La vallée d'Ossau :              
                 Culture et Mémoire



L'Histoire des Cagots en Béarn


a médecine ancienne considérait les cagots comme lépreux. Pendant, de nombreuses années, la condition sociale de ces lépreux ou prétendus lépreux sera très particulière. Au XIIe siècle, l'Église créera deux classes de lépreux : les uns seront reclus, les autres pourront former une famille.
Cette classification donnera naissance à la catégorie des lépreux libres. C'est de là que commence la distinction des grands lépreux d'avec ceux à qui l'on devait donner un jour le nom de cagots. Ceci explique pourquoi, dans les titres antérieurs au XIVe siècle, il est souvent impossible de saisir la différence entre les crestiaas et les lépreux : au XIVe siècle, la distinction s'établit ; au XVe, elle est tout à fait manifeste

   Nous reproduisons ici une requête datant de 1696 présentée par les cagots de Nay, de Pau, de Mont et de Bruges, adressée à l'Intendant de Béarn. (Document publié par Fr. Michel qui tenait de M. Moulaur instituteur à Saint-Pé (Hautes-Pyrénées) :
   « A Monsieur Pinon chevalier seigneur, vicomte de Quincy, conseiller du roy en ses conseils, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de justice, police et finances en Béarn, Navarre, Bigorre et Soule.
   « Supplient humblement Louis de Lalanne de Nay, Jean de Fousdevielle de Pau, Guillaume Puyou, Isâc Lacoste, Bernard de Souler, tous de Nay ; Pierre Lalanne, de Mont ; Jean de Souler, de Bruges, et autres en nombre considérable ; disant qu'encore que par plusieurs arrest du Parlement de Pau, il soit fait défenses a toutes personnes de quelque qualité que ce soient, d'injurier les prétendus de la race de Giesi, à peine de 500 livres d'amende et autres peines arbitraires, cependant, au préjudice desdits arrest, plusieurs habitants des lieux voisins ne laissoient pas de continuer leurs injures, et les appelaient Ladres, Cagots et Capots, les empêchaient d'assister aux assemblées publiques, ou, s'ils y assistaient, faisaient refuser leurs suffrages comme gens indignes de participer à aucun acte de société civile, et ne se contentant point de cela ils les faisaient même séparer des autres habitants dans les églises de leur paroisse, et leur faisaient refuser par le curez le pain à bénir qu'ils présentaient, ce qui les rendaient pour ainsi aire des esclaves, au préjudice des lois fondamentales du royaume : c'est pourquoi les suppliants ont esté obligez d'avoir recours au roy, qui a eu la bonté de leur faire délivrer la lettre de cachet qui a esté présentée à Vostre Grandeur, et ont appris que l'intention de Sa Majesté estoit que lesdits arrest fussent faites a toutes personnes de quelque qualité que ce fût d'injurier de ladres, Capots et Cagots ou autrement, les suppliants ni même de leur refuser leurs suffrages dans toutes assemblées, dans lesquelles Sa Majesté entend qu'ils soient admis : comme aussi en toutes charges et droits honorifiques, comme tous les autres habitants, sans aucune distinction, a peine contre les contrevenants de 500 livres d'amendes ou autres arbitraires, et punition ; s'il y échoit. Pourquoi les suppliants ont recours à l'autorité de Vostre Grandeur, pour leur estre sur ce pourvu.
   « Ce considéré, Monseigneur, attendu ce que dessus, il vous plaise ordonner l'exécution desdits arrests dans tout vostre département ; qu'a cet effet copies collationnées de ladite lettre de cachet, ensemble de vostre ordonnance, seront lues, publiées et affichées par toutes les paroisses et tous endroits nécessaires, avec défenses à toutes personnes de plus à l'avenir y contrevenir, à peine de 500 livres d'amende, ou autre peine arbitraire, même de punition corporelle, s'il y échoit ; et en cas de contravention, commettre et députer les premiers juges ou magistrats royaux requis, sur les lieux où les contraventions se commettront, pour les informations rapportées à Vostre Grandeur, estre décerne contre les coupables, tel décret que de raison ; et, au surplus, enjoindre à tous juges, maires, consuls, jurats et officiers de justice de vostre département, de prester aide et main forte pour l'exécution desdits arrests et ordres du roy, sous peine d'estre déclarez complices, et autres arbitraires.
   «Et les supplions, Monseigneur, continueront leurs vœux pour vostre santé, et la prospérité de Vostre Grandeur.

