La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




De Pau à Eaux-Bonnes


En passant par LOUVIE-JUZON

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a route de Pau à Eaux-Bonnes ne manquait pas de charme, du temps, peu lointain encore, des diligences.
     De Gan (8 kilomètres), où nous sommes déjà passés, jusqu’à Rébénacq (15 kilomètres), les coteaux deviennent rocheux, intéressants par leurs stratifications calcaires obliques et parfois perpendiculaires, mêlés de bois, de pâturages, de carrières et de fours à chaux. Le Néez roule à côté de la route, sur des pentes rapides, ses ondes tapageuses.
     Gan et Rébénacq fournissent des calcaires gréseux.
     A 2 kilomètres 500 au-delà de Rébénacq, se trouve « l’œil du Néez », puissante infiltration du Gave d’Ossau, qui fournit à la ville de Pau l’eau potable, et dont le surplus sert aussitôt à faire marcher des moulins.
     A 100 mètres de là, s’ouvre un grotte à stalactites, de 160 mètres de profondeur.
     Plus loin, la route monte sur un coteau qui sépare les vallées tributaires du Gave de Pau de celles du Gave d’Oloron, et l’on atteint sur la crête le village de Sévignac (21 kilomètres).
    La vue que l’on découvre de là, enchante d’autant plus, qu’elle a été très bornée jusqu’à ce point. Dans la vallée verdoyante où le Gave d'Ossau dessine ses méandres, s’aperçoivent plusieurs villages ; au Sud se dresse, d’un jet moyen de 900 mètres, le premier rempart des montagnes, fendu vis-à-vis par une large brèche : c’est l’entrée de la vallée d’Ossau, fermée au loin par le pic solitaire auquel elle a donné son nom.
     Sévignac possède une très intéressante église romane du dixième ou onzième siècle ; elle s’élève sur un plateau qui porte les traces incontestables d’un ancien camp romain : le poste, comme toujours, était admirablement choisi.
     On trouve du gypse (pierre à plâtre) dans les environs.
     Le coteau sur lequel est bâti Sévignac se poursuit, au Nord-Est, vers Bescat ; du point culminant (575 mètres), on jouit d’une vue merveilleuse qui s’étend à tous les horizons. Tout ce coteau est formé par les déjections de l’ancien glacier d'Ossau, dont il était la moraine frontale.
     Les traces apparentes de ce glacier permettent de dire qu’il avait 600 mètres d’épaisseur. A l’Ouest, celui de la vallée d’Aspe en avait 400, et ses déjections atteignaient Oloron, où le plateau qui porte Ste-Marie en est formé ; à l’Est, celui d’Argelès atteignait près de 800 mètres, après en avoir eu plus de 900 à Luz, sur un front de 4 kilomètres.
     S’il est facile de concevoir la puissance de travail de ces fleuves lents et formidables, il ne l’est guère de se faire une idée de leur aspect, aujourd’hui que ce travail porte ses fruits : pittoresque et fertilité.
    C'est dans le bassin que l'on a sous les yeux que se rejoignent l'ancienne route d'Eaux-Bonnes et le chemin de fer actuel. Les principaux villages sont : Buzy, Arudy, Izeste et Louvie-Juzon.
    Buzy outre de vieilles maisons des seizième et dix-septième, assez nombreuses du reste dans toute cette région, possède un monument mégalithique remarquable.
     C’est un dolmen, gros bloc dont les dimensions extrêmes sont : 2.75 mètres, sur 2.55 mètres, et 1.20 mètres, d’épaisseur. Il a sept supports ; le tout est en marbre gris. Le chemin de fer passant sur son ancien emplacement, on l’a soigneusement reconstitué plus loin ; le couvercle pesait 15000 kilog. Les fouilles ont fourni toute une collection d’objets intéressants, que l'on peut voir au Musée de Pau.
     Il se trouve quelques tourbières dans la vallée, entre Buzy et Ogeu.
     En approchant d’Arudy, on remarque la cuvette parfaitement apparente d’un lac, qui dut se former après la fonte du glacier. Puis la route traverse le Gave d’Ossau sur un pont à double étage très curieux, appelé pont de Germé ; à côté s’élève celui du chemin de fer, haut de 3o mètres. En aval des ponts, les eaux roulent en d’étroits couloirs qu’elles se sont creusés dans les roches grises, et par lesquels le lac s’est vidé. Si l’on fait quelques pas sur ces bords, le paysage, confiné à la gorge, composé d’arbustes sortant on ne sait d’où, d’une eau tantôt lisse, tantôt furieuse, de rocs nus qui luttent contre le torrent et contre la végétation, prend un caractère extraordinairement sauvage.
     Arudy, église du quinzième siècle. Carrières de marbre gris foncé.
     Izeste, où naquit au dix-huitième siècle le célèbre médecin Bordeu : grotte d’Espalungue, déjà mentionnée au chapitre « Histoire ».
     Louvie-Juzon, église du quinzième ou seizième siècle : la flèche, entièrement en pierres, figure assez exactement une grosse cloche coiffant une tour.
     D’Arudy, une route très intéressante s’engage vers l’Est, entre la montagne et le Gave, pour aboutir à la petite station de Saint-Christau. On y voit, sur la gauche, de nombreux monticules d’ophite. Elle traverse un rendez-vous pour la chasse au chevreuil, et la forêt du Bager, refuge des ours pendant l’hiver.
     De Louvie-Juzon, une autre route prend la direction opposée, longeant également la montagne, dont elle s’écarte à 7 kilomètres pour s’orienter vers Asson. On peut se servir de ces deux voies pour faire d’intéressantes explorations dans les premiers massifs : les points de vue y sont très beaux sur la plaine, mais bornés vers la montagne.

   Sources

  • De PAU au PIC D’OSSAU, Préface du COMTE HENRY RUSSELL, PARIS.IMPRIMERIE DE L’ALBUM Illustré des villes d'eaux.
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