La vallée d´Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.






Deux mois dans les Pyrénées avec :
Marie-Caroline de Naples



DUCHESSE DE BERRY

(l8 JUILLET–31 SEPTEMBRE 1828)

Une journée aux Eaux-Bonnes et,
                                              aux Eaux-Chaudes.



'est de grand'matin que le 22 juillet Madame et sa suite se mettent en route pour les Eaux-Bonnes et les Eaux-Chaudes. La vallée d'Ossau est en liesse, partout ce sont arcs de triomphe et guirlandes fleuries. Le village de Gan a tenu dans cet ordre d'idées à se distinguer spécialement.
     Pour accomplir cette excursion, la Princesse qui sait décidément soigner sa publicité, porte le béret de laine et la large ceinture rouge des montagnards 8. Elle se plaît à manifester ses goûts béarnais : les mets du pays ont sa préférence; à Mme de Gontaut n'a-t-elle pas déclaré toute sa joie de vivre quelques jours en Béarn. « Si j'étais comme vous, a-t-elle ajouté, j'y passerais huit mois dans l'année. »
     Descendue aux environs de Rébenacq pour voir la curieuse émergence des eaux du Néez qui jaillissent en grande abondance au milieu des prés, Madame accepte de boire l'eau que lui offre un jeune paysan, et comme celui-ci, enhardi par son air de bonté, lui demande si elle est contente des Béarnais, Marie-Caroline de lui répondre d'un ton enjoué ; «. Si je suis contente ? voyez, je porte le béret et la ceinture du pays ! »
    Dans toute la vallée, c'est le même enthousiasme de part et d'autre.     L'accueil de Laruns est spécialement chaleureux : Ossalois et Ossaloises ont revêtu leurs costumes aux couleurs chatoyantes et se livrent à l'un de ces divertissements dont les lithographes de l'époque nous traduisent le charme et la fraîcheur.
    Le déjeuner a lieu aux Eaux-Bonnes, où la Duchesse visite l'établissement thermal et la célèbre cascade du Valentin.

     Aux Eaux-Chaudes, la Princesse accompagnée du docteur Sarnouzet, médecin des eaux, visite en détail les Thermes, et s'intéresse aux divers moyens de cure. Aux environs de la petite station thermale, deux grottes fort curieuses méritent d'attirer l'attention des visiteurs.
    L'une d'elles surtout s'ouvre dans la paroi d'une roche recouverte d'arbustes et de broussailles, elle est parcourue dans toute sa profondeur par un torrent tumultueux qui jaillit d'une étroite faille et forme, au fond de la grotte, une cascade bouillonnante.
    Malheureusement ces grottes d'un accès difficile, demeurent peu fréquentées.
    Lorsqu'ils eurent connaissance de la venue prochaine de la Duchesse de Berry, les habitants de la vallée voulurent montrer à leur auguste visiteuse « ce que peut faire l'amour des Béarnais pour les Bourbon. »
    Cinquante ouvriers se mirent à l'œuvre, travaillant sans relâche, afin de tracer un chemin en ces lieux difficiles pour que la Princesse à cheval puisse venir voir cette curiosité du pays. « Frappée d'admiration », elle pénètre très avant dans la profondeur de la montagne au moyen de petits ponts lancés sur le torrent. Elle se traîne même sur les genoux pour pénétrer plus au fond ;
    « il a fallu lui rappeler à plusieurs reprises que la fraîcheur de ces lieux pouvait nuire à sa santé, pour la décider à s'éloigner. »
    Aussi est-il plus de neuf heures du soir lorsque la caravane regagne Pau, après avoir laissé dans ces hautes vallées pyrénéennes de précieux souvenirs et de multiples marques de munificence.
    Inlassable, la Princesse repart après une courte nuit de repos vers d'autres coins de son « royaume » qu'elle tient à visiter et où elle désire se faire aimer.

j    Sources

  • Gorsse (de) Pierre. Deux mois dans les Pyrénées avec Marie-Caroline de Naples, duchesse de Berry (18 juillet - 21 septembre 1828)
Berger y
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