Conteur, musicien et chanteur,
Goûteur de bonheur, troubadour du quotidien ossalois, fin observateur de la banalité des choses restituée avec truculence et pertinence, sa philosophie de la vie et l’amour forcené du pays.
Je n’ai jamais arrêté les répétitions avec Los de Laruntz du Festival de Siros qu’il présidait depuis 2000 ou d’autres lieux de célébration d’une culture béarnaise servie avec une dévotion bonhomme, quoique mâtinée d’héritages bigourdans, gersois et landais.
Né le 10 août 1946 à Laruns, il avait appris son métier dans la boucherie-charcuterie familiale créée par le grand-père Romain Barbe en 1924, puis volé de ses propres ailes, dès 1972, dans la rue du Bourguet à Laruns son village natal et aussi à Eaux-Bonnes et Gourette.
Boute-en-train, Jean-Claude Coudouy fit de son commerce de bouche un théâtre permanent et de ses clients les spectateurs privilégiés d’une pittoresque comédie humaine. La notoriété du personnage s’était tissée autour du légendaire « Hilh de pute », une saynète inspirée du fameux juron gascon.
Racontée pour la première fois à Buzy en 1966, acclamée quatre ans plus tard par le public de Siros, elle devint le pivot d’un corpus humoristique prisé des rieurs du grand sud-ouest.
1970 : Festival de la chanson et de la culture béarnaise à Siros, village de la plaine du gave à quelques kilomètres de Pau. Un conteur naît quand Jean-Claude Coudouy, boucher-charcutier à Laruns en vallée d’Ossau, 24 ans, offre à un large public la partition jouissive du Hilh de puta.
En sept minutes, il module ce groupe nominal très courant pour lui donner les contours d’expressions imagées : peur, colère, surprise, impatience, gourmandise, envie, délectation, satisfaction, repos…
Un camp de prisonniers en Allemagne et deux compagnons béarnais, « Tournemoulin » et « Viremoulin », servent de cadre à cet exercice d’acteur. Peu ou pas de dialogue, seule la maîtrise du tempo de la diction, accompagnée de quelques interjections et bruitages, suffisent à happer le public et à le faire entrer dans le récit.
La puissance de l’interprétation est si forte que même l’enregistrement sur disque vinyle entraîne l’adhésion des auditeurs. Si le juron est « internationalement » gascon, Jean-Claude Coudouy sait, comme tout bon conteur de tradition orale, que cela ne suffit pas et qu’il doit provoquer des images chez les auditeurs : à tout le moins il doit transmettre les images qu’il a en tête, au moment où il conte, aux personnes qui l’écoutent.
Et le récit a le pouvoir de souligner les traits de caractère d’un parent, d’un voisin, d’une connaissance, voire de soi-même. Rire de soi grâce à l’effet miroir du récit est une des caractéristiques de cet humour que l’on dit gascon mais que l’on retrouve finalement dans d’autres sociétés.
Car le rire, l’humour, c’est éviter de se prendre trop au sérieux, pour arriver à une certaine connaissance de l’âme humaine.
Jean-Claude Coudouy est un conteur public de tradition orale. Il s’inscrit dans cette veine d’oralité qui a très peu intéressé les premiers collecteurs de contes qui ne cherchaient que des personnes souvent âgées et transmettant leur répertoire le soir à la veillée.
Quand il est mort le Conteur
Quand il est mort le Conteur
Tous ses amis
Tous ses amis
Tous ses amis pleuraient ...
Sources
- La république - Patricia Heiniger-Castéret
|