La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
CHÂTEAU D'ESPALUNGUE
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spalungue (d'). Cette maison, dont des documents authentiques attestent l'existence en Béarn dès le XIe siècle de notre ère, compte parmi les plus anciennes et les plus distinguées de la province.
Haute bâtisse du XVIe siècle à la tour polygonale, le château d’Espalungue se tient sur un éperon rocheux, sous l’église d’Assouste, sur la rive droite du gave.
Au départ, il y aurait eu une tour de guet à cet emplacement, datant du IXe siècle. Mais la bâtisse actuelle a été construite par Jean de Poey au XVe siècle.
Puis la construction a évolué avec la famille de Rague vers 1602, puis sous l’impulsion du marquis de Livron à la fin du XVIIe siècle.
ESPALUNGUE : 2 Versions
"Espalungue vient de spelunca, grotte en latin, sans doute en raison des grottes proches au Hourat" explique l’historien Christian Desplat. "Les maisons nobles de ce type sont très rares en Ossau" poursuit l’historien. "Il s’agissait d’une domengeadure, c’est-à-dire une maison noble qui donnait droit d’entrée aux états généraux de Béarn dans l’ordre de la noblesse.
Car en Béarn, on est noble par la terre et non par le sang".
L’Espagne fut son berceau, et à l'époque reculée où elle l'abandonna pour s'établir dans nos contrées, elle portait le nom ou le surnom d'Espada longua (longue épée), que la valeur militaire de quelques-uns de ses membres lui avait sans doute mérité. Celui d'Espalungue n'est du reste que la traduction du précédent dans l’idiome Béarnais.
Les guerres civiles auxquelles la maison d'Espalungue se trouva intimement mêlée et l'incendie du château de son nom qu'elle possédait dans la vallée d'Ossau, eurent pour conséquence la destruction des titres qui pourraient servir à établir d'une manière exacte sa généalogie pendant les premiers temps de son établissement.
Le défaut de documents ne permet pas de suivre la filiation de N. d'Espalungue « gentilhomme Béarnais, officier recommandable par sa valeur, qui prit part aux guerres d'Angleterre dans le XIe siècle. » Diverses correspondances et les registres des assemblées du pays constatent la possession d'état de noblesse de ses descendants, mais ce n'est qu'à partir du XVe siècle que leurs indications suppléent avec quelque clarté à l'absence de précisions plus complètes.
I. Noble Guilhem d'Espalungue, seigneur d'Espalungue et de Narcastet, prêta serment de fidélité au souverain en 1428, ainsi qu'il résulte d'un acte détenu en la chambre des comptes de Pau.
II. N. d'Espalungue.
III. Noble Jean d'Espalungue, fils du précédent, mourut en 1520, laissant trois enfants,
1° Bertrand d'Espalungue, qui continua la tige et qui suit.
2° Jaime d'Espalungue, qui eut un fils Arnaud, pourvu, en considération des services importants rendus à l’État, des charges d'écuyer ordinaire du roi, écuyer servant, lieutenant des gardes françaises et en 1557 lieutenant des vieilles gardes. Le roi lui fit don de la terre et seigneurie de Beyrie, près Lescar, que sa famille aliéna ainsi que ses autres possessions en Béarn pour aller s'établir à Nérac, où la Cour tenait sa résidence. La branche dont Jaime d'Espalungue était le chef s'éteignit à un petit nombre de générations.
3° Jeanne d'Espalungue, instituée par son père héritière du château d'Espalungue.
IV. Noble Bertrand d'Espalungue fut honoré en 1555 d'une commission par le roi Antoine de Bourbon, et la reine Jeanne le nomma en 1563 maréchal de ses logis et gentilhomme servant. En 1570, elle lui confia le commandement d'Aubertin par lettres-patentes qui donnent pour motifs à cette faveur « les bons, louables et recommandables services rendus par son cher et bien-aimé Bertrand d'Espalungue aux feus rois ses très honorés seigneurs père et mari, et à elle-même. » Investi en 1569 du gouvernement de la vallée d'Ossau, Bertrand d'Espalungue reçut en 1573 la mission de démolir les murailles de Lescar, afin d'enlever à l'ennemi les moyens de se fortifier s'il parvenait à s'emparer de cette place ; Henri IV, en reconnaissance de ses services, lui octroya en 1574 l'office de maître d'hôtel de sa sœur la princesse de Navarre, ainsi que le gouvernement des parsans de Monein, Lasseube, Bruges, Asson, Rébénacq, Arros et Bosdarros, auquel il joignit en 1579 celui de Tarbes. Du mariage contracté le 19 janvier 1546 entre Bertrand d'Espalungue et Catherine de Cazaux, fille et héritière de noble Antoine de Cazaux, seigneur domengé de Louvie-Juzon, naquirent :
1° Henri, chef de la branche de Louvie ;
2° Bernard, chef de la branche d'Arros.