      Signé :

     De Lalanne, suppliant.
     De Fonsdevielle, suppliant, et plusieurs autres.


   Ce document nous éclaire sur la condition des cagots qui, au XVIIe siècle, restaient encore au ban de la société. En outre, on sent combien, malgré les arrests et ordonnances royales, il est difficile de vaincre l'hostilité des foules et parfois même des juges. Soit par crainte, soit aussi par intérêt, les cagots sont tenus de rester en marge de toute vie politique et sociale normale. Dans de nombreuses églises du Béarn subsistent encore les portes spéciales destinées à l'entrée des cagots. Des bénitiers leur étaient réservés.
Fréquemment, à l'intérieur de l'église, ils étaient rassemblés et isolés des fidèles. Les préjugés contre ces malheureux étaient si forts autrefois, qu'un chef de famille cagote ayant été nommé jurat de Momas, grâce à la protection du seigneur, et ayant pris place le dimanche au banc municipal de l'église, quelqu'un grava derrière le banc ces mots : « Darre, cagot ! » A la même époque, et jusqu'à 1780 environ, une imposition nommée rancale était prélevée sur tous les cagots de Momas et le collecteur, accompagné d'un chien, avait le droit d'exiger pour ce dernier un morceau de pain ou de méture.
   Toutefois, comme le document ci-dessus en fait mention, les plaintes des « suppliants » seront entendues dans le royaume et leur condition ira s'améliorant.

      Ordonnance de l'Intendant de Béarn, Navarre, Bigorre et Soule en date du 8 mars 1696


   «Veu la présente requeste, l'ouest du Parlement de Navarre du 4 décembre 1688 rendu sur les conclusions du sieur procureur général en icelui, entre Jean de Pedezert, habitant du lieu d'Aubertin, et les jurats du dit lieu, portant défense aus dits jurats de distinguer sous prétexte de cagoterie le dit Pedezert des autres habitants du même lieu, dans l'église, dans les assemblées de la communauté, là telles peines que de droit ; autre arrêt du dit Parlement du 9 juillet 1692 rendu sur les conclusions dudit procureur général, entre Bernard de Capdepont, faisant tant, pour lui que pour les autres charpentiers, tisserands des paroisses Sainte-Croix et Saint-Pierre dans la ville d'Oloron, demandeurs, afin d'être maintenus au droit de présenter à leur tour le pain béni aux dites églises, d'une part, et les nommez Miqueu et Dufaur, quêu habitants de ladite ville d'Oloron, d'autre, et encore les jurats de la même ville d'autre, par lequel il est fait défenses audits Miqueu, Dufaur et tous autres de différencier les prétendus Cagots d'avec les autres habitants de la dite ville, dans les fonctions ou assemblées, soit publiques, soit particulières, à peine de 500 livres d'amende et autre arbitraire, et ordonné que les arrests av-devant rendus sur pareil fait en faveur des habitants d'Aubertin et autres paroisses demeureraient communs avec eux et avec les habitants des autres lieux de la province prétendus Cagots et Ladres, avec inhibitions et défenses à toutes personnes de les distinguer, méfaire ni médire ; ordonné qu'ils entreraient comme les autres habitants, sans aucune différence, dans les charges honnereuses et honorables, et en-joint aux jurats des lieux de tenir la main à l'exécution dudit arrest.

    Veu aussi l'ordre de Sa Majesté à nous adressé, daté de Fontainebleau le 5 octobre 1695. Signé Louis, et, plus bas Colbert, par lequel il nous est enjoint de tenir la main à ce que lesdits arrests soient exécutez selon leur forme et teneur dans l’étendue de ce département, et empêcher qu'il y soit contrevenu directement ni indirectement sous quelque prétexte que ce puisse. Et ce tout considéré,
   « Nous, en conséquence du pouvoir à nous donné par Sa Majesté, ordonnons que les arrests dudit Parlement de Navarre seront exécutez selon leur forme et teneur dans l'étendue de ce département : faisons défense à toutes personnes d'y contrevenir, à peine cinq cent livres d'amende, et, en cas de contravention, permettons aux suppliants d'en faire informer...
    « Fait à Pau ce huitième mars, mil six cens quatre-vingt-seize.
      « Signé :
       PINON, et plus bas, par mondit seigneur CHASTANIER.

