La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
S A I N T E - M A R I E d' O L O R O N
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vant le rétablissement du vieil Oloron, Sainte-Marie existait déjà dans la belle plaine du gave d’Aspe.
A defaut de l’antique cité, le modeste bourg offrit un asile à Étienne de Mauléon, premier évêque nommé au siège d’Oloron depuis l'invasion des Normands.
« De tout temps il avait du y avoir en cette plaine un village ou du moins une riche villa, comme semblent le prouver des médailles qu’on y a découvertes de nos jours. Après la retraite des Normands, les Oloronais échappés au glaive de ces barbares et ne pouvant rentrer dans les détruits de leur ville s’étaient sans doute fixés sur les rives du gave, où une terre fertile leur présentait des moyens plus surs de subsistance. Un bourg s’était formé peu à peu et avait reçu le nom de Sainte-Marie, d’une chapelle érigée en l’honneur de la Très Sainte Vierge. Ce fut le séjour choisi par Etienne de Mauléon, qui augmenta par sa présence l'importance du lieu. Il n’en garda pas moins le nom d'évêque d’Oloron ; le bourg lui-même est toujours appelé dans les vieux titres Sainte-Marie-d'Oloron, comme pour insinuer qu'il n'était qu’un faubourg de l'ancienne ville. »
L'heureuse situation de Sainte-Marie, son enceinte de murailles, qui la mettait à l'abri, sinon d'un siège, du moins d’un coup de main, sa population principalement rurale, et par conséquent plus paisible et plus accessible aux influences de la religion que les habitants d’une place de guerre et d’une ville adonnée aux spéculations mercantiles, toutes ces causes diverses durent
retenir à Sainte-Marie les successeurs d’Etienne de Mauléon. Qu’Amat et Odon aient encouragé et aidé Centulle dans la reconstruction de l’église Sainte-Croix, c'était tout naturel.
Mais cette église, par sa situation dans une sorte de citadelle et par ses dimensions restreintes, notamment celles de son sanctuaire, ne parait nullement avoir été destinée aux grandes cérémonies d’une cathédrale. Aussi, nous séparant ici à regret de notre savant maître et ami, l'abbé Menjoulet, nous croyons avec Marca que l'église de Sainte-Croix fut simplement l’église paroissiale de la nouvelle ville, l'église du vicomte marquée de son sceau, ainsi que le prouvent ses armoiries, les deux vaches ruminantes et accolées que Centulle fit sceller dans la dernière travée de la voûte attenante au coté droit de l'orgue.
Oloron fut bien, en même temps que la ville vîcomtale et le Capdeuil (chef-lieu) du pays oloronais, la ville épiscopale, ayant le titre d’évêché ; mais la résidence de l'évêque et son église, depuis Étienne de Mauléon, furent toujours a Sainte-Marie.
Sainte-Marie fut surtout sous la main et la protection des évêques à partir de l’année 1215, en laquelle le vicomte Gaston VI, pour réparer les dommages considérables qu'il avait causés à l'église Sainte-Marie, donna à l'évêque et au chapitre tous les hommes et tout le droit qu’il avait en la ville de Sainte-Marie, avec tous les hommes de Catron (Saint-Pé) et tout le droit qu'il avait audit lieu.
« L'évêque s’empressa de donner a ses soumis des franchises et une organisation complète, sous son autorité seigneuriale ; il eut la justice moyenne et basse, c'est -à-dire le droit de prononcer sur les affaires civiles et sur les simples délits. Un conseil réglait les affaires de la commune : c'était le corps de ville composé de jurats et de députés :
« Voilà l'origine de la seigneurie épiscopale et de la commune de Sainte-Marie. Dans les premiers temps, ce fut un établissement empreint des principes encore dominants du régime féodal : plus tard les libertés communales s'étendirent et se multiplièrent. Mais l’action de l'évêque, seigneur temporel, ne cessa pas de se faire sentir, et ce fut un bonheur pour Sainte-Marie.
« Cette ville dut à l'initiative de l'évêque et du chapitre la plus grande partie de son développement, soit dans ses propriétés territoriales, soit dans ses édifices, soit dans ses écoles, jusque dans ses rues, ses routes et ses canaux d’irrigation. »
C’est donc avec raison qu'on a donné, dans ces dernières années, les noms glorieux de Saint-Grat et de Révol à deux des principales rues de ce quartier, et conservé à la rue du séminaire le nom de l'abbé Adoue, restaurateur de ce bel édifice.
Une loi du 18 mai 1858 a réuni les deux villes d’Oloron et de Sainte-Marie sous le nom d'Oloron-Sainte-Marie.
Depuis cette réunion, la ville a consacré des sommes relativement considérables, eu égard à l'importance de son budget, à la réparation de la cathédrale et de Sainte-Croix. Le bâtiment de l'ancien évêché, appartenant à l'administration hospitalière et dont l'état de destruction affligeait les regards, a été également restauré.
Enfin, un embranchement de chemin de fer, achevé ces derniers temps, relie aujourd'hui Oloron à Pau et à la ligne de Toulouse à Bayonne.
Sources
- Paul Lafond, Oloron Sainte-Marie, Eaux fortes et dessins, Librairie de l'Art, PARIS, 1883
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