BRANCHE DE LOUVIE.
V. Henri d'Espalungue, commandant du régiment de la Force, guerrier recommandable par des qualités auxquelles la princesse Catherine de Navarre se plut à rendre hommage dans une lettre autographe : il périt au siège d'Aire, laissant de son mariage avec demoiselle de Nays, conclu le 17 avril 1591, en présence d'Henri d'Albret, baron de Miossens et de Joseph de Montesquiou, seigneur de Sainte-Colomme, témoins et cousins de l'époux.
1° Antoine, qui va suivre ;
2° Jean qui fut pourvu, le 14 septembre 1634, de la charge de capitaine au régiment de Navailles ; il prit part
en 1638 sous les ordres du prince de Condé au siège de Fontarabie et, grièvement blessé deux ans plus tard à celui de Turin, ne se résolut à rentrer en France pour y faire soigner ses blessures que sur l'ordre formel du comte d'Harcourt, commandant des troupes de S. M.. Rendu à la santé, il recommença la vie des camps avec le titre de maréchal de bataille, reçut le 27 décembre 1644 le brevet d'aide-de-camp des armées du roi, et mourut à un âge avancé, comptant 32 campagnes de services actifs. Le 25 janvier 1649 il avait épousé Jeanne de Lapuyade, fille de noble Jean de Lapuyade, seigneur de Mont, de qui il n'eut qu'une fille N. d'Espalungue, mariée au baron d'Arboucave de Maslacq.
VI. Antoine I d'Espalungue, seigneur de Louvie, fit d'abord diverses campagnes en Hollande et obtint le 4 septembre 1644, en récompense de ses services, la garde des ports et passages de France en Aragon par la vallée d'Ossau.
Il s'unit le 21 juillet 1629 à Marie de Gassion, fille de messire Jean de Gassion, président à-mortier au parlement de Pau, et frère du maréchal de son nom.
De ce mariage :
VII Raymond d'Espalungue, seigneur de Louvie, qui épousa en 1658 Élisabeth de Marin, d'où trois fils, savoir :
1° Antoine qui va suivre ;
2° N.... ;
3° Henri, aide-major de la ville et cité d'Arros, chevalier de Saint-Louis.
VIII. Antoine II d'Espalungue, seigneur de Louvie, épousa Claude-Suzanne de Maure, fille du baron de Maure. Son
fils aîné,
IX. Jean-Hubert d'Espalungue fut marié à demoiselle du Lys de Sainte-Colome, d'où,
X. N. d'Espalungue, seigneur de Louvie, qui émigra pendant la révolution, fit les campagnes de Condé et devint chevalier de Saint-Louis, membre du conseil général des Basses-Pyrénées et syndic de la vallée d'Ossau. Il mourut sans enfants en 1853.
BRANCHE D'ARROS.
V. Bernard d'Espalungue, fils cadet de Bertrand d'Espalungue ; il servit en Hollande dans les armées du roi
comme capitaine d'une compagnie française de gens de pied et de sergent de bataille, fut créé en 1603 par Henri IV gouverneur du baillage et pays de Gex et périt en 1622 au siège de Berg-op-Zoom ; le 9 novembre 1613 il épousa demoiselle Catherine de Cazaux, fille de noble de Cazaux, conseiller du roi en ses conseils d'état et privé, premier président en la cour souveraine du Béarn. De ce mariage :
1.° Henri, capitaine d'infanterie, marié en 1654 à Adrienne de Maillos , fille de N. de Maillos, conseiller du
roi et maître des comptes ; il mourut sans postérité.
2.° Daniel qui suit.