      Documentation extraite de l'ouvrage du D, H. M. FAY, « Lépreux et Cagots du Sud-Ouest » (Champion. 1909)

   A partir de 1736, on n'entendit plus parler de Cagots en Guyenne-Gascogne et Labourd. Quand survint la Révolution et l'Empire, les quel-eues distinctions qui avaient survécu disparurent rapidement. Beaucoup de cagots profitèrent du service militaire obligatoire pour quitter définitivement une région qui, si longtemps, s'était montrée pour eux méfiante et peu hospitalière.

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Contribution de Catherine Polycarpe

   Je connaissais un peu, comme tout le monde au moins par chez nous, ce qu’on reportait du phénomène de Cagots et les différentes hypothèses sur les origines qui leur sont attribuées mais je n’avais pas mesuré combien l’Histoire (avec un grand H) peut être un coffre-fort d’oubli voire de réécriture.

   Généralités

   Les Cagots ont fait partie d’une communauté à part, en grande partie rejetée et mise à l’index.

    Selon la croyance populaire, et ce à travers les siècles, les Cagots :
  • se distinguent par la forme de l’oreille : ronde, petite et dépourvue de lobe,
  • exhalent une odeur repoussante, sueur nauséabonde et haleine fétide,
  • sont lubriques, d’une paillardise redoutable, accusés de « crimes de lèse-nature »,
  • sont atteints de goitre et de crétinisme,
  • peuvent transmettre la lèpre qui était considérée comme héréditaire.

    Pendant longtemps ils étaient assignés à résider hors du village. Ils ne pouvaient exercer que les métiers du bois (seul matériau qui ne transmet pas la lèpre). Il leur était interdit de porter une arme, exception faite de la hache (il faut bien couper le bois et abattre les arbres). Il leur était interdit de marcher pieds nus. Dans certaines villes, ils devaient porter sur leurs vêtements une marque rouge en forme de pied d’oie. Ils n’avaient pas le droit de toucher la nourriture ni d’entrer dans une auberge ou un moulin.

    Quand l’église ne leur était pas interdite, ils pouvaient y entrer par une porte basse située au Nord, avaient leur propre bénitier et ne pouvaient se placer qu’au fond de l’église (voir l’église de Monein). Ils communiaient à une table de communion particulière. L’hostie leur était présentée au bout d’un bâton. Ils étaient baptisés le soir, à la tombée de la nuit. Les sacrements aux mourants étaient donnés avec beaucoup de réticence. Ils étaient d’ailleurs enterrés hors du cimetière commun. Bien sûr, ils ne pouvaient se marier qu’entre eux.

    Ce phénomène s’est étendu autour des Pyrénées. Au Nord, dans le triangle formé par les montagnes et l’Adour, avec au delà quelques manifestations circonscrites par la Garonne. Au Sud des Pyrénées, ils sont mentionnés essentiellement dans la Navarre espagnole et le Haut Aragon.

    Des historiens se sont penchés sur les quelques documents qu’ils ont pu récupérer. Des actes officiels (pour les époques les plus reculées), des actes notariés et registres paroissiaux (qui ont permis d’appréhender leur vie quotidienne), des rendus des Parlements de Justice, des édits royaux ainsi qu’une bulle papale.

   Historique

   Voyons comment l’histoire des Cagots s’est inscrite dans l’Histoire. Je ne donnerai ici que quelques éléments.
   Première référence vers l’an mil à un Chrestiaa (nom primitif rencontré) dans une charte du cartulaire de l’Abbaye de Saint-vincent de Lucq-de-Béarn. Un certain Auriol Donnat fait un don à l’Abbaye. Manifestement la communauté autour de Lucq aura beaucoup de droits. Plusieurs documents en attesteront par la suite.

   En 1379, le vicomte Gaston Fébus, représenté par un notaire, signe un contrat avec un groupe de 88 chrestiaa béarnais pour les travaux de charpente du nouveau château de Montaner. Certains historiens voient là un groupe constitué comme une corporation à l’échelle du pays. Fébus permet aux cagots de circuler en Béarn sans subir insultes ou agressions. Et d’être rémunéré de leurs travaux.

   En 1383, Guy de Chauliac détermine les signes qui permettent de distinguer un lépreux d’un cagot qui n’est, selon lui, atteint que de la lèpre blanche.

   En 1471, un village béarnais rappelle à une famille de Chrestiaa ses obligations selon l’antique coutume : ne pas travailler la terre, vivre de leur profession de charpentier, marcher chaussés, ne pas entrer dans le moulin public, apporter les récipients dans lesquels ils boiront s’ils partent travailler en ville, n’utiliser que leur propres fontaines et lavoirs, ne pas danser avec les autres villageois.

