L’usage des eaux thermales remonte à la plus haute antiquité. Les œuvres que nous ont léguées les anciens offrent un irrécusable témoignage du rôle que la médication hydro-minérale a joué dans l’histoire du passé, non-seulement comme une des ressources de l’hygiène, mais surtout comme l’instrument le plus précieux de la thérapeutique.
Aristote, Hippocrate, Strabon, Vitruve, Asclépiade, Pline, etc. traitent plus ou moins longuement des thermes antiques, et, malgré le peu de développement des sciences dans ces lointaines époques, se font remarquer par des considérations thérapeutiques dont l’importance est des plus considérables.
Homère citait déjà, dans ses immortels poèmes, les services que rendaient les sources thermales, et, si le célèbre passage des Thermopyles doit son illustration au dévouement patriotique de ses héros, il fut redevable de son nom à des sources chaudes qui existent encore et que la piété des Grecs avait placées sous le patronage d’Hercule.
Les Thermes qu’édifièrent les Grecs et les Romains attestent, par la majesté de leurs ruines. l’étendue de la reconnaissance de ces peuples.
Les Romains surtout manifestaient, par le fréquent usage qu’ils faisaient des bains chauds, le degré d’importance qu’ils attachaient à leur influence sur la santé.
Aussi s’empressaient-ils d’élever, partout où les appelait la gloire de leurs armes, des monuments, souvent grandioses, où ils allaient se refaire des fatigues de la guerre et marquer pour ainsi dire, par d’impérissables souvenirs, les étapes de leurs victoires,
De nos jours, le développement des sciences, leurs incessantes investigations, les immenses ressources dont elles disposent, ont imprimé une impulsion considérable à la thérapeutique hydro-minérale. Nous allons donc, à notre tour, jeter un coup d’œil sur l’ensemble des propriétés de nos eaux, en insistant surtout sur le caractère de leur action spéciale.
STATION THERMALE.
L’Établissement thermal d’Eaux-Chaudes est situé
dans les Basses-Pyrénées,, sur les bords du gave d’Ossau, à 44 .kilomètres de Pau et à une altitude de
675 mètres. Il fait partie de la commune de Laruns,
qui en est propriétaire.
Le site quil’entoure offre des tableaux d’une variété
infinie ou régnent toutes les séductions d’une nature à
la fois pittoresque et sauvage. A côté des splendeurs
d’une végétation puissante, viennent se heurter les arê-
.
tes pleines de hardiesse des rochers qui dominent la
route, et dont la teinte sombre se profile vigoureusement à travers les mille accidents du paysage.
La station thermale se compose de l’Établissement, avec appartements, autour duquel sont groupés des hôtels
et de nombreuses maisons destinées à recevoir les baigneurs ou les touristes, attirés : les uns, par l’ancienne
réputation de nos eaux ; les autres, parles beautés d’une nature qu’on ne saurait se lasser d’admirer.
J’ajouterai que les habitations sont pourvues de tout le confortable moderne et qu’on y trouve une hospitalité en rapport avec les exigences de toutes les conditions sociales.
La température de l’été , à Eaux-Chaudes, varie entre 15 et 20° centigrades. La vallée qui sillonne le Gave en sinuosités capricieuses se dirige du S-S-E au N-N-O Elle est rafraîchie par une brise régulière qui s’établit avec le soleil et disparait au moment où se projettent les premières ombres du soir.
Les environs d’Eaux-Chaudes offrent de grandes ressources au point de vue des excursions. Sans parler du voisinage d’Eaux-Bonnes Un service régulier d’omnibus établi entre Eaux-Bonnes et Eaux-Chaudes permet aux baigneurs des deux stations de profiter des ressources hydro-minérales de chacune d'elles. qui peut être le but de courses charmantes, les sites pyrénéens présentent une variété de tableaux propres à stimuler l’ardeur des touristes les plus blasés.
C’est d’abord le village de Goust, perché comme un nid d’aigle et dont le fertile plateau, entouré de rochers d’un aspect sévère, rassérène l’esprit sous le charme des contrastes ; le col du Gourzi, avec ses admirables points de vue, la route de Gabas, si pittoresque et si accidentée ; l’oasis de Bélesten, la célèbre grotte d’Eaux-Chaudes, la station thermale de Panticosa, sur le versant espagnol, et enfin le pic du Midi d’Ossau, avec ses cimes neigeuses, ses glaciers éternels, ses précipices insondables, ses gorges profondes : panoramas mouvants qui se déroulent dans leur plus majestueuse expression et
surprennent la pensée en quête d’émotions toujours nouvelles.
Ces excursions sont facilitées par des guides éprouvés et des chevaux habitués à fouler le sol des montagnes.
Les malades que leur santé oblige à certains ménagements peuvent, sans s’exposer aux fatigues des longues excursions, profiter des promenades horizontales qui entourent la station thermale, pour y développer leurs forces et s’assurer ainsi des progrès de leur traitement.
Si j’insiste autant sur ce côté de la vie thermale, c’est que j’y attache une très grande importance. On sait le rôle que jouent, dans l’évolution de certaines maladies, les impressions variées de l’âme. Le médecin doit donc se préoccuper sérieusement des conditions morales du malade.
C’est un champ immense ouvert à la puissance do son art. Il faut, par conséquent, en dehors des heures consacrées à la partie matérielle du traitement, songer à cette thérapeutique, toujours si salutaire, qui met en jeu les ressources mo«
raies de la pensée et modifie favorablement les dispositions de l’esprit.
Multiplier les occasions de distraction, prodiguer les consolations de l’espérance, effacer enfin par les riantes
promesses de l’avenir les peines écloses dans les iné-
vitables préoccupations de la santé perdue : tel est le
but que doit poursuivre le médecin, puisque l’influence
de ces moyens joue un rôle prépondérant dans la perspective des résultats.
L’ensemble de ces questions est, en somme, la route la plus sûre tracée aux applications thérapeutiques.
Les courses à la montagne, les spectacles de la nature, l’activité musculaire qu’il est bon d’entretenir à l'aide de l’exercice, l'appétit qu’il faut souvent relever en présence des défaillances de l’estomac, la part nécessaire consacrée à la vie mondaine, l’absence des préoccupations professionnelles ou des soucis de famille, sont autant de conditions qu’il faut savoir mettre en jeu, parce qu’elles concourent , chacune pour leur part, à entretenir ou à rétablir l’harmonie générale des fonctions.
Certaines maladies, les maladies de l’utérus au premier rang, prédisposent au découragement et aux pensées tristes. Le trouble que peut apporter dans l’existence conjugale l’attente déçue de charmants petits êtres, les conditions morales de la vie à deux, souvent compromises par une santé chancelante, sont des événements assez fréquents pour que leurs conséquences,
souvent si graves, appellent l’attention du médecin presque autant que le traitement hydro-minéral lui-même.
|