latin. Les longues soirées d’hiver mais aussi les journées, occupé à garder les brebis dans les pâturages de l'Aubisque, il les consacre à l’étude du latin. Son frère, curé d’Aste-Béon, lui apporte une aide répétée, Au milieu des expressions latines, des longues phrases en grec empoisonnent la compréhension de Gaston-Sacaze. Qu’à cela ne tienne :
    Il se met à apprendre le grec ! Il court à nouveau vers le presbytère de Béost ! Son sauveur l’attend. Le curé lui prodigue quelques explications et lui remet un lexique de grec.
   Entre temps, Gaston-Sacaze se lie d’amitié avec un jeune pharmacien de Laruns, Bernard Cazaux, homme intelligent, cultivé et féru en herboristerie. Devant la témérité et l’engouement de Pierrine, il lui donne de précieuses leçons et l’encourage à poursuivre ses investigations. L’année 1830 sonne ; Gaston-Sacaze parle le grec et le latin. Il peut dès lors lire tous les traités de botanique qui, à l’époque, ne comportent pas un traître mot de français. En 1832, il réussit à se procurer le rare ouvrage en latin du grand botaniste toulousain Picot de Lapeyrouse, Flore des Pyrénées, écrit en 1801.
   Puis il dévore livre après livre : ceux de Léon Dufour, Ramond de Carbonnières, Lamarck, De Candolle, Duby, etc. Donc, en cette année 1830, Gaston-Sacaze possède tous les moyens culturels et linguistiques pour cheminer à travers la botanique. Alors, tout en continuant son herbier pictural et graphique, il démolit son herbier de plantes sèches et le reconstruit entièrement en suivant la classification linnéenne.
   On peut donc retenir que l’année 1830 signe les débuts sérieux en botanique pour Gaston-Sacaze et que son volumineux herbier a pris naissance à cette date là.
   Aux époques de la floraison, il parfait son œuvre en fouillant dans tous les recoins de la montagne et en gravissant de nombreuses cimes.
   En 1836, son herbier de plantes sèches renferme 1 500 échantillons dont 500 mousses et lichens ; 1 000 fleurs sont issues de la seule vallée d’Ossau.
   En 1841, il en contient 2 000 échantillons ;
   En 1845, 2 400 dont 600 en mousses et lichens ;
   En 1851, près de 3 000 !
   A cette date, Gaston-Sacaze évalue à près de 1 500 individualités florales la richesse végétale de la vallée d’Ossau.
   Dès 1834, il atteint un niveau élevé de connaissances en botanique ; il possède une flore ossaloise assez complète, en tout cas conséquente. Cazaux, pharmacien des Eaux-Bonnes, le considérant prêt à enseigner à son tour, lui confie des sorties botaniques pour les illustres visiteurs de la station thermale des Eaux-Bonnes. Dans la vallée et ailleurs, ses talents de botaniste sont reconnus.
   La célébrité n'est pas loin ; elle arrive le 14 juillet 1836, dans son cuyala du col d’Aubisque.
   Ce jour-là, il reçoit la visite d’un jeune docteur de Besançon qui, dans quelques années, en botanique, sera le plus fort en Europe :     Jean-Charles Marie Grenier bul Jean Charles Marie Grenier, alias Charles Grenier, né le 4 novembre 1808 à Besançon et mort à Besançon le 9 novembre 1875, est un botaniste français.
   Il effectue de brillantes études secondaires puis s'inscrit à l'école de médecine de Besançon où il obtient le titre de docteur en 1836.
   Il passe l'été 1836 à Eaux-Bonnes et y fait la rencontre du pâtre-herboriste Pierrine Gaston-Sacaze. Ils garderont une relation épistolaire.
   Il n'exercera jamais la médecine car il est nommé professeur d'histoire naturelle à l’école de médecine de Besançon dès l'année 1837. Il soutient une thèse sur la géographie botanique du département du Doubs. Ayant ainsi obtenu le grade de docteur ès sciences , il devint professeur de botanique à la création de la faculté des sciences de Besançon en 1845.
   Il est l'auteur de travaux de phytogéographie sur le Jura, il est le co-rédacteur avec Dominique Godron de la Flore de France (la Grenier & Godron) éditée de 1847 à 1856.

   Sources

  • Antonin Nicol
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