   En 1514, les cagots de Navarre (espagnole), de Jaca et Huesca en Haut-Aragon, de Bayonne, de Dax, soit plus de 200 cosignataires, adressent au pape Léon X une supplique où ils se plaignent de leur condition. Accusés que leurs aïeux aient prêté main-forte au Comte Raymond de Toulouse contre la Croisade des Albigeois, on leur interdit la pratique religieuse dans la communauté. Le Pape répond en 1515, par ouverture d’une enquête qui confirmera quatre ans plus tard les dires des plaignants, d’où une bulle papale prenant leur fait et cause. Sans trop d’effet semble-t-il.

   En 1524, Charles Quint rend une ordonnance favorable aux cagots. Au quotidien rien ne change.

   En 1551, les Fors promulgués par Henri II de Béarn comportent deux articles consacrés aux cagots ; ils résument et rappellent les interdictions antérieures.

   En 1568, selon Ambroise Paré, les particularités des cagots sont l’haleine fétide et le fait qu’une pomme qu’ils tiennent en main pendant une heure se dessèche plus vite qu’en huit jours au soleil.

   En 1573, dans les registres des Jurades de Bordeaux est mentionné (pour la 1ère fois, semble-t-il) l’obligation du port du tissu rouge. Les cagots y sont assimilés à des lépreux.

En 1600, après des examens médicaux effectués sur des cagots, deux professeurs de médecine de l’Université de Toulouse et deux chirurgiens concluent qu’ils ne sont pas porteurs de la lèpre. Même conclusion à Bordeaux.

   En 1642, les cagots du Béarn en appellent au roi de France, Louis XIII, mais les lettres de patente royales ne seront pas enregistrées.

   En 1683, l’Intendant Dubois de Baillet fait établir un mémoire historique sur les péripéties des cagots. Le roi Louis XIV fait édicter des lettres patentes pour l’affranchissement des cagots moyennant deux louis par personne. Ce qui rapportera 50 000 livres à la couronne. Quand on sait que Louis XIV avait besoin d’argent, on ne peut qu’apprécier le contenu de ces lettres : « Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre (…) la liberté ayant toujours été l’apanage de ce royaume et un des principaux avantages de nos sujets, l’esclavage et tout ce qui pourrait en donner des marques ayant été banni, nous avons appris avec peine qu’il en reste encore quelques marques dans notre royaume de Navarre ( suivent les mentions de quelques lieux) dans lesquels il y a une certaine classe de gens qui y sont considérés en quelque manière comme des esclaves, étant assujettis à certains services, attachés à suivre une même profession, séparé du commerce des autres hommes, lesquels sont connus sous les noms de christians, agots, cagots, capots, … »

   Avec Louis XIV, les cagots achètent leur liberté comme s’ils avaient été esclaves. Au niveau quotidien, rien ne change, hormis le fait qu’ils peuvent plus facilement aller en justice et même gagner des procès. Beaucoup de comptes-rendus des divers parlements de la région le prouvent. Sur les registres paroissiaux, l’indication chrestiaa ou cagot disparaît, remplacée par celle de charpentier.

   Comme l’écrit Osmin Ricau en 1963 : « Au village rien ne fut changé. Au point que lorsque la Patrie en danger réclama des volontaires, partout dans nos campagnes les cagots furent désignés d’office et partirent les premiers. Ce départ fut capital, car au cours des campagnes de la Révolution et de l’Empire, ils se trouvèrent toujours et partout vraiment et totalement dépaysés : nulle part ils ne furent traités comme des maudits, et nulle part ils ne trouvèrent des hommes traités comme ils l’étaient dans leur pays natal. Personne ne leur demandait s’ils étaient cagots dans les rangs de l’armée. »

    Autre citation : « L’émigration joua aussi un rôle capital dans l’émancipation des cagots. »

   Plus loin : « L’instruction se répandait, rendant le peuple plus réceptif à des idées nouvelles. »

   Ou encore : « Le racisme cagot ne pouvait vivre et prospérer qu’en vase clos. On le vit dès lors peu à peu dépérir. »

   Pour leurs recherches, les historiens s’appuient sur les rares documents dont ils disposent : essentiellement les registres paroissiaux. Ils ont mis en évidence le fait que pour éviter les mariages consanguins, le jeune cagot quittait le village et s’expatriait. Autre fait : on ne retrouve aucune incidence du protestantisme sur la vie des cagots. Cependant, dans quelques villages, le cimetière protestant et le cimetière cagot se mêlent.


