La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
LACLÈDE (de)
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aclède (de), famille originaire de la vallée d'Aspe.
Jean de Laclède, né à Bedous en 1727, entra dans la maîtrise des eaux et forêts du Béarn où il occupait en 1789 les fonctions de maître particulier, conseiller du roi. A donné dès son enfance à l'étude de l'économie rurale, il acquit sur cette question, si intimement rattachée à celle du bien public, des connaissances précieuses qui contribuèrent activement au progrès agricole de la province ; il créa d'abord la forêt Bastard (le bois de Pau) et portant ensuite son attention sur les landes du Pont-Long, terrains d'une immense étendue, réduits à l'état de non valeur par le défaut de culture, il entreprit leur défrichement afin de donner au pays la mesure de l'intérêt qui s'attachait à leur exploitation. Dans une partie de ces landes considérée comme infertile, couverte d'eaux stagnantes et dont les joncs formaient la seule végétation, Laclède résolut d'établir une ferme modèle. Les travaux qu'il fit exécuter dans ce but furent couronnés d'un succès complet et bientôt ce qui n'avait été dans le passé qu'un marais improductif devint un magnifique domaine où le Béarn puisa d'utiles enseignements sur l'aménagement du sol, l'assolement des cultures, et vit, pour la première fois, le peuplier d'Italie, essence qui lui était encore inconnue.
L'habile directeur de cette exploitation agricole ne devait pas recueillir le fruit de ses labeurs. Les usagers du Pont-Long qui envoyaient leurs troupeaux à l'herbage sur cette lande se crurent menacés dans leurs intérêts par le projet
de son défrichement.
Ils profitèrent des mauvais jours de la révolution pour anéantir une œuvre laborieuse, détruisirent les plantations, ravagèrent les semis, incendièrent les bâtiments. Laclède découragé par ces revers se retira dans sa vallée natale, qu'il dût abandonner presqu'aussitôt pour échapper à la proscription, mais dans laquelle il revint achever ses jours après onze mois d'émigration.
Il s'y livra à d'utiles travaux qui inscrivirent son nom parmi ceux des agronomes distingués, représenta ses concitoyens au conseil général du département et mourut en 1813, à l'âge de 86 ans, associé correspondant de la société d'agriculture du département de la Seine.
N. de Laclède, fils du précédent, commandait en l'an II de la république, et, à l'âge de 20 ans, une des six compagnies franches formées par les Aspois pour la défense du territoire contre l'invasion des Espagnols. Il se trouvait cantonné à Bedous, lorsqu'un jour, le 5 septembre, le bruit d'une vive fusillade se fit entendre dans la direction de Lescun et ne lui permit pas de douter que l'ennemi n'eut franchi les défilés des Pyrénées pour venir ravager la contrée d'alentour.
Rassemblant aussitôt ses soldats, il les électrisa par sa parole et son geste, s'élança avec eux dans la montagne et quelques heures après tomba à l'improviste sur un corps de 6,000 Espagnols, commandés par le prince de Castel-Franco et devant lequel pliaient déjà les deux compagnies franches de Lescun.
L'impétuosité de l'attaque, l'héroïsme des soldats de Laclède qui l'abordent à la baïonnette, jette la confusion dans les rangs de l'ennemi ; il hésite un instant, et dès lors tout est perdu pour lui, car les compagnies de Lescun reforment aussitôt leurs rangs et la fuite peut seule désormais assurer leur salut.
Le jeune capitaine les repousse jusqu'au delà de la frontière, s'empare dans sa poursuite du baron de Hoortz, officier supérieur des gardes Wallonnes, auquel il rend généreusement son épée et rentre ensuite à Bedous, avec son prisonnier.
Cet éclatant début promettait de brillantes destinées militaires. Des gorges des Pyrénées, Laclède passa successivement sur les théâtres plus vastes de l'Italie et de l'Allemagne, mérita les éloges de Moreau qui l'attacha à sa personne, et se vit compris dans la disgrâce dont furent plus tard atteints les compagnons de gloire de ce général.
Il parvint toutefois à triompher des préventions qui pesaient sur lui et fit partie du corps expéditionnaire envoyé en Espagne en 1808. Colonel de dragons à 35 ans, renommé par sa bravoure et ses qualités, il avait le droit de compter sur un bel avenir, lorsqu'un coup de feu termina la même année ses jours au siège de Saragosse.
Sources
- CH.DE PICAMILH, Statistiques générale des Basses-Pyrénées , Imprimerie E. Vignancour, Pau, 1858.
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