e fort du Portalet appelé aussi le Fort d'Urdos, est un fort de montagne dans le massif des Basses Pyrénées, situé sur le département français aujourd'hui des Pyrénées-Atlantiques sur les communes d'Etsaut et de Borce.
Construit à l'endroit le plus étroit de la vallée dans la falaise dominant le gave, d'Aspe il fait face au chemin de la Mâture et était conçu pour empêcher l'invasion du territoire français depuis l'Espagne, c'est à l’origine un poste de péage commercial : le (fortin du Poutou) ou (petit portail). Construit au Moyen Age, ce poste de péage perdurera jusqu’à la Révolution de 1789.
Il ne connut cependant jamais l'épreuve du feu. Sa notoriété provient du fait qu'il servit de prison politique durant la 2e Guerre mondiale. Il servira de lieu de détention pour des personnalités politiques sous le régime de Vichy puis brièvement, après guerre, pour le maréchal Pétain.
Le 24 juin 1471, le vicomte Gaston IV de Foix octroya à la ville d'Oloron-Sainte-Marie le droit de percevoir un péage en vallée d'Aspe. Pour récolter ce péage, le fortin du Poutou fut construit en aval du fort actuel. Ce péage avait été instauré en représailles à celui de Canfranc établi par le roi d'Aragon. Les droits perçus étaient destinés à la réparation et à l'entretien des murailles, des chemins, des rues et de la police d'Oloron-Sainte-Marie. En 1676, pour conserver les bénéfices du péage, la ville d'Oloron-Sainte-Marie dut assurer l'entretien de la route du Somport. Ce poste de péage était dénommé Portalet. (petit portail)
Le 5 juillet 1756, à la suite de nombreuses plaintes des Aspois concernant le manque d'entretien de la route, un arrêté du roi retira à la ville d'Oloron-Sainte-Marie le bénéfice du péage qui fut dorénavant perçu par les services de l'intendant de province. La ville fut également condamnée à une lourde amende. Une des conséquences de ce transfert fut l'abandon du fortin du Poutou. En 1789, le péage fut aboli, mais le fortin fut rétabli comme fort militaire. De 1793 à 1794, durant la première guerre d'Espagne, il fut suffisamment dissuasif pour forcer les Espagnols à emprunter les petits sentiers de montagne pour passer à l'attaque d'Oloron-Sainte-Marie (voir la bataille de Lescun). Durant la deuxième guerre d'Espagne (1808 à 1814), Napoléon 1er envisagea l'élargissement du défilé du Portalet.
Le projet fut abandonné lorsque l'ingénieur Lefrancq conclut que cela rendrait la défense du défilé très difficile. Le fortin du Poutou servit une dernière fois en 1821 comme campement aux troupes assurant le cordon sanitaire lors de l'épidémie de fièvre jaune en Espagne.
Aujourd'hui, il ne reste que quelques murs en ruine au bord de la route en aval du fort du Portalet.
Le 22 juillet 1842, le roi Louis Philippe 1er ordonna la construction d'un fort, il remplace alors l'ancien poste situé au bord de la route impériale, 100 m au nord afin de protéger la frontière des Pyrénées et de neutraliser la route du Somport en cas d’invasion espagnole. Les Espagnols feront de même en érigeant le fort du Coll de Ladrones à quelques kilomètres au sud. Le gros œuvre ne fut achevé qu'en 1860 et les finitions en 1870. La durée des travaux s'explique par la difficulté du terrain et par de nombreux litiges opposant l'état aux trois communes propriétaires des terrains.
En novembre 1871, un détachement du 18e régiment d'infanterie de Pau prit ses quartiers dans le fort. Il dut faire face à quelques incursions de bandes armées pendant la dernière guerre carliste en 1830. Le lieutenant Schmuckel, en garnison au fort en 1898, y rédigea un livre sur l'histoire militaire en vallée d'Aspe et la bataille de Lescun. Entre 1905 et 1906, le soldat Léger, plus connu sous son nom d'écrivain, Saint John Perse, fit plusieurs séjours au fort. Durant la 1ere Guerre mondiale, le fort ne fut tenu que par quelques gardes territoriaux et en 1925 l'armée le déserta. Elle le louera comme centre de colonie de vacances de 1925 à 1939 aux cadets de Notre-Dame de Bordeaux. La première année, 80 cadets, dirigés par l'abbé Rapin, archiprêtre de Bazas, y séjournèrent. Par la suite, la colonie fut dirigée par le chanoine Bex et les futurs cardinaux Guyot et Martin. Elle accueillit des cadets de 12 à 22 ans, dont les excursions en montagne furent dirigées par l'abbé Usaurou d'Urdos.