   Les origines

     Nous n’avons que très peu d’éléments sur les origines de la communauté des cagots. Et donc, beaucoup d’hypothèses, parmi les quelles ils seraient :

   1.des descendants des Wisigoths. Installés en Languedoc au Vème siècle, les Wisigoths ont été refoulés vers l’Espagne par Clovis. Les groupes rescapés auraient été surnommés « Can de Goth » chiens de Goth. Pourtant, il n’y a rien avant l’an mil. C’est le terme Chrestiaa qui existe, celui de cagot n’apparaissant qu’au XIV ème siècle.
   2. des descendants des Sarrasins ou des Hispaniques. Souvenez-vous les Sarrasins et Poitiers (année 732), Charlemagne et Roland à Roncevaux en 778. Ils seraient remontés dans leur retraite avec leurs alliés. Hypothèses incontrôlables.
   3. des descendants des Cathares : on s’appuie sur la supplique envoyée au pape Léon X en 1514. Or, l’hérésie n’est pas connue avant le XI ème siècle et ne s’est pas implantée en Gascogne ou en Béarn, zone des cagots.
   4. d’origine juive. On atteste l’existence de colonies juives dès le début du Moyen-Âge mais elles étaient peu nombreuses, plutôt urbaines alors que les communautés de cagots étaient nombreuses et plutôt rurales. Cet ostracisme serait lié à la région pauvre, isolée et arriérée. Oui mais si les Landes, zone de marécages infestées par la malaria isolait le Béarn. Celui-ci a été un pays d’échanges commerciaux, de passage, dont les chemins de Compostelle, avec des souverains très fins politiques.
   5. des descendants de familles de lépreux : la lèpre serait apparue très tôt en Occident. Il en est fait mention au VI ème siècle. Le lépreux est exclu de la communauté. Après une cérémonie correspondant à ses funérailles, il doit habiter hors du village. La lèpre est considérée comme héréditaire ; c’est un châtiment céleste car on fait référence à la Bible où Gézi et sa descendance sont maudits par le prophète Elisée. Pouvait être prise pour lèpre certaines maladies de peau. Il y avait la lèpre rouge et la lèpre blanche (moins grave et moins handicapante). Les termes « gézites » ou « gesitains » comme sont parfois utilisés comme « ladre ». En revanche, le langage populaire prenait chrestiaa ou cagot. Plusieurs historiens ont travaillé et travaillent sur les sites des cagoteries et des léproseries, cherchant leurs liens possibles.
   6. Dernière hypothèse, les cagots seraient tributaires d’un lourd secret : ils sont les Enfants de Maître Jacques, tailleur de pierre, qui fut assassiné par des « œuvriers » du Père Soubise, maître charpentier. D’où les rivalités entre les différents compagnons. Tout cela avec le monastère de Cluny qui a pour mission de porter en Occident un projet « chrétien et roman », Saint Jacques le Majeur camouflant Maître Jacques. Le chemin de Saint Jacques serait une reprise de l’ancien chemin des Étoiles qui serait connu dès le Néolithique.

   Conclusion de deux auteurs sur l’histoire des cagots :

   Gilbert Loubès : « La naissance du mépris anticagot trouva un allié trop naturel dans les lois de la psychologie humaine, individuelle et collective. On s’affirme mieux dans sa normalité en se comparant à l’exclu. Pour se valoriser soi-même, on attribue à l’autre des handicaps et des anomalies, vrais ou supposées, pour bien marquer la différence. Il n’y a pas de catégorie sociale qui n’agisse de la sorte, tout société fabrique ses cagots. »

   Osmin Ricau : « Gascons, Béarnais, Basques et Navarrais ou d’Espagne ou de France, Asturiens et Léonais, nos provinces ont connu le racisme Cagot. Que les gens d’ailleurs n’en tirent pas des conclusions prématurées : l’Histoire et la géographie en sont la seule cause, l’homme ici et là n’est ni meilleur ni pire, mais le même partout. »

  Sources

  • Gilbert Loubès, L’énigme des cagots, histoire d’une exclusion, Édition Sud-Ouest, 2006.
  • Michel Francisque, Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne, PyréMonde Princi Negue, 2006.
  • Alain Guerreau, Yves Guy, Les cagots du Béarn Recherches sur le développement inégal au sein du système féodal européen, Minerve 1988
  • René Descazeaux, Les cagots, histoire d’un secret, Éditions PyréMonde Princi Negue, 2002.
  • Yves Darrigrand, Orthez médiéval, des Moncade à Fébus, J et D éditions 1992

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