VI. Daniel d'Espalungue, marié le 27 août 1648 à demoiselle de Casamajor de Diusse, fille de N. baron de Diusse, conseiller au parlement de Navarre. De ce mariage :
1.° Henri qui suit :
2.° Henri-Auguste, seigneur d'Angères qui devint maréchal général des logis des gardes
Suisses, et reçut le cordon de Saint-Michel.
VII. Henri d'Espalungue, baron d'Arros, gouverneur de la ville de Nay, marié à demoiselle Jeanne de Gonlaut-
Biron, d'où :
1.° Henri qui suit ;
2.° N.... , capitaine au régiment Royal-Piémont cavalerie et chevalier de Saint-Louis, tué par un boulet de canon à la bataille de Malplaquet ;
3.° N...., lieutenant au régiment de Bourbonnais, mort en service ;
4.° N...., capitaine de grenadiers au régiment de Navarre et chevalier de Saint-Louis, tué dans une
sortie sous les murs de Prague en 1742.
VIII. Henri d’Espalungue, baron d' Arros, épousa en 1726 demoiselle Catherine de Forcade-Biaix, fille de noble de Forcade dont le frère, Jean de Forcade, était général au service du roi de Prusse et devint grand-maître du prince royal. De ce mariage :
1.° Henri-Auguste qui suit ;
2.° Jean-Baptiste-Charles d'Espalungue entré au service dans le régiment royal Cantabre dont il devint major
en 1762, créé major d'infanterie et chevalier de Saint-Louis après la mise en réforme de ce corps, survenue à la paix, et plus tard nommé lieutenant-colonel d'un régiment provincial. Promu en 1791 au grade de maréchal-decamp, il mourut maire de Pau, le 30 avril 1814, sans laisser d'enfants de son mariage avec Françoise de Montaut ;
3.° Henri d'Espalungue, lieutenant-colonel du régiment Brabant-Wallon, marié à une demoiselle de la famille impériale de Gênes et mort sans postérité en 1779 ;
4.° Martin qui périt au Mexique à la tête du régiment de la Couronne dont il était colonel.
IX. Henri-Auguste d’Espalungue, baron d'Arros, d'abord capitaine au régiment des bandes Béarnaises, puis successivement créé, en 1754, mousquetaire dans la 1re compagnie du corps, en 1755 aide-de-camp du duc de Tresves, en 1758 garde chasse à cheval de la capitainerie et maison royale de Montceaux, en 1760, gouverneur et commandant des villes de Nay et Bruges, capitaine du régiment de Chartres cavalerie. Il fit les campagnes de 1761 en qualité d'aide-de-camp du marquis de Castries, passa en Espagne en 1762 avec le chevalier de Beauteville, y reçut la promesse d'un brevet de colonel dont le frustra une ordonnance rendue lors de la conclusion de la paix, et fut à cette époque nommé chevalier de Saint-Louis et commandant du château de Pau.
Henri Auguste d'Espalungue fut un des trois hommes qui se dévouèrent généreusement en 1793 pour sauver d'une inévitable destruction l'écaille de tortue berceau d'Henri IV Pendant la tourmente révolutionnaire, ce berceau n'échappa à une inévitable destruction que grâce au dévouement de trois hommes, MM.d'Espalungue d'Arros, de Beauregard et Lamaignère, qui lui substituèrent une semblable écaille. Celle-ci fut mise en pièce par les Terroristes, et la carapace historique fut plus tard rendue au toit qui devait l'abriter.. De son mariage (1785) avec noble Marie de Livron, naquirent :
1.° Jean-Baptiste-Henri-Murtial qui suit :
2.° Marie-Auguste-Ferdinand chevalier d'Espalungue, marié à demoiselle de Bélouzet, d'où Charles-Henri, marié à Caroline d'Espalungue, sa cousine germaine, fille unique de
3.° Henri d'Espalungue, ancien lieutenant de cavalerie.
X. Jean- Baptiste-Henri-Martial d'Espalungue, baron d'Arros, marié en 1811 à Olympe de Palaminy, fille du
marquis de Palaminy, capitaine de dragons et chevalier de Saint-Louis, d'où :
XI N. d'Espalungue, baron d'Arros, propriétaire du château d'Arros.
La maison d'Espalungue est aujourd'hui représentée par ce dernier et par son cousin Charles-Henri d'Espalungue déjà cité.
Sources
- CH.DE PICAMILH, Statistiques générale des Basses-Pyrénées , Imprimerie E. Vignancour, Pau, 1858.
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