Le HAUT-OSSAU, Le long du Gave Valentin
evenons à l’entrée de la haute vallée d’Ossau.
Au Sud-Est de Laruns s’ouvre une gorge verdoyante, au-dessus de laquelle émergent les deux têtes chauves du Pambassibé et du Ger ; elle est fermée au loin par les belles crêtes du Gabizos. La partie verdoyante sert de berceau à Eaux-Bonnes.
L’ancien glacier d’Ossau a poussé des débris de sa moraine droite dans la dépression ; cela lui procure aujourd’hui’hui la belle robe verte (Montagne) que vous
admirez.
Eaux-Bonnes. à 1 heure de Laruns, à 45 kilomètres, 2 heures 1/2 de Pau,
Altitude 747 mètres. Situé à l’entrée du vallon de la Sourde, entre les escarpements du Gourzy et la dépression du Valentin.
Les maisons de droite sont comme collées à la paroi rocheuse, celles de gauche suspendues au-dessus du Valentin.
Entre ces deux lignes, un bosquet de forme elliptique, planté d’assez beaux arbres, appelé jardin Darralde. Les bâtisses se rapprochent à l’Est, de façon à entourer le jardin de trois côtés, et constituent là un petit noyau autour de l’Établissement Thermal et de l’Église.
Au Nord, l’étroit talus qui descend vers le Valentin et sa cascade a été utilisé encore pour une rue : c’est raisonnablement tout ce que cet espace restreint pouvait contenir.
Il est cependant possible que la ville prenne sous peu un développement imprévu. La prévoyante municipalité actuelle a fait tracer une promenade de l’autre côté du Valentin, pour relier le charmant village d’Aas à la station.
Cette promenade, située sur le flanc septentrional de la Montagne Verte, pourrait se bâtir du côté de la montagne, en plein soleil, et deviendrait peut-être le quartier préféré.
L’histoire, pour une fois, ne remonte pas aux Romains, bien qu’on ait affirmé que Pline, dans son XXIe livre, en ait parlé... Mettons oui pour ceux qui y tiennent ; mais Pline a pu vouloir parler d’une toute autre station.
En tout cas, ici comme à Eaux-Bonnes, ni vestiges, ni légendes, ni nom, ne se rapportent à cette époque.
Une vache, dit-on, qui soignait sa jambe malade dans un bourbier infect, près de la Butte du Trésor, appela l'attention sur la vertu de ces eaux. Ceci nous paraît très vraisemblable ; c'est moins pompeux que les Romains, mais c'est plus naturel. Et puis les Osquidates n'aimaient pas les Romains, tandis qu'ils tiennent la vache en grand honneur. Les armes d'Ossau sont une vache s'élançant contre un ours ; la devise est « Viva la Baca », vive la vache !
Gaston Phaebus venait aux Eaux-Bonnes, ou plutôt y passait, lorsqu'il allait chasser les isards au pic du Ger ; les habitants de Laruns étaient alors requis d'avoir à nourrir sa meute de 1600 chiens.
Les Béarnais blessés à la bataille de Pavie, en 1525, y furent soignés. Le résultat fut excellent, et pendant deux siècles on appela ces eaux « eaux d'arquebusades ».
Étudiées et mises en relief par Bordeu, au dix huitième siècle, délaissées sous la Révolution, elles reprennent à partir de 1840 une vogue qui ne s’est plus ralentie.
Six sources, jaillissant d’un terrain calcaire près du point d’affleurement des ophites. Deux établissements principaux.
On y soigne surtout les complications catarrhales de la tuberculose, l’asthénie pulmonaire, l'asthme, et les plaies anciennes...
Comme on le voit, elles n’ont pas cessé d’être des eaux d’arquebusades ; mais elles doivent aujourd’hui’hui leur renommée à leur efficacité dans les affections autrement graves de la poitrine. Trop de malades ne se résolvent à user des Eaux que lorsque leur mal est déjà sans remède.
Il n’y a guère d’exemple d’un malade pris à temps, et soigneux de sa personne, qui n’ait été guéri, ou tout au moins préservé pour vivre jusqu’à’à l’âge des mieux portants.
Eaux-Bonnes a été doté petit à petit d’un réseau de promenades tel que la topographie des lieux ne pouvait guère le laisser espérer. C’est en grande partie à la reconnaissance de ses malades qu’il le doit, et ce n’est pas là son moins touchant titre de gloire.
La « Promenade Horizontale que l’on trouve à droite en entrant, et qui passe d’abord devant le Casino, se prolonge d’ année en année vers Eaux-Chaudes grâce aux dons volontaires des baigneurs. Elle est toute indiquée pour ceux qui ne peuvent se permettre aucun effort ; la température y est agréable ; elle est bien boisée, et on y jouit d’une belle vue sur la basse vallée d’Ossau.
Les promenades alpestres de Gramont, Jacqueminot, Eynard, portent les noms de ceux qui les ont créées à leurs frais, acquittant ainsi leur dette de reconnaissance.
Il y a en outre celles d’Orteig, de l’Impératrice, de Pleisse, et enfin celle d’Aas. Toutes ces promenades sont charmantes, et chacune présente un aspect si différent, selon qu’elle est tracée dans les buis et les noisetiers, dans les hêtres et les sapins, dans les rocs, dans les prés, ou le long des cours d’eau, qu’on semble chaque fois changer de localité sans voir diminuer son plaisir.
Les buts d’excursions sont nombreux. Il ne s’agit que d’avoir des jambes, et la montagne en donne pour peu que l’on s’exerce. Les premiers jours on est fatigué, découragé. Puis cela va mieux ; on monte plus haut ; le corps se fait robuste, et les jarrets ne demandent qu’à continuer.
Les poumons s’enivrent d’air pur, les yeux de paysages grandioses. On s’élève toujours davantage. La fatigue n’est plus qu’un mot.
Et lorsqu’on s’éloigne de ces lieux, tout paraît petit, fade, plat,... on rêve d’y revenir.
Les grands ascensionnistes, les explorateurs, les écrivains, tous ces amants des Pyrénées qui les ont fait connaître, sont des étrangers.
Ce n’est pas à la réclame que nos montagnes doivent leur renommée, c’est à l’amour qu’elles ont su inspirer.
Sources
- De PAU au PIC D’OSSAU, Préface du COMTE HENRY RUSSELL, PARIS.IMPRIMERIE DE L’ALBUM Illustré des villes d'eaux.
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