De 1941 à 1942, le fort servit de prison (cellules de 4 m sur 2,50 m) pour les responsables de la défaite de 1940 à la suite du procès de Riom.
Ils s'agissaient de Léon Blum (1872-1950), déporté à Buchenwald d'Édouard Daladier (1884-1970), déporté en Allemagne de 1943 à 1945, du général Maurice Gamelin (1872-1958), déporté en Allemagne de 1943 à 1945, de Georges Mandel (1885-1944), abattu par la milice en 1944 et de Paul Reynaud (1876-1966), déporté en Allemagne de 1942 à 1945.
Les familles de ces prisonniers résidaient à l'auberge Beilhes à Urdos. Ils avaient droit à une heure de visite chaque jour et l'abbé Usaurou, curé d'Urdos, leur disait la messe chaque dimanche. Le coiffeur de Bedous, Jean Gouadain, assurait le bien-être de leur chevelure ainsi que de celle des 40 gardiens et du gouverneur du fort. Après la suppression de la zone libre, les Allemands prirent possession du fort en 1942. Le 24 août 1944, un groupe de résistants, dirigé par l'instituteur Jean Dutech et René Lassus, libère le fort en obtenant la reddition des cinq soldats allemands s’y trouvant.
Le maréchal Philippe Pétain fut interné dans la cellule n°5 du fort le 15 août 1945. Il y recevra la visite journalière de sa femme. Les autres visiteurs autorisés furent ses avocats, l'abbé Usaurou et le coiffeur de Bedous.
Le maréchal déclara au cours de son séjour : "notre installation est lamentable, si je l'avais connue comme je la vois maintenant, je n'y aurais pas envoyé mes pires ennemis" (il y envoya les tenus pour coupables du procès de Riom).
Le 13 novembre 1945, le maréchal quitta le fort du Portalet pour le fort de la Pierre Levée sur l’île d’Yeux où il décéda en 1951.
Le 18e RI quitta le fort, définitivement, en 1952. L'armée le déclassa en 1962 et il fut vendu aux enchères en 1966.
Il fut acquis par Mme Jacqueline Fraiman pour la somme de 171000 francs de l'époque. Ses projets immobiliers ne virent cependant jamais le jour.
Le fort fut acquis par la communauté des communes de la vallée d'Aspe en 1999 qui y fera des travaux de restauration de 2004 à 2009.
Classé Monument historique en 2005.
Le fort est accessible au travers d'un pont à deux arches centrées sur le Gave d' Aspe et un chemin long de 660 m qui serpente le long du flanc ouest de la montagne. Ce chemin, qui est soutenu par des murs en pierre sèche, forme cinq virages en épingle à cheveux pour arriver sur le pont d'entrée qui enjambe la petite ravine. Le fort présente trois ensembles de bâtiments. Après le pont d'entrée se trouvent le corps de garde et le logement du gouverneur. À la suite de ces bâtiments se trouve la cour qui donne à gauche sur le magasin à poudre (capacité de 10 tonnes) et à droite sur la terrasse de la caserne. Celle-ci est accrochée à la falaise et comporte deux niveaux de chambrées pour la troupe. Sous la caserne, un troisième niveau était destiné au logement des officiers.
Les parties défensives du fort sont constituées, en partie supérieure, par un fortin à trois bastions et, en partie basse, par deux batteries creusées dans le rocher. Le fortin supérieur est séparé de la montagne au nord-est et au sud par un fossé dénommé la grande ravine. Le côté ouest du fortin comprend un chemin de ronde permettant de prendre sous le feu de fusil l'ensemble du chemin d'accès. La petite ravine bénéficie également d'une galerie de flanquement pour sa défense. Les deux batteries basses tenaient le défilé du Gave d'Aspe sous le feu de leurs canons. Les différents bâtiments étaient reliés entre eux par des galeries creusées dans le rocher. L'ensemble des bâtiments a une superficie de 2260 m2 et les galeries 700 m2. Le fort occupe une surface de 21 ha et 33 ares.
Le fort a été conçu pour une garnison en temps de paix de 260 hommes. En temps de guerre, il pouvait abriter 400 hommes. Selon le commandant Sabatier en 1859, le fort devait être capable de résister durant 20 jours à un siège exécuté par 3000 hommes. À cette époque, son armement était constitué de dix canons et obusiers complétés par trois mortiers. En 1910, le fort était armé de quatre canons de 90 et de trois mortiers de 15. En cas de mobilisation, il était prévu de l'équiper de six canons supplémentaires.
Sources
- Office tourisme 64 / lieuxinsolitesenfrance / Wikipédia
- Photos, collection particulière, Wikipédia
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